L'éditorial d'Adama Koné : Fête des Pères...

La fête des pères a été royalement ignorée. (Ph: Dr)
La fête des pères a été royalement ignorée. (Ph: Dr)
La fête des pères a été royalement ignorée. (Ph: Dr)

L'éditorial d'Adama Koné : Fête des Pères...

Le 21/06/23 à 15:58
modifié 21/06/23 à 15:58
Ce dimanche, tout est calme dans la capitale économique, Abidjan. Depuis quatre jours, il n’a pas plu sérieusement. Seulement quelques gouttes par endroits.

La veille, samedi, le temps invitait même à une balade ensoleillée, pourquoi pas en bordure de mer. En tout cas, une fin de semaine climatiquement parfaite. Un climat favorable à la fête. Et pourtant ! Combien d’hommes se sont réveillés, dimanche, avec à l’esprit l’idée d’une journée exceptionnelle ?

A ces lignes, pour ceux qui n’ont pas encore compris, le dimanche 18 juin 2023 était le jour de la fête des Pères. La journée de la célébration des papas, comme il en existe pour les mamans.

La fête des Pères ? Une célébration qui date du XVe siècle. Elle consistait à rendre hommage au père nourricier de Jésus, Saint- Joseph. Initialement fête religieuse donc, sa date est fixée au 19 mars (certains pays fortement religieux gardent cette date) par le calendrier catholique. Mais c’est au XIXe siècle que la tradition se développe. Elle sombre, par la suite, au début du XXe siècle.

Seulement en 1950, un directeur d’une société de fabrique de briquets à gaz, Marcel Quercia, est à la recherche d’une idée de vente en masse. Surtout que le mois de juin était une période commercialement creuse.

Pour relever ses ventes, il lance une vaste campagne de promotion. Elle cible bien évidemment les papas à qui il est demandé d’offrir un briquet à gaz. Un coup de maître qui relance et pérennise la fête des Pères. Elle devient, dans tout l’Hexagone, une fête commerciale.

Malheureusement, le dimanche 18 juin 2023, la flamme du briquet a eu une lueur bien pâle sur les bords de la lagune Ébrié. Dans la ville, aucun mouvement ne donnait cette impression de célébration. C’est vrai que c’est un jour de culte. Mais à 11h30, toujours un calme ordinaire.

Dans les rues, pas de grandes affiches comme on en voit pour la Saint-Valentin ou encore... pour la fête des Mères. Toute la semaine, le décor était le même. Dans les lieux de commerce, les grandes surfaces, les magasins de tissus, les boutiques de vêtements, de montres, de chaussures, d’accessoires divers, ce n’était pas la grande affluence.

Les commerçants semblaient avoir baissé les bras. Eux qui, d’ordinaire, profitent de chaque occasion pour faire de bonnes affaires. Presque aucune promotion dans les rayons de supermarchés.

Pas de tables spéciales pour les familles dans les restaurants. Pas d’offres spéciales de divers biens et services. En un mot, la fête des Pères est passée pratiquement inaperçue cette année.

Les causes ? Les hommes eux-mêmes. Beaucoup estiment être suffisamment préoccupés par les charges du quotidien. Leur fonction de papa implique un certain charisme, une notoriété, souvent même un orgueil qu’ils se gardent de démystifier. Ils ne font pas la promotion de cette fête.

Mais ils n’en sont pas pour autant moins sensibles aux marques d’attention. Eux qui sont « au front », à la recherche de la pitance quotidienne. Eux qui doivent retenir leurs larmes pour faire face à la réalité en cas de décès. Eux qui répondent des responsabilités familiales quand c’est nécessaire. Eux qui doivent retrousser leurs manches face à l’adversité sociale.

Pour eux, il revient aux femmes, bien plus sensibles aux cérémonies festives de les magnifier. Elles ont d’ailleurs réussi à faire de bien des fêtes des succès.

D’abord, la fête des Mères dans laquelle elles entraînent joyeusement les hommes dans les dépenses. Ensuite, la Journée internationale des droits de la femme, la Saint-Valentin, beaucoup plus féminine que masculine. Enfin, on peut ajouter les anniversaires et les fêtes de fin d’année que les femmes ont réussi à valoriser. Pour tout dire, elles ont pratiquement « privatisé » toutes les fêtes.

Et leur expertise en la matière pourrait servir et donner un relatif éclat à celle des Pères. Seraient-elles à court d’idées ? Certains pensent que, ayant donné suffisamment de tee-shirts, débardeurs et culottes lors de la Saint-Valentin, les femmes ne savent plus quoi offrir le troisième dimanche du mois de juin.

Alors qu’elles ont le secret de la réussite d’une célébration. En réalité, ce que femme veut...commerçant veut. Les couturiers dames, les vendeurs d’articles féminins, de mèches, de chaussures, de faux ongles, de vernis l’ont si bien compris.

La musique n’échappe pas à cette réalité. Les chansons touchant les femmes sont les plus populaires. La femme est un bon vecteur commercial.

Aujourd’hui, certains hommes n’hésitent pas à souhaiter la suppression de la fête des Pères. Tellement ça fait pitié. Dimanche, c’est avec l’humour légendaire des Ivoiriens que les papas se consolaient en se souhaitant bonne fête. Peut-être, une piste serait de repenser le concept.

Promouvoir une fête des parents à la place de la fête des Mères et de celle des Pères. Histoire de mettre tout le monde sur le même pied.

Pour le moment, chers pères, restez dignes. L’amour de l’enfant et de la mère pour le père se manifeste souvent dans la discrétion, sans bruit, mais puissamment. Amour et paix dans chaque foyer.


Le 21/06/23 à 15:58
modifié 21/06/23 à 15:58