Pour un monde digital inclusif: 1 500 milliards de dollars de pertes dans le monde en développement, si rien n’est fait

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Pour un monde digital inclusif: 1 500 milliards de dollars de pertes dans le monde en développement, si rien n’est fait

Le 05/08/23 à 21:56
modifié 05/08/23 à 21:56


Comment favoriser la mixité dans le numérique ? Si la question se pose en ce mois de mars 2023, c’est que l’heure est grave. Pratiquement partout dans le monde, en Europe comme en Afrique ou en Amérique et en Asie, les statistiques montrent une sous-représentation des femmes dans le secteur du numérique, tout en soulignant les dangers qu’induit une telle situation. Non seulement elle représente une régression sociétale porteuse d’inégalités, mais encore, elle a un coût économique important. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Organisation des Nations unies à travers son organisme spécialisé, ONU Femmes a choisi comme thème de la journée internationale des droits de la femme (JIF)2023 : « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes». En Côte d’Ivoire, le gouvernement l’a décliné comme suit : « Innovation technologique et digitale : leviers pour l’inclusion sociale et économique des femmes et des jeunes filles en Côte d’Ivoire ».

Aujourd’hui, le secteur numérique est l’un des moteurs de l’économie, avec des entreprises qui connaissent des croissances importantes et transforment la société. Selon les projections, c’est le secteur qui générera le plus de nouveaux emplois dans les années à venir : l’emploi dans le numérique progresse 2,5 fois plus vite que dans les autres secteurs. En exclure les femmes est dommageable, car cela les priverait d’opportunités d’emploi dans un secteur en forte croissance, aux statuts plus stables, aux perspectives de carrières prestigieuses et fortement rémunérées. De même, souligne la commission européenne, si les femmes occupaient autant d’emplois que les hommes dans le numérique, il s’ensuivrait un gain d’environ 9 milliards d’euros par an pour le PIB européen.

Quant à la France, la parité dans le numérique générerait 10% de PIB supplémentaire d’ici à 2025 selon une étude du cabinet conseil international, McKinsey.

La JIF de 2023, célébrée dans le monde cette année à partir du siège des Nations unies à New York où se tient la 67ème session de la commission sur la condition de la femme, explorer l’impact de l’écart entre les sexes dans le numérique sur l’élargissement des inégalités économiques et sociales. La rencontre insiste également sur la nécessité de protéger les droits des femmes et des filles dans les espaces numériques et de s’attaquer à la violence basée sur le genre en ligne et facilitée par les TIC.

A l’ère numérique, les femmes et les filles reléguées loin derrière...

À mesure que notre vie quotidienne se numérise, et de plus en plus vite, les disparités entre les sexes sur le plan numérique menacent de reléguer les femmes et les filles encore plus loin derrière, s’alarme Onu Femmes. Or, même si les efforts visant à combler ces disparités ont conduit à une réduction de la brèche paritaire, la différence en chiffres absolus entre le nombre d’hommes et de femmes actifs en ligne a en fait augmenté de 20 millions depuis 2019. Aujourd’hui, 63 % des femmes ont accès à Internet, contre 69 % des hommes. Et les femmes ont 12 % de chances en moins de posséder un téléphone portable, un chiffre pratiquement inchangé depuis la période prépandémique, note encore l’organisation. Qui esquisse des solutions : « les gouvernements doivent investir dans des programmes et des initiatives s’appuyant sur des données probantes. Subventionner les téléphones intelligents et les ordinateurs portables pour les femmes et les filles et encourager l’offre d’abonnements à bas prix (pour les données) peut être un début pour surmonter les obstacles à l’accès liés au genre. Il en va de même pour les programmes d’initiation au numérique, qui peuvent aider les femmes et les filles à acquérir les compétences dont elles ont besoin pour se connecter, diriger et façonner avec succès l’espace numérique ».

L’organisation exhorte aussi à pousser davantage de filles et de jeunes femmes vers les filières STEM (Sciences, technologies, engineering et mathématiques où elles restent sous-représentées. En effet, elles ne représentant que 28 % des diplômés en ingénierie, 22 % des employés dans la filière Intelligence artificielle et moins d’un tiers des effectifs du secteur technologique dans le monde. Sans une présence accrue des femmes dans ces domaines, leur part dans le développement des technologies, de la recherche, des investissements et des politiques restera extrêmement limitée. Des problèmes similaires sont observés pour ce qui est de leur accès à des carrières à croissance rapide et bien rémunérées – où les inégalités sont aggravées par le fait que, à mesure que l’innovation technologique et numérique bouleverse les industries, les femmes seront les premières à perdre leur emploi.

Un manque d’inclusion aux répercussions énormes

A en croire ONU Femmes, la participation des femmes et d’autres groupes marginalisés dans le secteur des technologies se traduit par des solutions plus créatives et offre un plus grand potentiel d’innovations qui répondent aux besoins des femmes et promeuvent l’égalité des sexes. Leur manque d’inclusion, en revanche, a des répercussions financières énormes : selon le rapport Gros plan sur l’égalité des sexes 2022 d’ONU Femmes, l’exclusion des femmes du monde numérique a réduit de 1 000 milliards de dollars le produit intérieur brut des pays à revenu faible et intermédiaire au cours de la dernière décennie, une perte qui atteindra 1 500 milliards de dollars d’ici 2025 si rien n’est fait.

Pour inverser cette tendance, l’organisation estime qu’il faudra s’attaquer au problème de la violence en ligne, dont une étude portant sur 51 pays a révélé que 38 pour cent des femmes avaient personnellement été victimes.

« La violence en ligne (comme toutes les formes de violence fondées sur le genre) est trop peu dénoncée, puisque seulement 1 femme sur 4 signale des actes inappropriés sur la plateforme où ils sont commis, et une proportion plus faible encore (14 %) les rapporte à une autorité responsable de la protection. Tout cela pour dire qu’il est urgent d’agir ».


Le 05/08/23 à 21:56
modifié 05/08/23 à 21:56