De Zongo à Zogo : L’avenir du journaliste africain en pointillés…

Liberté de la presse (Caricature de STEVES GOLE)
Liberté de la presse (Caricature de STEVES GOLE)
Liberté de la presse (Caricature de STEVES GOLE)

De Zongo à Zogo : L’avenir du journaliste africain en pointillés…

Le 06/02/23 à 14:54
modifié 06/02/23 à 14:54
C’est lors de plusieurs descentes matinales des forces de police que l’homme d’affaires, Jean-Pierre Amougou Belinga ; son beau-père, le colonel retraité Raymond Thomas Etoundi Nsoe et l’un de ses principaux collaborateurs, le journaliste Bruno Bidjang, directeur général de son groupe de médias ont été arrêtés, peu avant 6h à leur différent domicile, à Yaoundé, ce 6 février 2023.

Quelle que soit l’issue des interrogatoires, les autorités camerounaises semblent vouloir envoyer un message aux organisations des droits de l’Homme, notamment celles qui ont repris à leur compte l’expression de l’inquiétude qui s’est emparée des journalistes dans le pays à la suite de l’assassinat de Martinez Zogo. Parce que l’impression qui se dégageait depuis la découverte de la dépouille mortelle du journaliste, c’est une sorte d’inaction des autorités dans la recherche des causes et des circonstances qui entourent l’affaire.

Le 4 février 2023, Rfi a résumé la situation en ces termes : « La découverte le 22 janvier 2023, du corps d’Arsène Salomon Mbani Zogo, en état de décomposition et présentant des marques de graves sévices, dans une banlieue de Yaoundé, a créé une véritable onde de choc dans le pays et au-delà. Depuis lors, l’assassinat de celui qui était plus connu sous le nom de Martinez Zogo, animateur populaire de l’émission « Embouteillages » sur la station de radio Amplitude FM, dont il était par ailleurs le directeur, semble avoir ouvert un procès du régime de Paul Biya. Sous pression, les autorités tentent de calmer les esprits, à coup d’engagements et d’annonces ».

Douala aura-t-il moins de chance que Ouagadougou ?

L’affaire Zogo a fait remonter en surface une autre... Celle du journaliste burkinabè - fondateur et directeur de l’hebdomadaire L'Indépendant - et écrivain, Norbert Zongo, mort assassiné le 13 décembre 1998 à Sapouy. Comme au Cameroun, des proches du pouvoir sont soupçonnés d’avoir commandité l’assassinat du journaliste et de trois compagnons (Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo), alors qu’il enquêtait sur la mort mystérieuse du chauffeur du très puissant et intouchable François Compaoré, frère cadet de l’ancien Président du Faso, Blaise Compaoré.

Tout porte à croire que les autorités camerounaises n’auront pas forcément une grande marge de manœuvre comme ce fut le cas au Burkina Faso, tant la mobilisation notamment à travers les réseaux sociaux est forte en faveur d’une enquête transparente. Et des voix – que d’aucuns assimilent parfois à celles de l’opposition – qualifient l’assassinant de Martinez Zogo à « un crime d’État » comme lors des manifestations de membres de la diaspora camerounaises dans le 16e Arrondissement de Paris.

La pression se fait de plus en plus forte sur le gouvernement camerounais, surtout que « selon les informations communiquées par Reporters sans frontières (Rsf), l’actuel ministre de la Justice aurait été le donneur d’ordre », a publié le 6 février 2023, le confrère "Comprendre".

L’affaire remet sur la table le manque de protection du journaliste africain en général. Parce qu’il constitue de facto la bête noire sur un continent où le déficit démocratique et de transparence sont quasiment érigés en mode de gouvernance.


Le 06/02/23 à 14:54
modifié 06/02/23 à 14:54