La boue entre des étales. (Ph: Bavane)

Ce n’est pas dame Ahou Georgette qui dira le contraire. « C’est vraiment désolant. Je pense que je suis obligée d’aller faire le marché de la semaine cet après-midi à Cocody. Avec ces pluies ces temps-ci, ce n’est pas une bonne idée de venir faire ses provisions dans ce marché où on ne peut même pas poser les pieds », regrette dame Ahou avant de rebrousser chemin.

Des magasins inondés

« C’est comme ça chaque fois qu’il pleut. Je me vois dans l’obligation chaque matin de nettoyer le salon. Heureusement que mon matériel de travail est en hauteur. Sinon je serai tout le temps en train de renouveler certaines choses », a indiqué la coiffeuse Nadia Kipré. Qui s’évertuait à nettoyer l’eau stagnée dans son salon.

Ce propriétaire de magasin a vu deux de ses machines abimées par les eaux. (Ph: Bavane)

Comme elle, plusieurs autres commerçants ont été confrontés à la même scène. Les magasins inondés. « J’ai deux de mes machines qui sont abimées par l’eau », racontait Koundé Salif, propriétaire de broyeuses de manioc, farine et autres ingrédients.

En exposant son mécontentement, il indiquait les traces laissées par l’eau dans son magasin. Sur le mur, l’on pouvait encore voir la couleur noirâtre à un niveau considérable.

Insalubrité tous azimuts

L'espace réservé aux femmes qui fument et vendent le poisson, est rempli de boue mélangée à de la saleté (cartons vides, déchets de poisson, etc.). De grosses mouches se mélangent aux poissons exposés dans des cuvettes. Les vendeurs de viande de bœuf, de porc sont eux aussi confrontés aux mouches. Les tables de certains commerçants sont déposées dans des endroits où flaques d’eau et boue se disputent la paternité. Alors bienvenues aux mouches qui « jouent à cache-cache » sur la viande.

La boue et les eaux usées entre les étals des vendeuses de condiments. (Ph: Bavane)

Du côté des vendeurs de poulets, c’est le même constat. La boue, l’eau sale mélangée aux excréments des poulets dégage une odeur nauséabonde. « Nous sommes obligés de vendre dans cet environnement. Le temps que le grand marché soit terminé avant de retourner. Souvent nous avons des clients qui refusent d’arriver ici », lance Amidou, vendeur de pondeuses.

A quand la fin de cette galère

C’est en septembre 2021 que les commerçants du grand marché de Bingerville ont été déguerpis pour sa reconstruction. Avant de s’installer progressivement dans ce qui est convenu d'appeler marché provisoire. Car l’espace appartient à un privé.

Malheureusement, ce lieu choisi qui est un bas-fond peu aménagé ne répond toujours pas aux critères pour abriter un marché. Comme les Ivoiriens aiment le dire "c'est en attendant". Oui, en attendant que le nouveau marché qualifié de moderne par le député-maire soit achevé.

Les eaux de pluie stagnées entre les magasins. (Ph: Bavane)

Là aussi la date donnée par Issouf Doumbia, député-maire de Bingerville et le promoteur Abass Saidy, directeur général de la Société du marché de Bingerville (Somabi) qui est de 15 mois, n’est pas respectée (18 octobre 2021 à janvier 2023).

A quand la fin de la galère des commerçants et populations de Bingerville ? La question trouvera une réponse quand Issouf Doumbia et le promoteur du marché expliqueront le retard observé dans la réalisation des travaux.