Restitution du patrimoine culturel africain: Le "Djidji Ayokwê" sur les terres de ses ancêtres très bientôt

Le « Djidji Ayokwê » est attendu avec impatience et dans le respect des us et coutumes requis.
Le « Djidji Ayokwê » est attendu avec impatience et dans le respect des us et coutumes requis.
Le « Djidji Ayokwê » est attendu avec impatience et dans le respect des us et coutumes requis.

Restitution du patrimoine culturel africain: Le "Djidji Ayokwê" sur les terres de ses ancêtres très bientôt

Le 07/11/22 à 14:09
modifié 07/11/22 à 14:09
Le tambour ébrié « Djidji Ayokwê » foulera le sol de ses ancêtres d’ici à 2023 après avoir passé plus d’un siècle hors de la Côte d'Ivoire. L’information a été donnée à la conférence-débat animée par l’historienne de l’art, Bénédicte Savoy, co-auteure, avec le Sénégalais Felwine Sarr du rapport Sarr-Savoy sur la restitution du patrimoine culturel africain. C’était à l’Institut Goethe à Cocody Mermoz le 4 novembre 2022, en présence de l’ambassadeur d’Allemagne en Côte d’Ivoire, Ingo Herbert.

Le « Djidji Ayokwê » est attendu avec impatience et dans le respect des us et coutumes requis.
Le « Djidji Ayokwê » est attendu avec impatience et dans le respect des us et coutumes requis.



Cette conférence accompagnée de discussions à propos du retour des biens spoliés, pillés à l’époque coloniale par la France et qui se trouvent en partie au Musée du Quai Branly à Paris, vise à éclairer et informer les Africains sur le contexte de la justice sociale et patrimoniale, à en croire la conférencière.

Il s’agit pour ces pièces dont l’une est le célèbre tambour des Ebrié qui doit revenir en Côte d’Ivoire, de réajuster un déséquilibre qu’est la quasi-totalité du patrimoine matériel africain ancien qui se trouve en Europe, dans des musées.

Pour ce qui concerne le tambour ébrié qui est parti il y a 106 ans, selon Tagro Gnoleba Francis, directeur du musée de civilisation de Côte d’Ivoire, son retour est annoncé d’ici à 2023. « La demande de retour de Djidji Ayokwê est formulée depuis 1957 par les communautés. Si tout rentre dans l’ordre, l’élément doit revenir d’ici à 2023 », a-t-il déclaré.

Bien avant le retour sur ses terres, il y a plusieurs actions et actes à poser. Dont celui de sa désacralisation. « Le tambour a été arraché aux communautés en 1916. C’est en 1930 qu’il a été transporté en France. Entre temps, il est resté dans la cour du gouverneur. Et le bas est vermoulu (le bas a été infesté). Et aussi, il n’a pas été désacralisé. Alors étant conscient de ce fait, le Quai Branly a demandé l’approbation des communautés avant d’entreprendre une quelconque action sur l’objet. Et c’est cette phase qui est en train d’être faite. C’est pourquoi des communautés sont en partance pour la France », a-t-il révélé.

Nous avons la technicité pour accueillir le tambour

« Aujourd’hui, nous apprenons toute la technicité pour mieux conserver notre Djidji Ayokwê. La technicité par la logistique, les structures de conservation, des réserves et même les nouvelles méthodes de Transfert ou de prêt d’objets qu’on appelle la régie des collections. Nous avons cette compétence aujourd’hui. C’est vrai, nous n’avons pas de structure de haute technologie, mais nous avons des structures pour accueillir notre bien », rassure le directeur du Musée national.

Pour le retour du tambour au pays, il a indiqué que l’objet dans un premier temps va "se reposer" dans les communautés avant d’être exposé à la présidence de la République et enfin le Musée, le temps de lui trouver une place définitive.

Les œuvres restituées sont celles demandées par les Etats

Pour le moment, affirme, Bénédicte Savoy, les œuvres qui seront restituées sont des œuvres demandées par différents Etats africains. Le Nigeria, selon elle, a demandé à l’Allemagne près de 600 pièces. L’Allemagne a rendu les titres de propriété de près de 600 pièces l’été dernier. La France a rendu environ 2,5 tonnes du patrimoine royal d'Abomey, aujourd’hui République du Bénin. Il s’agit de différentes pièces.

Le Djidji Ayokwê bientôt sur la terre de ses ancêtres. (Ph: Dr)
Le Djidji Ayokwê bientôt sur la terre de ses ancêtres. (Ph: Dr)



« Pour la Côte d’Ivoire, l’on parle d’une seule pièce. La Côte d’Ivoire compte plusieurs milliers de pièces au Musée de Quai Branly et elles sont éligibles à la restitution. Pour le moment, c’est une seule pièce qui a une importance symbolique, religieuse de pouvoir considérable pour une communauté et plus généralement pour la Côte d’Ivoire », a expliqué la conférencière.

Les restitutions ne se limitent pas au retour physique des œuvres

A en croire l’historienne de l’art, Bénédicte Savoy, ces objets restituent le savoir qu’ils renferment. « Dans les musées européens, ces pièces qui sont les témoins matériels de cultures spécifiques, ont été privées de leur pouvoir agissant, de leur fonction esthétique, pratique ou rituelle, de leur capacité à faire germer des idées », a laissé entendre l’historienne. Qui a expliqué que certains de ces potentiels peuvent à nouveau se libérer, sans que l’on puisse prévoir sous quelle forme.

Pour elle, les pièces restituées ont un pouvoir d’évocation. Ce sont elles qui vont désormais susciter des créations. L’exemple récent, ajoute-elle, de Cotonou en apporte une preuve extraordinaire. Les 26 pièces rendues ont été exposées cette année entre février et mai en combinaison avec 130 œuvres d’art contemporain, et cela a donné un résultat incroyable. Pour elle, les restitutions d'œuvres d'art seront l’un des grands enjeux du XXIe siècle entre l’Europe et l’Afrique.



Le 07/11/22 à 14:09
modifié 07/11/22 à 14:09