Banditisme : Quand la machette fait la loi dans nos rues

Banditisme : Quand la machette fait la loi dans nos rues. (Ph: TK)
Banditisme : Quand la machette fait la loi dans nos rues. (Ph: TK)
Banditisme : Quand la machette fait la loi dans nos rues. (Ph: TK)

Banditisme : Quand la machette fait la loi dans nos rues

Ce genre de banditisme, en Afrique, passait pour une spécialité congolaise ; kinoise plus précisément.

Des gangs de gamins, par groupe de 10 à 30 personnes, visages poupins, armés de haches, machettes, canifs, gourdins, tessons de bouteille, barres de fer et, plus rarement, d’armes à feu, qui s’abattent comme des criquets pèlerins sur tout individu pour lui arracher son portefeuille ou tout autre bien en sa possession. On les appelle les « Kuluna » (prononcer Koulouna) en Rd Congo.

Désormais, ce gangstérisme sévit en Côte d’Ivoire, à Abidjan, dans les communes d’Adjamé, Abobo et Attécoubé et le phénomène est en passe de gagner les communes voisines. Avec de petits grands brigands extrêmement violents, opérant en pleine journée, à visages découverts, sans états d’âme et sans crainte d’une intervention ou d’une dénonciation de témoins gênants.

Ils ont déjà tué pour un billet attaché au bout d’un pagne ; ils ont déjà laissé pour mort pour un bijou en pacotille; ils ont déjà grièvement blessé pour un téléphone portable; ils sèment, partout où ils passent, la terreur. Et l’horreur.

Fondant sur de paisibles citoyens comme des insectes ravageurs, ils se baptisent eux-mêmes microbes, ‘’vonvon’’ (onomatopée imitant l’envol de l’insecte), abeilles, et sont plus nuisibles que les bestioles dont ils s’affublent les noms.

Ils opèrent, pour emprunter leur propre expression, des rafles, c’est-à-dire qu’ils envahissent le lieu choisi pour leurs crimes et s’attaquent à toutes les personnes qui s’y trouvent. Ils ne vous intimeront pas l’ordre de donner ce que vous avez.

Ils vous tailladeront à la machette ou vous blesseront avec un tesson de bouteille ou encore vous assommeront avec un gourdin, pour ensuite prendre ce qu’ils estiment leur revenir de droit, parce que c’est cela la loi de la machette.

Ces jeunes, visiblement sous l’emprise de la drogue, ne logent pas tous dans la rue. Certains habitent chez leurs parents. Au fléau de la cybercriminalité dans lequel notre jeunesse excelle, il faut ajouter maintenant celui des gangs à la machette.

Les uns détruisent des vies par des arnaques et des chantages, les autres tuent et sèment la psychose, rien qu’à l’évocation de leur nom.

Les pianistes (nouveau sobriquet des brouteurs qui pianotent le clavier de l’ordinateur, du téléphone, de la tablette) n’hésitent plus à recourir aux sacrifices humains sur l’instigation d’un charlatan, pour pouvoir envoûter leurs victimes et s’accaparer ainsi de leurs biens.

Les ‘’microbes’’ également ne se posent pas de question quand ils utilisent les objets contondants pour vous désarçonner, avant de vous délester du plus petit objet que vous avez sur vous. Nos enfants, quand ils observent leur quotidien, voient, sur des unes de journaux, des fieffés criminels se bomber un torse déjà volumineux du poids de leurs forfaits.

Même en prison, la star mania continue à travers le relais des canards. Tel bagnard est exhibé comme le seigneur d’une maison de correction et toutes ses frasques animent la chronique, au quotidien, avec une délectation perverse.

Et même après les atrocités que nous avons connues durant la crise post-électorale, il n’est pas rare d’entendre proposer une prime à l’impunité, au nom, dit-on, de la paix et la réconciliation.

Oumou D.