Diplomatie/Bafétigué Ouattara (ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada): ‘‘La Côte d’Ivoire et le Canada entretiennent d’excellentes relations’’

Bafétigué Ouattara, ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada. (Ph: Dr)
Bafétigué Ouattara, ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada. (Ph: Dr)
Bafétigué Ouattara, ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada. (Ph: Dr)

Diplomatie/Bafétigué Ouattara (ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada): ‘‘La Côte d’Ivoire et le Canada entretiennent d’excellentes relations’’

Le 17/01/23 à 15:27
modifié 17/01/23 à 15:27
Nommé chef de mission diplomatique de Côte d’Ivoire au Canada, il y a presque deux années, le diplomate ivoirien fait, ici, un premier bilan de sa présence dans ce pays.
Vous capitalisez deux années de présence au Canada en tant qu’ambassadeur. Un bilan de ces deux années dans ce pays ?

Nous sommes arrivés au Canada précisément le 15 avril 2021, en pleine pandémie du Covid-19. Ce qui en soit était un défi. Malgré tout, nous avons été bien accueilli, tant par les collaborateurs que par la communauté ivoirienne. Nous avons commencé à travailler en synergie afin de recentrer l’attention des Canadiens vers la Côte d’Ivoire. Ainsi, dès le 1er mai 2021, nous avons commencé les rencontres avec les autorités politiques pour faire connaître la situation du pays sur le plan politique et économique. Puis, nous nous sommes assez rapidement tournés vers les investisseurs, les hommes d’affaires canadiens, y compris les entreprises canadiennes. Une partie de notre feuille de route étant de les emmener à s’intéresser davantage à la Côte d’Ivoire, en leur donnant le maximum d’informations et d’assurances sur ses atouts et son fort potentiel de croissance.

Quel est actuellement l’état de la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Canada ? Quel est le volume des échanges économiques et commerciaux ?

Les relations d’amitié et de coopération entre la Côte d’Ivoire et le Canada sont excellentes depuis qu’elles ont été établies en 1962. Les deux pays entretiennent d’excellentes relations dans plusieurs domaines : la politique, l’économie et le commerce, la recherche scientifique, la formation universitaire et professionnelle et la culture. Leur partenariat ne cesse de se renforcer. Le Canada s’est toujours montré solidaire de notre pays et n’a manqué aucune occasion de lui apporter un soutien clair dans son processus de développement social et économique.

Avez-vous réussi à faire de la Côte d’Ivoire une destination privilégiée pour les investisseurs canadiens ?

Les activités économiques du Canada sont fortement dirigées vers les États-Unis d’Amérique, avec plus de 85% des exportations vers ce pays. Notre démarche a consisté en une analyse profonde des voies et moyens permettant d’accroître les échanges commerciaux, au regard des potentialités des deux pays, pour être ainsi à même de mobiliser le maximum en termes d’investissements directs canadiens. Notre tâche a été facilitée par la nouvelle vision des autorités canadiennes qui ont fait d’Abidjan le fer de lance économique régional. La Côte d’Ivoire, par sa stabilité, compte parmi les partenaires privilégiés du Canada en Afrique. Nous sommes sur une très bonne dynamique. Les Canadiens étaient, en effet, nombreux à prendre part à la dernière « Rencontre des entrepreneurs francophones » d’octobre 2022, à l’Africa Ceo Forum 2022, au Salon des Technologies de l’information et de la Communication (Sitic-Africa 2022). Déjà, en octobre 2021, une importante délégation avait pris part au 1er Forum d’affaires et d’investissement Côte d’Ivoire-Amérique du Nord.

Concernant l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, le Canada est une destination prisée par les étudiants ivoiriens. A combien estime-t-on le nombre d’étudiants ivoiriens au Canada ?

La coopération culturelle, académique et scientifique avec le Canada est exemplaire et importante. Il est de plus en plus la destination privilégiée pour les études supérieures des étudiants ivoiriens. Ils sont plus de 3 000 au Canada et certainement parmi les plus nombreux de l’Afrique subsaharienne. Les étudiants y affluent parce que le système éducatif compte parmi les plus performants du monde. Ils y reçoivent une formation à la fois américaine (ou britannique) et francophone. La formation y est plus accessible et moins coûteuse, de sorte que la plupart des étudiants en ressortent parfaitement bilingue. On retrouve les étudiants ivoiriens dans tous les secteurs: du génie civil à l’économie, en passant par le droit, les finances, la biologie et les sciences sociales. Dans la perspective de faciliter les échanges des ressources d’enseignement et de recherche, nous avons amorcé, dans le cadre de notre feuille de route, la signature d’un certain nombre d’accords-cadres entre les universités canadiennes et ivoiriennes. Notre souhait est de voir les deux institutions collaborer pour plus de mobilité étudiante et professorale. L’objectif étant, in fine, de parvenir à une équivalence parfaite entre les diplômes délivrés par les deux systèmes d’enseignement, d’une part et, d’autre part, à un transfert de technologies réciproques dans des domaines pointus. Sur cette question, nous avons déjà reçu des délégations de l’Inp-HB de Yamoussoukro. Nous sommes également en contact avec la gouvernance de l’Université Felix Houphouët-Boigny.

