Gare lagunaire d’Abobo-doumé. Il est un peu plus de 7 heures ce 16 juin. La file au niveau de la compagnie Société des transports lagunaire (Stl) est longue mais avance vu la fréquence des bateaux-bus. Pareil sur le quai de la compagnie « Aqualines » où des passagers s’installent sans se bousculer à bord d’un bateau à destination du Plateau, centre des affaires.

Ce scénario est fortement salué par Hermann Blé, un jeune usager en année de Bts rencontré dans le bateau. Ce jeune homme d’environ 30 ans n’a pas manqué de traduire sa satisfaction de pouvoir opérer le choix de la compagnie sans pression et en toute sécurité pour se rendre à l’école.

« Depuis la classe de 6^e, j’ai toujours rallié la commune de Treichville dans le cadre de mes études. J’avoue qu’avant, la situation était un peu difficile pour la simple raison qu’il n’y avait qu’une seule compagnie pour se rendre à Treichville. A moins d’opter pour les pinasses à bord desquelles vous risquez votre vie », soutient-il.

En effet, dans le but de soulager les populations, des opérateurs privés, grâce aux concessions du gouvernement, ont lancé en 2017 des compagnies de transport lagunaire.

Ainsi, en mars 2017 la Société de transport lagunaire (Stl) a lancé ses activités avec une dizaine de bateaux-bus. Elle est suivie en 2019 par ceux d’Aqualines de la compagnie Citrans pour un montant global de 32 milliards de FCfa, comme investissement global. Les deux compagnies, avec une trentaine de bateaux-bus cumulés, sillonnent la lagune Ebrié en allant d’Abobo-doumé au Plateau-Treichville-Abatta-Azito, etc.

Tout comme Hermann Blé, Blanche Dakoury, gérante d’un magasin mobile money à Treichville, salue cette belle opportunité que lui offrent les bateaux-bus de se rendre au travail et d’être surtout à l’heure, tous les jours. Mieux, elle a quitté son ancienne habitation de Koumassi pour s’installer à Locodjoro.

« J’ai gagné à plusieurs niveaux. Par exemple, j’ai pu me prendre un appartement moins coûteux que celui de Koumassi où j’habitais. Quant au coût du transport, il reste le même mais, je me lève moins tôt qu’avant », se réjouie-t-elle. Avant de souhaiter, le sourire aux lèvres, que d’autres compagnies s’invitent dans le secteur et que la desserte soit plus diversifiée.

Pour Bénédicte Assalé, vendeuse de poisson au quartier Koweit, elle ne connaît plus de retard dans l’approvisionnement de sa clientèle depuis que le privé a lancé sa flotte sur la lagune ébrié. De son quartier au Port de pêche où elle se ravitaille en poisson, Mme Assalé met deux heures de temps contre 4 heures par le passé.

« Je quitte la maison à 6h pour le bateau-bus au lieu de 4h du matin. La traversée me prend 30 min avec l’enregistrement et l’achat du ticket et autres. Une fois à Treichville, je prends un taxi pour le port. Je récupère mes commandes et je retourne pratiquement dans le même temps », relate-t-elle.

25 000 usagers transportés contre 50 000 visés

Lors de la conférence de presse de lancement de mise en circulation de ses bateaux, à la Maison de la presse d’Abidjan, le directeur commercial et marketing d’Aqualines, Louis Bamba, a indiqué que leurs objectifs à court terme étaient de pouvoir transporter jusqu’à fin 2019, plus de 50 000 passagers par jour et dans les trois ans à venir, c’est-à-dire, en 2022, envisager transporter 140 000 à 150 000 passagers par jour et environ 7 millions de personnes par an.

Pour rappel, le coût du transport est de 300 FCfa la course entre le Plateau et Abobo-doumé et 500 FCfa pour les autres destinations plus longues comme Abobo-doumé - Azito, dans un cadre confortable et climatisé.

Malheureusement les deux compagnies sont loin d’atteindre cet objectif pour des raisons que le responsable des quais du Plateau et d’Abobo-doumé ont refusé de donner. Tout en refusant de décliner son identité, le responsable du quai d’Abobo-doumé déclare qu’à ce jour, la compagnie et leur concurrent Stl transportent 25 000 passagers soit la moitié de l’objectif visé.

Selon le chef de gare d’Abobo-doumé, cette situation est délicate pour les compagnies quand on sait que les prix ont grimpé au niveau du transport terrestre au point où, d’Abobo-doumé au Plateau par exemple, l’usager peut débourser entre 1000 et 1500 FCfa contrairement aux bateaux-bus où l’on paie 500 FCfa au plus.

Pour pallier ce manque à gagner, il souhaite que l’Etat les accompagne en subventionnant une partie de ce manque à gagner afin que les entreprises parviennent à atteindre leurs objectifs.