
JIF/Me Bitty Kouyaté: "Les femmes doivent intégrer les instances de décision pour promouvoir leurs droits"
Elle a été l’occasion pour les deux conférenciers de donner des pistes de solution aux femmes universitaires pour concilier savamment leur rôle d’enseignante-chercheure, de mère, d’épouse et de citoyenne.
Me Bitty Kouyaté qui a ouvert les débats, a reconnu que beaucoup d'efforts ont été faits par la Côte d'Ivoire. Seulement, souligne-t-elle, ratifier des instruments, promouvoir des lois nationales qui prônent l’égalité homme-femme ne suffisent pas. Elle a longuement lu les dispositions légales sur les droits et devoirs de la femme, avant de fustiger la tradition qui interdit la terre aux femmes.
L'académicienne estime que dans ce cas, on ne peut pas parler d'égalité bien que la loi dise que la femme et l'homme ont droit à la terre. La juriste a également évoqué la question de filiation où il y a une inégalité dans la reconnaissance de l'enfant d’un des conjoints.
« Il faut que les femmes prennent conscience de leurs forces et qu'elles soient dans les instances de prise de décision. Ainsi, elles vont voter des lois qui tiennent compte de la minorité que nous sommes », a-t-elle exhorté. C’est pourquoi elle a invité ses « sœurs » à lutter pour l’équité et l’égalité des chances surtout qu’elles sont des têtes bien faites.

Quant à Dr Ghislain Coulibaly, il a fait savoir que l’université n’était pas, à l’origine, une institution destinée aux femmes, mais plutôt un haut lieu de gouvernance de la société, de prise de décision où seuls siégeaient les hommes. Que l’université soit donc accessible aux femmes de nos jours est déjà une grande victoire à saluer et à exploiter pour faire prévaloir les droits de la femme non encore acquis.
Avec des chiffres à l’appui, le sociologue a démontré que les femmes elles-mêmes ne se donnent pas les moyens pour être représentatives dans les hautes sphères de la société, pire dans les instances de décision. « Les femmes sont très souvent dans le déni de la réalité. Et quand on est dans le déni de la réalité, on ne peut pas développer de stratégie de déconstruction des inégalités sociales qu’elles subissent », a d’emblée situé le spécialiste.
Il a donc préconisé que les femmes prennent conscience de leurs forces et s’engagent dans la bataille de la représentativité qui peut aider à rétablir l’équilibre des forces face aux hommes. Et cela commence, selon lui, par éviter les grossesses en milieu scolaire, à ne pas céder aux pressions de quelque nature qu’elles soient et surtout à les dénoncer.
Dans cette dynamique, Dr Ghislain Coulibaly Pélibien a interpellé ces derniers. « Nous ne sommes pas en compétition avec les femmes. Elles sont des agents de développement. C'est une force économique et productive. Il faut qu'on permette aux femmes de libérer leur plein potentiel », a-t-il tranché. Avant d’ajouter : « Les hommes doivent comprendre que la masculinité positive commande que l'on accompagne la femme dans sa carrière. »
Il n’a pas manqué de dénoncer le harcèlement sexuel qui est devenu monnaie courante dans la société. « Il faut que cesse l'omerta sur le harcèlement sexuel pour que les femmes puissent prendre leur autonomie en main », a-t-il déploré.
Dr Céline Nobah, enseignante-chercheure à l'Ecole normale supérieure (Ens) d'Abidjan, présidente de l'Afemc-CI, a remercié les conférenciers et s’est réjouie de la densité des débats qui éclairent les femmes de sa corporation sur leurs droits et devoirs, surtout les masterantes et doctorantes, appelées à faire face à leur futur statut d’universitaire.
Firmin NDri Bonfils