Hormis les étudiants, le Canada est aussi un pays où l’on trouve beaucoup de ressortissants ivoiriens. Comment vos concitoyens vous ont-ils accueillis ?

A ce jour, 18 000 personnes d’origine ivoirienne seraient au Canada. Ces Ivoiriens sont regroupés au sein de la Fédération des associations ivoiriennes du Canada (Faic), avec à sa tête M. Abel Pli. Je salue l’œuvre des prédécesseurs qui ont travaillé à l’unité de la communauté ivoirienne au Canada. Cette diaspora a répondu favorablement à mon appel dès mon arrivée. J’ai été vraiment satisfait de rencontrer mes concitoyens qui résident au Canada. Ils m’ont invité assez souvent à leurs manifestations et j’ai toujours répondu présent. J’ai toujours soutenu et encouragé tout ce qu’ils font pour qu’un climat d’entente et de solidarité soit créé et maintenu entre eux. Comment la Côte d’Ivoire profite-t-elle de sa forte diaspora présente au Canada ?A mon sens, la diaspora ivoirienne peut apporter beaucoup à la Côte d’Ivoire. Nous devons nous atteler à cela au Canada, parce que nous devons travailler ensemble pour appuyer le processus de réconciliation en cours dans notre pays. Par nos contacts et nos idées, nous devons travailler au développement économique et social de notre pays. La diaspora constitue, grâce à sa double culture (celle d’origine et celle d’acquisition), une composante importante du capital humain, un potentiel inestimable en termes d’expertises. Elle est également une source d’épargne mobilisable pour le financement du développement et des investissements sociaux ou économiques rentables. La diaspora peut donc contribuer de manière significative à la transformation économique et sociale de la Côte d’Ivoire à travers des initiatives fondées sur les objectifs du gouvernement.

Le ministre-gouverneur Louis Dacoury-Tabley du district autonome du Gôh-Djiboua a effectué une visite de travail, du 29 au 31 août, dans la province du Québec. Au-delà de cette mission, quelles sont les opportunités qu’un pays comme le Canada peut offrir au secteur privé ivoirien, aux hommes d’affaires, aux entités décentralisées comme les régions et les districts ?

Le Canada dispose d’expertises dans de nombreux domaines: les infrastructures et l’hydraulique (infrastructure verte, villes intelligentes, traitement de l’eau et des eaux usées), les technologies propres (énergie renouvelable, gestion durable des ressources), l’agriculture et l’agro-industrie, l’aéronautique, la machinerie industrielle, les hautes technologies, les composants électroniques, l’exploitation minière, le numérique et les services financiers, la défense et la sécurité (la sécurité financière et la cybersécurité), etc. C’est donc un vaste marché qui pourrait être exploré par le secteur privé ivoirien, cela, d’autant plus qu’un accord de promotion et de protection des investissements étrangers (Apie) est en vigueur entre nos deux pays. Depuis 2003, l’accès en franchise de droits et de quotas au marché canadien concerne certains produits comme le textile, les fruits, les noix.

Quelles sont les structures ou agences canadiennes vers lesquelles le secteur privé, les régions et districts devraient s’orienter pour bénéficier de financements en vue de leur développement ?

Il existe plutôt des agences canadiennes pour faciliter les investissements et les partenariats. La recherche de financement se fera sur la base des opportunités d’affaires concrètes. Ces agences reçoivent pour la plupart l’appui de l’État canadien et sont spécialisées dans la mise en relation de partenariats d’affaires. Entre autres, nous pouvons citer Investissement Québec international (IQI), l’Institut de financement du développement (FinDev Canada), la Corporation commerciale canadienne (Ccc), Investir au Canada, La Chambre commerciale Canada-Afrique (Ccca), le Conseil canadien pour l’Afrique (Cca), Exportation et développement Canada (Edc), le Bureau de promotion du commerce du Canada (Tfo Canada). En tout état de cause, l’ambassade du Canada et le Bureau du Québec à Abidjan, avec lesquels je suis en contact, sont disponibles pour donner davantage d’informations sur cette question.

Quelles sont, aujourd’hui, les perspectives d’avenir de la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Canada ?

Elles sont prometteuses. Le Canada est un pays qui renferme un fort potentiel économique, technologique, scientifique et même culturel. L’ambassade va s’atteler à faire en sorte que la Côte d’Ivoire puisse tirer le maximum dans le cadre de sa coopération avec le Canada.


Le 17/01/23 à 15:27
modifié 17/01/23 à 15:27