Sanga Aboubacar, secrétaire exécutif du collectif Wékré : « Nous voulons bénéficier de l’expérience de la Côte d’Ivoire »

SANGA ABOUBAKAR SG Wékré
SANGA ABOUBAKAR SG Wékré
SANGA ABOUBAKAR SG Wékré

Sanga Aboubacar, secrétaire exécutif du collectif Wékré : « Nous voulons bénéficier de l’expérience de la Côte d’Ivoire »

Le 29/08/23 à 15:38
modifié 29/08/23 à 16:27
A d'Abidjan dans le cadre des préparatifs de la 4e édition du Wékré festival prévu du 6 au 12 novembre, l'initiateur a donné les grandes lignes de ce rendez-vous qui met sur un piédestal Mathilde Moro, figure emblématique du monde des arts en Côte d'Ivoire.
Vous êtes à Abidjan dans le cadre des préparatifs de la 4e édition de votre événement. Dites-nous ce qu’est le collectif Wékré.

Le collectif Wékré est une association de jeunes burkinabè de compétences diverses qui exercent dans la communication, dans l’événementiel et bien d’autres domaines. Des jeunes qui ont choisi de mettre leurs compétences à la disposition du secteur des arts plastiques.

C’est une équipe avec laquelle je travaille pour organiser cette structure reconnue par l’État. C’est une association concernant uniquement le domaine des arts plastiques. Nous avons choisi ce secteur parce que c’est ce domaine qui a, selon nous, le plus besoin d’organisation. Dans ce cadre, le collectif Wékré organise deux événements dont l’événement phare est « Le Marché d’art contemporain de Ouaga » dénommé Wékré festival.

Nous procédons par appel à candidatures ouvert aux artistes de tous les pays du continent africain et de la diaspora. Notre souhait est que cette édition enregistre 70% de femmes du domaine des arts plastiques. Nous souhaitons également que la Côte d’Ivoire y soit bien représentée. Cela peut, selon nous, être un message fort de solidarité de ces deux pays frères. La première édition organisée en 2020 avait été faite uniquement avec des artistes nationaux. A la deuxième édition, nous avons pu recevoir des artistes d’une vingtaine de pays invités. La troisième édition a enregistré la participation de personnalités de la Côte d’Ivoire telles que Mimi Errol et Célestin Koffi qui ont apporté leur contribution au développement de cet événement.

WEKRE
WEKRE

Quelle sera la particularité de ce rendez-vous culturel prévu du 6 au 12 novembre ?

La 4e édition du Marché d’Art contemporain de Ouaga encore appelé Wékré festival se tiendra effectivement du 6 au 12 novembre. Et vous savez qu’en Afrique l’on dédie généralement le chiffre 4 à la femme. Nous avons donc consacré l’édition 2023 à la femme artiste et autres professionnelles du domaine (critiques d’art, galeristes, commissaires d’exposition). Nous voulons promouvoir la trajectoire des femmes qui ont tracé des sillons dans ce domaine. Toutes ces réflexions ont abouti au choix de Mathilde Moro, directrice de l’École des beaux-arts d’Abidjan qui est une forte personnalité de notre domaine.

Nous l’avons voulu ainsi pour bénéficier également de l’expérience de la Côte d’Ivoire. Ce pays frère qui pour nous est en avance dans le domaine des arts plastiques. La Côte d’Ivoire s’est dotée d’un institut supérieur des arts et c’est un pas de géant posé dans notre domaine.

Nous avons chez nous de nombreux artistes autodidactes et reconnaissons que la formation est également essentielle dans ce domaine. Il s’agissait donc pour nous de faire un tour en Côte d’Ivoire dans le cadre des préparatifs de la 4e édition de Wékré, mais aussi pour penser à quel accompagnement nous pouvons avoir pour avancer dans le sens de la mise en place d’une école des beaux-arts ou à la mise en place d’un conservatoire en vue de contribuer à la formation.

Dès notre arrivée en Côte d’Ivoire, nous avons rencontré le directeur des arts plastiques du ministère de la Culture et de la Francophonie, Henri N’Koumo. C’est un pas de réalisé mais beaucoup reste encore à faire et ensemble nous œuvrons pour que notre vision soit portée à un niveau supérieur de sa hiérarchie. De façon générale, les échanges ont été fructueux.

L’autre particularité est que ce rendez-vous culturel se tient dans une forêt située en plein cœur de la ville !

Effectivement, l’autre particularité est que nous voulons rapprocher l’art du public. Nous ne serons donc pas dans une galerie d’art ni dans un autre espace fermé. Wékré 2023 se tiendra au cœur de la grande forêt de Ouaga. Il s’agit de près de 700 hectares de forêt où environ 70 artistes de différentes nationalités aménageront avec environ 3 œuvres chacun. Nous voulons un genre de foire à laquelle des seniors prendront part pour apporter leurs expériences mais c’est surtout les jeunes artistes émergents que nous mettons en avant, pour donner aux galeristes l’occasion de les repérer.

Le Burkina Faso compte déjà de nombreux artistes de renom !

Nous avons effectivement des personnalités telles que Ki Siriki et Christophe Sawadogo. Nous avons bien sûr de grands artistes peintres mais comme vous le savez, chaque pays choisit une direction artistique. Au Burkina Faso, l’accent est mis sur le 7e art. Le pays est reconnu comme celui du cinéma africain. Mais ce n’est pas pour autant que les autres disciplines doivent être négligées, car elles apportent quelque chose au développement du pays.

Notre structure organise deux événements dont l’événement phare est, bien sûr, le Marché d’art contemporain de Ouaga dénommé Wékré. Wékré en langue moré signifie éclosion. C’est un marché d’art qui se déroule chaque année et qui a la particularité de réunir toutes les disciplines artistiques en arts visuels : peinture, sculpture, photographie, design, installations et autres.

A côté de Wékré, nous organisons la biennale des arts visuels de Bobo-Dioulasso, dénommée Yiriwa en malinké qui signifie émergence. Nous avons initié cette rencontre car quand on parle de création au Burkina Faso, l’on pense à Bobo-Dioulasso. Ouagadougou est bien la capitale politique du Burkina Faso, mais en termes de création artistique, la ville de Bobo-Dioulasso est très présente.

Le festival Wékré n’est-il pas une forme de survie des « Grapholies », ce rendez-vous des arts plastiques né et mort en Côte d’Ivoire ?

Peut-être ! Mais dans la sous-région, l’on peut compter les événements majeurs dans le domaine des arts plastiques. Nous avons la biennale des arts de Dakar (Dak’art). Nous avons aussi Ségou’Art au Mali. Je pense que « les Grapholies », c’est un rendez-vous qui peut revenir un jour, pourquoi pas ? Il y a régulièrement des événements dans ce domaine en Côte d’Ivoire. Avec le parc des expositions récemment inauguré, je pense que l’ambition est là et que ce monde est très bouillant en Côte d’Ivoire

entretien réalisé par



Le 29/08/23 à 15:38
modifié 29/08/23 à 16:27