San-Pedro: Les plages frappées de « tsunamis de bons temps » les week-ends

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San-Pedro: Les plages frappées de « tsunamis de bons temps » les week-ends

Le 19/04/23 à 20:21
modifié 19/04/23 à 20:21
Assise sur un littoral long de 150 kilomètres, San-Pedro regorge d’une multitude de plages paradisiaques dans sa périphéries, avec des sites touristiques tels que Taki, Mani Béréby et Monogaga. Mais il y a également celles situées en pleine ville, notamment Manadja plage, Décoti Beach, Bigo ivoire et Douce saveur Beach. Ces dernières ont fait l’objet d’une incursion visant à évaluer leur état d’affluence et la culture de la plage des « pétruciens » et « pétruciennnes », les habitants de San-Pedro.

Nous sommes un samedi, il est midi. Le soleil est au firmament sur le littoral. C’est le lieu pour les populations de prendre les plages d’assaut afin de profiter du weekend, en étant en phase avec la fraicheur de la mer et les effets du soleil ardant qui la surplombe. De fond en comble sur le long de la baie sablonneuse ; des hôtels, des restaurants, des bungalows et des maquis en plein air. La musique à forts décibels et de sonorités entremêlées, ainsi que le brouhaha humain qui prévaut, se confondent au bruit assourdissant des vagues. Se tenant autour d’un pot, dégustant un morceau, accourant vers la mer ou fuyant ses vagues, les fanatiques de plages se divertissent. Des femmes, des jeunes filles en maillots de bain ; des hommes, de jeunes gens en shorts et débardeurs, tout comme des enfants vêtus de culottes, de t-shirts ou de caleçons courant dans tous les sens, enchantés par les jeux que proposent les promoteurs de plages. Blotties contre leurs compagnons, des filles aux corps en évidence s’activent à immortaliser la circonstance en se faisant des photos. D’autres optent pour la nage sans toutefois s’aventurer trop loin du rivage, par peur de se noyer. A côté, il y a ceux qui s’adonnent à des jeux divers, tel que le « football de plage » et la course poursuite. Le tout, couronné de cris d’enthousiasme. Nous sommes au cœur des plages du secteur Balmer de la cité balnéaire, sous l’emprise d’un « tsunami de bon temps ».

Profitant de cette ferveur festive, Charles Yoro, la trentaine, est un opérateur économique ivoirien intervenant dans l’exportation et la logistique résident à San-Pedro. Il soutient que ce sont des moments que les habitants de la ville portuaire devraient songer à vivre beaucoup plus souvent. Et pourtant, cela n’est pas très récurent, selon lui.

« Il y a un adage qui dit que l’on ne perçoit pas le bonheur qui est juste à côté de lui. Ceux qui visitent plus les plages de San-Pedro viennent d’ailleurs. Des gens qui ont compris que c’est un patrimoine qu’il faudrait valoriser en Côte d’Ivoire, puisqu’on ne trouve pas ça partout. Les plages d’ici profitent plus aux expatriés. J’ai en mémoire le passage d’une miss monde sur nos plages. Au point même que quand nous avons vu les images à travers les médias, nous nous sommes demandés si elles provenaient réellement de San-Pedro » a déploré M. Yoro.

Ce samedi, Manadja plage et Douce saveur beach étaient les plus bondées de mondes comme c’est le cas la plupart des weekends. Les arrivants sont en partie des touristes. Il y a également des résidents de San-Pedro. D’autres par contre proviennent du reste de la Côte d’Ivoire. Ils affluent individuellement, par véhicules de transports en commun, à motos ou par véhicules personnels. De tous les âges, mais majoritairement de jeunes gens d’une certaine catégorie, les raisons qui les y conduisent vont des distractions personnelles, aux sorties détente collectives. Tout en étant guidés par le désir de sentir la brise de mer et contempler l’étendue de l’atlantique et ses horizons qui se rejoignent avec ceux du ciel. Ainsi que ses vagues qui n’arrêtent de se succéder et de s’écraser sous leurs regards fascinés, dans une ambiance sonore uniforme, répétée et constante.

Un plaisir qui ne profite qu’aux « étrangers » ?

Toutefois, s’agissant de la question de savoir si les habitants de la ville portuaire profitent comme il se doit, de ces trésors que la nature a mis à leur disposition. Les avis demeurent mitigés.

Dominique Flourez est un manager restaurateur français qui intervient dans l’un des espaces gastronomique de la plage depuis un moment. Il pense que les plages attirent du monde.

« Je trouve effectivement qu’il y a beaucoup d’affluence surtout le weekend. J’ai été très impressionné de voir le nombre de jeunes qui se baignaient cet après-midi. C’était quand même quelque chose d’assez formidable et de très convivial, avec un très grand respect de la propreté. Je pense que les gens devraient quand même essayer d’être un peu plus propres sur les abords des plages. C’est ce qui leurs donnerait une valeur ajoutée, parceque franchement, c’est un paysage formidable et extraordinaire » a-t-il cfonfié.

Quant à Maha Walter, une allemande, opératrice dans l’écotourisme et l’agro alimentation bio, résident à San-Pedro, les « pétruciens » fréquentent les plages, certes, mais sans grand engouement.

« Je dirais que les habitants de San-Pedro se rendent à la plage mais pas autant qu’ils pourraient. Je pense qu’ils doivent d’avantage fréquenter ces belles plages qui se tiennent à leur portée. L’offre naturelle qu’elle dégage en termes d’activités, est fortement au-dessus de la demande, surtout pour les enfants. C’est quelque chose qui manque un peu et j’espère que les gens sont à pied d’œuvre pour développer tout ça. Sinon qu’on les voit plus dans les maquis et restaurants périphériques. Mais pour ce qui est de la plage, ce n’est pas trop évident » s’est-elle expliquée.

