La communauté chrétienne de Côte d’Ivoire en général et singulièrement la communauté baoulé a célébré le dimanche 9 avril 2023, la fête de pâques dans la joie et la ferveur.

En effet, la communauté Baoulé a célébré cette fête au maquis dénommé « O’Baoulé d’Aboboté », dans la commune d’Abobo, comme cela se fait tous les ans. Ainsi, femmes, hommes et jeunes n’ont pas voulu se faire compter l’événement. Vêtus de pagnes traditionnels pour certains et tenue de ville pour d’autres, ils ont pris d’assaut cet espace dit-on de joie, devenu exigu pour la circonstance. Avec les mélodies tirées du terroir baoulé que les uns et les autres reprenaient en chœur, l’ambiance était ferrique et bon enfant.

Il est seulement 16 heures lorsque nous arrivions au maquis O’Baoulé situé dans le sous quartier Aboboté dans la commune d’Abobo. Difficile pour nous de nous frayer un chemin. Les trois bâches dressées pour la circonstance à l’entrée du maquis sont déjà pleines comme un œuf. Pour avoir accès à l’intérieur était désormais devenu un casse-tête chinois eu égard aux entrées et sorties des clients, venus célébrer le traditionnel paquinou à leur manière et à leur goût.

En tout cas, la communauté baoulé qui n’a pas pu, pour une raison ou une autre, faire le déplacement du village, n’a pas boudé cette fête qui rime désormais avec la tradition baoulé. Une fois donc à l’intérieur, nous sommes ahuris. Car contrairement aux tables sous les bâches ou c’est gratuit, pour avoir accès à une table à l’intérieur du maquis, il faut débourser entre 30 et 150 mille Fcfa. Mais en dépit de cette somme jugée exorbitante pour certains, il n’y avait de tables vides excepté le Vip dont le coût est fixé comme nous le disions tantôt à 150 mille Fcfa y compris la consommation.

« Je n’ai pas pu effectuer le déplacement du village eu égard à mes occupations professionnelles. J’avais plusieurs commandes sous la main et ce n’est que le samedi aux environs de 22 heures, que j’ai pu finir de coudre tous les pagnes que j’avais en ma possession», a justifié Edmond Konan, couturier de son état. Puis il renchérit : « J’ai dû envoyer de l’argent à mes parents tout en m’excusant. En compagnie de certains frères et amis, nous sommes venus nous amuser, nous éclater et surtout déstresser après plusieurs mois de stress ».

Si certains ont pu avoir accès à des tables de leur goût et surtout à la portée de leurs bourses, ce n’est pas le cas pour d’autres. « Nous sommes venus mes amis pour nous éclater mais malheureusement, il n’y a plus de places assises à la hauteur de nos moyens », a déploré Flore Kouadio, qui a fait savoir qu’ils voulaient une table de 50 mille Fcfa. A ce prix, Flore Kouadio et ses amis, au nombre de dix, devrait débourser chacun, la somme de cinq mille Fcfa pour la circonstance. Grande a donc été leur surprise de savoir qu’en dépit de cette somme aucune table n’est disponible.

Exacerbé par cette situation, un homme environ la cinquantaine n’a pu contenir son amertume. « Ce n’est pas normal, c’est du vol, c’est trop cher », a-t-il lancé, invitant ceux qui sont dans la même situation que lui de se trouver un autre endroit pour célébrer le paquinou.

Comme eux, nombreux sont ceux qui ont effectué le déplacement pour célébrer la fête de pâques hors du cadre familial ont été contraints d’aller voir ailleurs. Au moment où nous quittions les lieux aux environs de 20 heures les populations continuaient de déferler vers le maquis O’Baloulé en vue de célébrer le paquinou « national ».