Femmes dans les assemblées élues: "Il faut des mesures coercitives pour faire respecter le quota de 30%", selon la députée de Koumassi Adjaratou Traoré

Adjaratou Traoré, députée RHDP de Koumassi, se prononce sur le quota de 30% que l'on doit accorder aux femmes. (Ph: Dr)
Adjaratou Traoré, députée RHDP de Koumassi, se prononce sur le quota de 30% que l'on doit accorder aux femmes. (Ph: Dr)
Adjaratou Traoré, députée RHDP de Koumassi, se prononce sur le quota de 30% que l'on doit accorder aux femmes. (Ph: Dr)

Femmes dans les assemblées élues: "Il faut des mesures coercitives pour faire respecter le quota de 30%", selon la députée de Koumassi Adjaratou Traoré

Le 18/06/23 à 15:40
modifié 18/06/23 à 19:42
Dans une interview accordée à fratmat.info, l'honorable Adjaratou Traoré, députée de Koumassi plaide auprès de l'Etat ivoirien pour une prise de mesures coercitives pour garantir l'application de la loi N° 2019-870 du 14 octobre 2019 qui exige un minimum de 30% de femmes parmi les candidats aux élections.
Quel regard portez-vous sur le non-respect du quota de représentativité des femmes dans les assemblées élues fixé par la loi N°2019-870 du 14 octobre 2019 ?

En tant que femme leader politique et députée de Côte d'Ivoire, je prends très au sérieux la question du non-respect de la disposition de la loi N° 2019-870 du 14 octobre 2019 qui exige un minimum de 30% de femmes parmi les candidats aux élections. Malgré le temps écoulé après l'adoption de cette loi, il est regrettable de constater que cette obligation n'est pas pleinement respectée.

Ce texte existe quand même depuis trois ans...

Je suis profondément préoccupée face au non-respect de cette disposition. L'égalité des genres est un principe fondamental qui doit être promu et appliqué activement dans tous les domaines de la société y compris la politique. Le non-respect de cette loi envoie un message négatif quant à l'engagement réel en faveur de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes.

Que devraient faire les partis politiques afin de permettre une forte participation des femmes aux élections, selon vous ?

Pour accroître la participation des femmes aux élections, les partis politiques doivent adopter une politique proactive. Voici quelques mesures qu'ils pourraient mettre en place :

a) Sensibilisation et éducation : Les partis politiques doivent lancer des campagnes de sensibilisation pour promouvoir l'importance de la participation politique des femmes. Il est essentiel de faire comprendre que la diversité de genre est bénéfique pour une société démocratique et inclusive.

b) Formation et renforcement des capacités : Les partis politiques devraient offrir des formations spécifiques aux femmes intéressées par la politique afin de développer leurs compétences en leadership, en gestion de campagne et en communication politique. Cela contribuera à combler l'écart entre les sexes et à créer des opportunités égales pour les femmes.

c) Soutien financier : Les partis politiques devraient garantir un accès équitable aux ressources financières et matérielles pour les femmes candidates. Cela peut inclure des mesures telles que l'allocation de fonds spécifiques aux femmes, la facilitation de l'accès aux ressources de campagne et le soutien logistique.

d) Mentorat et réseautage : Les partis politiques peuvent établir des programmes de mentorat pour les femmes aspirant à la politique en les mettant en relation avec des femmes leaders expérimentées. Le réseautage est également essentiel pour créer des opportunités et des alliances stratégiques.

L'Etat devrait-il prendre des mesures coercitives afin d'obliger les partis politiques à appliquer cette loi ?


Oui, je suis d'avis que l'État devrait prendre des mesures coercitives pour garantir l'application de cette loi. L'égalité des genres est une question de droits fondamentaux et de justice sociale, et il est essentiel que les politiques prennent des mesures concrètes pour la promouvoir. Les sanctions peuvent prendre la forme de pénalités financières ou de mesures restrictives. Telles que l'inéligibilité des partis politiques ne respectant pas les quotas de représentation des femmes. Il est crucial d'envoyer un message clair indiquant que le non-respect de cette loi ne sera pas toléré et que des conséquences seront appliquées.

Cette loi ne semble pas été suffisamment vulgarisée auprès des populations. Que faut-il faire pour y remédier ?

A cet effet, il faut promouvoir une participation politique équilibrée entre les genres. Cela deviendra un impératif que les partis politiques s'engagent activement à respecter la loi qui exige un minimum de 30% de femmes parmi les candidats aux élections. Les mesures mentionnées précédemment, telles que la sensibilisation, la formation, le soutien financier, le mentorat et le réseautage peuvent contribuer à accroître la représentation des femmes dans la politique. Cependant, il est essentiel que ces mesures soient soutenues par des actions coercitives de la part de l'État. L'État devrait veiller à ce que des sanctions soient mises en place pour les partis politiques ne respectant pas les quotas de représentation des femmes. Ces sanctions doivent être dissuasives et appliquées de manière juste et transparente. Elles peuvent inclure des amendes financières, la suspension des privilèges et des financements publics pour les partis politiques concernés, voire l'annulation des candidatures non conformes.

Que devrait faire le gouvernement en termes de suivi de la mise en application de cette mesure ?

En outre, l'État devrait renforcer les mécanismes de surveillance et de suivi pour s'assurer du respect effectif de cette disposition. Cela peut être réalisé par le biais d'une commission indépendante chargée de vérifier la conformité des candidatures et de sanctionner les infractions. Il est également important de souligner que l'État a un rôle crucial à jouer dans la promotion de l'égalité des genres à tous les niveaux de la société. En plus de veiller à l'application de la loi sur la représentation des femmes dans les assemblées élues, l'État devrait encourager l'autonomisation économique des femmes, l'accès à l'éducation et aux soins de santé, ainsi que la lutte contre les discriminations et les violences basées sur le genre. En conclusion, pour garantir une réelle égalité des genres en politique, il est nécessaire que les partis politiques mettent en place des politiques favorisant la participation des femmes aux élections. Cependant, l'État doit également jouer son rôle en imposant des sanctions pour le non-respect de la loi sur la représentation des femmes et en renforçant les mesures de surveillance et de suivi. Seule une approche combinée impliquant à la fois les partis politiques et l'État, permettra de progresser vers une véritable égalité des genres dans le paysage politique de la Côte d'Ivoire.


Le 18/06/23 à 15:40
modifié 18/06/23 à 19:42