CONDUCTRICE
Mariam Silué, 25 ans: dans l'univers d'une conductrice de corbillard »
Samedi 17 juin, dans la cour de la morgue du Chu de Yopougon. Les visages affligés par la douleur du décès d’un proche. Des pleurs. Des causeries entre de petits groupes de famille, en attendant certainement tour à tour la levée du corps de leur proche défunt.
Dans cette ambiance plutôt triste, des véhicules font leur entrée et sortie de la cour. Des corbillards aussi. Un véhicule, un corbillard va particulièrement attiser notre curiosité, non pas par son aspect général, mais surtout par le fait qu’une femme soit au volant.
Elle fait sa manœuvre pour se garer auprès des autres corbillards. Elle descend du véhicule et se dirige vers l’administration de la morgue pour signaler sa présence.
Mariam Silué, elle se nomme. Peut-on l’approcher et lui parler ? Est-elle apprentie ou mécanicienne de véhicule ? Que fait-elle dans ce type de véhicule ? Autant d’interrogations qui ne peuvent trouver de réponses qu’en ayant le courage de l’approcher.
A sa sortie des bureaux de la morgue, elle se redirige vers son véhicule. « Bonjour madame, pouvez-vous m’accorder une minute ? ».
La réponse à la salutation avec un sourire rassure. Et la causerie est engagée tout en marchant vers son véhicule. « Je me nomme Mariam Silué, je suis effectivement conductrice de ce corbillard, la seule pour le moment en Côte d’Ivoire. Je suis employée d’un privé et non de Ivosep, on travaille ensemble avec toutes les pompes funèbres. Je vais partout où on me demande de partir », explique-t-elle très décontractée.
A sa sortie des bureaux de la morgue, elle se redirige vers son véhicule. « Bonjour madame, pouvez-vous m’accorder une minute ? ».
La réponse à la salutation avec un sourire rassure. Et la causerie est engagée tout en marchant vers son véhicule. « Je me nomme Mariam Silué, je suis effectivement conductrice de ce corbillard, la seule pour le moment en Côte d’Ivoire. Je suis employée d’un privé et non de Ivosep, on travaille ensemble avec toutes les pompes funèbres. Je vais partout où on me demande de partir », explique-t-elle très décontractée.
Une femme qui transporte les cadavres ? Comment est-ce possible ?
C’est curieux ! Mais non. Mariam Silué n’y trouve rien d’anormal. « La conduite de corbillard me plaît depuis toujours, donc je n’ai pas hésité à chercher à m’insérer dans ce secteur quand j’ai eu mon permis de conduire », soutient-elle.
C’est curieux ! Mais non. Mariam Silué n’y trouve rien d’anormal. « La conduite de corbillard me plaît depuis toujours, donc je n’ai pas hésité à chercher à m’insérer dans ce secteur quand j’ai eu mon permis de conduire », soutient-elle.
Enlèvement de corps pour commencer...
Née à Napié et résidant à Anyama, Mariam Silué a arrêté l’école en classe de Cm2. Les raisons, elle se garde de les dévoiler. Mais elle a commencé très tôt à prendre son destin en main avec un penchant vers les métiers de la mort.
Le parcours n’est pas linéaire. Mais avec la passion pour les métiers de la mort, Mlle Silué réussit à intégrer le réseau par de petits contrats d’enlèvement de corps avec l’aide des communément appelés ‘’morguiers’’ ( les thanatopracteurs, ceux qui prennent soin des personnes décédées pour ralentir la décomposition des corps et le développement des odeurs désagréables).
« Je n’ai pas commencé directement la conduite de corbillard. J’étais déjà dans l’environnement des "morguiers". Je les aidais à enlever les corps à l’hôpital. Et puis un jour, par manque de chauffeur, on m’a demandé d’aller faire un enterrement. En route, les patrons ont appelé pour me faire accompagner d’un plus ancien chauffeur que moi. Ils ont estimé que c’était la première fois que je prenais le volant d’un corbillard. C’était mon baptême de feu. Dieu merci, tout s’est bien passé ce jour-là. Par la suite, on m’a laissé transporter seule les corps, soit pour aller au domicile du défunt soit à l’enterrement », raconte Mariam Silué.
Les pseudos dialogues ou relations qui existeraient entre les morts et les chauffeurs de corbillard, ne sont que des idées reçues, selon Mariam Silué. Pour la simple raison qu’elle n’a pas encore eu cette expérience. « Je n’ai pas peur. Le corbillard, chargé ou pas est comme tout autre véhicule. Tous ceux qui ont le permis de conduire et qui maîtrisent le volant peuvent conduire un corbillard sans problème », rassure-t-elle.
Seulement, Mariam Silué ressent de la pitié pour les parents qui sont dans la détresse. « Au volant de mon véhicule, j’éprouve de la pitié pour les parents qui pleurent leur proche. Mais je me ressaisis et je continue la route, car je me dis la mort relève de Dieu et je m’en remets à lui et tout se passe bien. Je vais déposer le corps du défunt puis je reviens à ma base sans aucun problème », ajoute-elle.
Quelques petits soucis, mais pas découragée
Des soucis, Mariam en a eu de sa petite expérience de conductrice de corbillard. Les risques du métier, doit-on dire. Le premier couac, Mariam revient d’une mission avec le rétroviseur du véhicule brisé. Elle écope d’une mise à pied. Mais elle ne se décourage pas. Elle met à profit cet arrêt de travail pour prospecter ailleurs en vue de se trouver un petit contrat ou carrément un autre point de chute. « J’ai eu quelques problèmes avec mon ancien patron. Parce qu’un jour je suis rentrée de mission avec un petit bobo sur le véhicule.
On m’a donné une mise à pied. Je suis restée longtemps à la maison sans rien faire. Néanmoins, j’essayais de chercher autour de moi un boulot toujours dans les pompes funèbres. Et j’ai finalement été acceptée par mon patron actuel », explique-t-elle. Chez son deuxième patron depuis six mois, Mariam Silué marque son terrain et s’entend bien avec ses devanciers hommes qui l’encouragent quotidiennement. « Je n’ai aucun problème avec les hommes que j’ai trouvés dans le métier. Bien au contraire, ils m’apprécient bien, me donnent des conseils et m’encouragent tous les jours », professe la seule ivoirienne conductrice de corbillard, pour le moment.