La Polémique de la semaine : En attendant la paix

Une vue de la Basilique Notre de la Paix. (Ph: Dr)
Une vue de la Basilique Notre de la Paix. (Ph: Dr)
Une vue de la Basilique Notre de la Paix. (Ph: Dr)

La Polémique de la semaine : En attendant la paix

Le 08/02/23 à 10:55
modifié 08/02/23 à 10:55
Combien seront-ils aujourd’hui, au pays de Félix Houphouët-Boigny, « Apôtre de la paix », et singulièrement dans son village, capitale politique ? Des milliers et non des moindres. Pour la cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, la deuxième du genre en Côte d’Ivoire, sont annoncés des Présidents africains : Macky Sall, Sénégal, qui représentera Abdou Diouf, son illustre prédécesseur, parrain du Prix ; Nana Akufo-Addo du Ghana, Umaro Cissoco Embalό (Guinée-Bissau, président en exercice de la Cedeao), Georges Weah du Liberia ; tous invités du Président ivoirien, Alassane Ouattara.

Ainsi que les ex-Présidents Laurent Gbgabo et Henri Konan Bédié. Protecteur du Prix, depuis dimanche dernier, ce dernier séjourne dans cette capitale. Ouattara-Bédié-Gbagbo. La symbolique est forte dans ce village-ville moderne qui affiche orgueilleusement sa vocation, à travers des pancartes disséminées dans la ville, avec des photos de celui qui reçoit, le Président Ouattara et de celle sur qui s’est porté le choix du jury, l’ex-Chancelière allemande Angela Merkel: « Yamousoukro, terre de paix, terre d’Houphouët-Boigny, vous dit Akwaba ».

Cette symbolique forte de voir, ensemble, les trois Présidents de la Côte d’Ivoire autour d’une valeur que n’a cessé de prôner leur illustre devancier, Félix Houphouët-Boigny, invite encore à nous inscrire, résolument, dans la droite ligne de ce qu’il aura donné à son pays, comme trésor précieux, la paix par le dialogue, « l’arme des forts ». La présence de sa veuve, Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, en ajoute à la symbolique. C’est la bénédiction de la « mère » de cette journée de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny-Unesco pour la recherche de la paix, en l’absence du « père ».

En octobre dernier, le 18 exactement, jour symbolique encore, anniversaire des 117 ans de son défunt époux, à l’initiative heureuse de la République et de la Grande chancellerie, ne disait-elle pas, première Première dame de ce pays, ces mots forts, en présence des trois autres, Henriette Konan Bédié, Simone Ehivet Gbagbo, Dominique Ouattara : « Ma joie est grande ce jour, mon cœur se réjouit de vous voir tous rassemblés en ce lieu. C’est la Côte d’Ivoire que j’aime voir. Celle qui rassemble, celle qui incarne l’union et la paix dans la diversité, à l’exemple de cet évènement qui nous réjouit aujourd’hui. J’ai suivi avec beaucoup d’attention, parfois avec beaucoup de tristesse, tous les évènements politiques qui se sont succédé depuis maintenant trois décennies... Sans parti pris, mon sage conseil est que vous soyez tous épris de paix. Laissez-vous porter par la tolérance et le pardon pour garantir la stabilité durable dans notre chère nation... Aux générations actuelles et futures, je voudrais demander de cultiver l’amour de la patrie, mais aussi et surtout, le retour aux valeurs, les vraies, le respect d’autrui, le travail, l’amour de son prochain ».

Ce jour-là aussi, marquant les 29 ans de la mort de son illustre époux, elle recevait, des mains d’une aussi Grande dame, Henriette Dagri Diabaté, première femme de ce pays Grande chancelière, sa distinction au titre de Grand officier de l’Ordre national.

La sagesse malinké l’enseigne: les bonnes choses recommencent toujours là où elles avaient commencé dans l’esprit des hommes. Et ce fut à Yamoussoukro que naquit l’idée de ce Prix, auquel avait participé, à Paris, pour la dernière fois, en 1992, son initiateur. 31 ans après, 30 ans après sa mort, ce pays qui célèbre la paix ne doit pas, non plus, oublier les jours de plomb. Les rappeler, en ce jour, ce n’est pas remuer le couteau dans les plaies non encore véritablement cicatrisées.

C’est au contraire, en regardant dans le rétroviseur de notre histoire, sans démagogie aucune, sans rancœur, avec courage, que nous en sortirons pour célébrer, vraiment, la paix dans les petites « injustices » tolérables, contre les grands désordres mortels au développement. Et il avait raison, le Sage : « Je préfère l’injustice au désordre ». Combien d’années de « désordre », d’insubordination de tous ordres, de défis à l’autorité, d’appels à la guerre, à la désobéissance civile, à la scission n’avions-nous pas, de manière consciente ou inconsciente, créés, orchestrés, entretenus, financés, salués, applaudis ?

30 ans après sa mort, enfin, les Ivoiriens recommencent à découvrir le précieux trésor qu’il avait laissé, plus riche que les tonnes de café, de cacao, de pétrole, d’uranium, etc., vendus : la paix. Non dans les mots, mais dans les comportements, par le dialogue constant.

Fasse Dieu, qu’auprès de la plus haute basilique au monde, plus grande que celle de Rome, s’élève véritablement la paix dans notre pays, dans les cœurs, afin que fonde au soleil la mer gelée de nos rancœurs. Le présent de ce pays qui affiche des chiffres de croissance tous azimuts, de manière constante, l’exige de tous les acteurs politiques.

Le futur de ce pays, aussi, afin qu’il ne soit pas dit, un jour, ceci : des fils ont célébré la paix ; ils ont même invité presque toute la planète à venir la célébrer à travers un évènement majeur et, sitôt partis les invités, ils ont repris ce qui semble devenir un jeu pour eux, enfants gâtés : les divisions inutiles, les violences verbales des mêmes rhétoriques, vieillottes, stupidement rétrogrades, du genre : « Devant, c’est maïs...», « Pour nous est arrivé...»

Non, le temps est arrivé d’aller à la paix. Dans ce pays des mosquées, cathédrales, basilique, où Dieu est dans tout, Dieu nous parle donc. Que chante dans les esprits ce cantique ou cette sourate d’espoir. D’une Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même, d’abord.


Le 08/02/23 à 10:55
modifié 08/02/23 à 10:55