Le karité est l’une des filières les plus résilientes en Côte d’Ivoire où elle occupe des centaines de milliers de personnes, en majorité des femmes. Elle pourrait être davantage prospère et transformer positivement la vie de ses actrices si elle est plus organisée qu’elle ne l’est actuellement.

Le gouvernement en est conscient, si l’on en croit Rodrigue N’Guessan, directeur général du Développement rural, qui ouvrait récemment à l’hôtel Radisson Blu, sis dans la zone aéroportuaire, la 13^e Conférence internationale du karité.

Le représentant de Kobénan Kouassi Adjoumani a fait une annonce qui a suscité une vive émotion dans la salle.

« Il faut que la voix des femmes de la filière karité soit plus audible afin de les aider à développer la filière. Vous avez demandé à avoir votre Oia (Organisation interprofessionnelle agricole, Ndlr), je crois que c’est un acquis. Vous pouvez en être assurées. Le dossier est sur la table du gouvernement. Il ne reste qu’à le programmer afin que l’organisation voit le jour », a-t-il annoncé.

Les Organisations interprofessionnelles agricoles (Oia), rappelons-le, sont des groupements constitués par les organisations professionnelles les plus représentatives de la production agricole, de la transformation et de la commercialisation ayant été reconnues comme telles par l’autorité administrative compétente au niveau national.

L’Oia a pour missions, entre autres, d’assurer la défense des intérêts communs de ses membres et de coordonner leurs activités en établissant des règles contractuelles concernant la fixation des prix et la définition des normes de qualité.

La Côte d’Ivoire est le 5^e pays producteur mondial du karité avec plus de 250 000 tonnes l’an dernier. Seulement, dans le segment de la production, on dénombre 152 000 femmes. Elles sont aussi nombreuses et actives dans la commercialisation et la transformation.

La plupart de ses actrices demeurent dans la pauvreté, faute d’une bonne organisation du secteur comme l’a souligné Rodrigue N’Guessan. « Cette filière doit être développée afin que tous ses acteurs en profitent, en l’occurrence nos vaillantes femmes », a-t-il dit.

Renforcer la résilience de la filière

Organisée par l’Alliance global du karité (Agk), la 13^e Conférence karité qui s’est tenue du 12 au 14 juin 2023 avait pour thème : « Bâtir des chaînes d’approvisionnement résilientes ».

L’objectif était de se partager les connaissances et les outils nécessaires pour créer un avenir durable et prospère pour le karité.

En effet, il y a une prise de conscience sur la nécessité d'une plus grande agilité de la filière et d’une synergie plus forte de ses acteurs pour développer des stratégies et des solutions susceptibles d’aider l'industrie du karité à surmonter toutes les perturbations auxquelles elle peut être confrontée.

La Conférence karité, précisons-le, est le plus grand événement régional et même mondial dédié à l’industrie du karité, se déclinant en des conférences, des rencontres B to B, des ateliers de formation des Pme du secteur, une exposition et des visites de terrain.

L’édition a enregistré plus de 500 participants venant d’une trentaine de pays. Des partenaires internationaux clés de la filière, entre autres, Onu Femmes, les Etats-Unis, Bunge Loders Croklaan, le Cadre intégré renforcé (Cir) et la Fondation Mastercard y ont également pris part.

La présidente du groupe de femmes au comité exécutif de l'Agk, Mamatou Djaffo, a expliqué que cette conférence était l’occasion d’élaborer des stratégies pour un avenir meilleur du karité.

Pour elle, « le karité est un symbole de résilience depuis des générations. Il incarne la force de la nature et incarne la persévérance des communautés rurales. »

Elle a aussi lancé un appel aux partenaires pour plus de solidarité entre les producteurs, collecteurs, transformateurs et tous les autres acteurs du secteur.