Anderson Koffi, ivoirien, est employé par une compagnie d’électricité à San-Pedro. Pour lui, le problème est dû au fait « qu’une importante frange de la population voit les plages comme des destinations réservées aux personnes de rangs aisés ».

La brise et le bruit des vagues la nuit...

A la tombée de la nuit, les plages ne sont pas désertées. Elles font place à un public adepte à une autre façon de vivre la nuit. Les habitants de la cité balnéaire parlent de plages de nuits. Un concept développé dans la localité et qui gagne en ampleur. L’occasion nous a été donnée d’en faire l’expérience à « Douce saveur beach », l’une des plages de la baie de Balmer où nous sommes restés jusqu’au-delà de minuit.

Ce samedi-là, Jean Euloge Soman, hôtelier ivoirien, qui est le premier responsable de cette plage, fêtait un an de plus. Il a indiqué que très souvent, son local est ainsi sollicité par des clients pour la célébration de leurs anniversaires en pleines plages de nuits. Cependant, selon lui, les plages de nuits sont par essence des soirées plutôt romantiques et glamour inspirées de la tradition Krou.

« Les plages de nuits se tiennent depuis l’ère des temps au regard de ce qu’elles tirent leurs origines de la culture des peuples autochtones Krou, et des autres peuples des régions de mer, qui avaient l’habitude de se réunir sur les plages, la nuit, autour d’un feu de bois. C’était également une pratique propre à des tribus d’ailleurs, de différents endroits. Et maintenant nous, acteurs de la plage, en avons fait un produit moderne et touristique », a-t-il souligné.

PHOTO PLAGE DE NUIT2
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PHOTO PLAGE DE NUIT1
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Mets locaux et « Wöyö » au rendez-vous...

Aujourd’hui, les plages de nuits, sont le plus souvent accompagnées de ces feux de bois, à présent appelés « feux de camp ». Face à des clients installés tout autour, un conteur raconte des contes. A côté, se trouve un buffet dressé, dont le menu n’est constitué que de plats locaux. Entre autres, la sauce graine aux haricots et moule séché, la marmite du pêcheur, la sauce claire au Cosrogboh, le riz à l’huile rouge surprise, les langoustes au piment kroumen et la sauce graine au cœur de palmier. Hors des assiettes en porcelaine, les repas sont obligatoirement servis dans des feuilles d’Attiéké. Le « Canjuice », la boisson locale, est mis à contribution, dans une ambiance de musique traditionnelle faite de « Wôyô » et de « Bolo super ».

Les plages de nuits accueillent beaucoup de touristes, mais également des habitants de San-Pedro. Des friands de plages de nuits qui peuvent y rester de la soirée jusqu’à l’aube pour certain et 2 heures du matin pour ceux qui souhaitent continuer en boite de nuit.

Pour Eloge Soman, le concept plage de nuit vise à « perpétuer la culture autochtone, vendre les valeurs locales et développer le tourisme dans la région de San-Pedro ».

San-Pedro/Plages de Balmer : Un gîte d’activités économiques en plein essor

Au-delà de ses atouts naturels, la baie de Balmer doit surtout son charme aux maquis, restaurants et hôtels qui y sont implantés. Ces installations détenues par des opérateurs économiques locaux, participent fortement à la vie des plages, favorisent le tourisme régional et contribuent à la croissance économique de la Côte d’Ivoire.

Premier responsable de « Manadja plage », l’une des plages de la baie, Kouassi Yao Fulgence est par ailleurs, le président de l’association des restaurateurs de plages de San-Pedro.

Il indique la procédure d’installation des opérateurs économiques qui mènent ces activités aux abords des plages.

« Ces espaces appartiennent à l’Etat ivoirien, parce que la plage est publique. Et parmi ceux qui sont habilité à les gérer, il y a la mairie et la police maritime. Cette dernière s’occupe de mesurer le périmètre de l’espace souhaité. On paye par la suite auprès d’elle, des droits d’occupation du domaine public attestés par des reçus du trésor » a expliqué M. Kouassi.

PHOTO FOCUS BALMER
PHOTO FOCUS BALMER



Objectif : développer l’écotourisme

Selon lui, la centaine de restaurants qui jonchent les plages de la partie urbaine du littoral bénéficie pleinement du soutien de la mairie. Eu égard à la volonté de Félix Anoblé, le premier magistrat de la commune, qui entend faire de San-Pedro, un pôle écotouristique.

« La mairie fait beaucoup pour la plage, ainsi que pour l’épanouissement des infrastructures balnéaires dont elle dispose. Elle est très impliquée dans son organisation surtout avec la Can en vue. La plage de San-Pedro fait aujourd’hui l’une des fiertés du pays. Déjà quand tu entends San-Pedro, ça laisse penser à une ville de l’extérieur, notamment européenne. Alors aujourd’hui, nos autorités locales sont en train de consentir des efforts pour que l’image de la ville reflète son appellation. Qui dit plage, dit tourisme et donc croissance économique » a-t-il ajouté.

Sur ces plages, la sécurité est de mise avec la police maritime qui de jour comme de nuit conduit des patrouilles terrestres en amont et aval. D’un autre côté, il y a la « jeunesse autochtone », un groupe organisé de jeunes riverains, institué par la mairie. Composé de maitres-nageurs, il veille au maintien de la propreté des plages et au sauvetage de potentielles victimes de noyade.

Le 19/04/23 à 20:21
modifié 19/04/23 à 20:21