
Protection de la petite enfance : Nouveau-nés orphelins, ces héros du sort
Assise au milieu de la cour carrelée, maman Koné Lagnon Fidèle, première responsable de l’Ong « Mission d’amour » accepte de parler de la vie de ces enfants dont l’histoire interpelle les consciences et invite plus d’un, à la nécessité de construire un monde d’amour inconditionnel, de paix et de solidarité partagée.
Elle souhaite surtout garder l’anonymat de ses bout-de-chou pour chaque pan de vie contée. Histoire de garder secret du grand public les choses de « sa famille » forte d’une trentaine de jeunes pensionnaires. La grande famille qu’elle forme au sein de « l’Ong Mission d’amour pour sauver les nouveau-nés orphelins et lutter contre la mortalité maternelle ».

Au cœur d’un conflit familial
La voix empreinte d’émotion, Koné Lagnon Fidèle attire l’attention sur un fait marquant. C’est l’histoire de ce bébé qui la conforte dans sa volonté de poursuivre sa mission d’amour : « J’ai été témoin d’un cas où, après dix ans de mariage, le couple n’arrivait pas à enfanter. Le couple s’est soumis à plusieurs consultations aussi bien chez le naturothérapeute qu’auprès des médecins de l’hôpital classique Et Dieu merci, elle est tombée enceinte. C’était important pour l’honneur du couple. Malheureusement, l’heure de l’accouchement ne leur a pas souri. La mère a perdu la vie en donnant vie au bébé. Choqué au plus profond de lui, le père refusait de voir l’enfant qui le ramenait au souvenir de sa mère. De l’autre côté, la belle-famille le rendait plutôt lui, et non l’enfant, entièrement responsable de la mort de leur parente. De cet enfant, le père ne voulait plus. La belle-famille non plus, parce qu’elle mettait l’accent sur cette volonté mortelle du père qui voulait coute que coute avoir un enfant. Pour la belle-famille donc, c’est au père de garder cet enfant tant désiré au point de conduire leur fille à la mort. C’était difficile pour le père moralement déséquilibré par cette situation ».
Dans la maison d’accueil de cette Ong, l’émotion est grande pour celui qui y arrive pour la première.
Croyances décalées
Dans ce centre, la base pour l’admission est commune mais l’histoire de chaque enfant est particulière et toujours émouvante. En effet, l’exemple de cette jeune pensionnaire âgée de 5 ans en dit long. Admise à la Maison d’accueil de l’Ong Mission d’amour, depuis le berceau et le décès en couches de sa génitrice, elle y avait été accompagnée par son père, avec l’accord de tous ses parents maternels et paternels.
Pour eux, un enfant qui perd sa mère en couches serait forcément un enfant de malheur. Alors pas question de le ramener à la maison au risque l’étendre à d’autres membres de la famille.
Certains parents auraient même envisagé de la conduire à la mer ou en forêt pour la soumettre au rituel du retour d’enfant indésiré. Cinq ans donc que la petite vit dans cette maison d’accueil sans une seule visite d’un parent, à part celle des différents responsables de l’Ong et des nombreux visiteurs au grand cœur.
Pour le plus âgé de ce centre, les choses ne sont pas si différentes. Seize ans qu’il vit aux côtés des -membres de l’Ong, justement depuis la création de « Mission d’amour ». Arrivé au berceau après le décès en couche de sa mère, son père lui rendait régulièrement visite. Il avait surtout besoin de trouver à son fils, sur le champ, une mère aimante et un environnement chaleureux. Il avait régulièrement fait acte de présence au centre, jusqu’à l’âge de 4 ans. Avant d’espacer ses visites. Et aujourd’hui, plus rien. Aucune visite.

Aucun coup de fil. En retour, sa ligne téléphonique semble avoir été interrompue. A la maison, les locataires ignorent sa nouvelle habitation. Inscrit à l’école depuis le préscolaire par la « maman » de mission d’amour, il est aujourd’hui admis en classe de seconde et fait la fierté de ce pensionnat où chaque jour se vit au rythme du passage des donateurs et d’un personnel acquis à la cause.
Dortoirs et salles de soins : le rêve d’une véritable maison d’accueil
Mercredi 26 octobre. Environ sept mois après la première rencontre avec les jeunes pensionnaires de ce centre spécialisé, rien n’a fondamentalement changé. Dans la mini-villa qu’ils occupent, la trentaine d’enfants pensionnaires de l’Ong mission d’amour donne toujours un espoir de vie. Jeux d’enfants. Bavardages parfois marqués de piques, beaucoup plus pour attirer l’attention, que pour mettre en colère leurs interlocuteurs, ils jouent ou taquinent tout visiteur qui pour eux, est de facto un parent.
Ici, l’ambiance est toujours joviale. Mais de sa place où elle est assise en mère digne et observatrice de l’évolution de sa trentaine de gosses, Koné Lagnon Fidèle rêve toujours d’un mieux vivre pour ses pensionnaires. Sans vouloir présenter l’image hideuse d’une main tendue à tout bout de champs au nom de « ses enfants », elle attire l’attention sur la nécessité de leur offrir un cadre agréable et plus respectueux de leurs besoins : « Nous sommes maintenant à l’étroit. Nous sommes dans une maison de location aménagée pour la circonstance » confie-t-elle.
La voix chaleureuse, celle qui est affectueusement surnommée « La mère des enfants sans mère » partage son rêve de mettre en valeur le lot de 600m2 acquis dans la commune d’Anyama, en vue d’offrir aux gosses, des locaux d’une vraie maison d’accueil, avec des dortoirs, ainsi qu’un établissement scolaire allant de la classe de la maternelle jusqu’au Cm2. Dans la continuité de l’actuel espace transformé en salle de soins où se relaient deux pédiatres selon leurs emplois du temps, la responsable de « Mission d’amour » rêve de construire une salle de consultation gynécologique pour les mamans, afin qu’elles suivent toutes leurs consultations prénatales.
C’est en vue, selon elle, de leur prodiguer les premiers conseils avant de les orienter vers les hôpitaux généraux et éviter ainsi d’éventuels décès maternels. « Je rêve également d’un laboratoire d’analyse au sein de cette structure pour que, quand on prend le sang d’un enfant, on ne soit pas tenu de parcourir de longue distances pour savoir ce qui ne va pas. Ce n’est pas toujours facile. Mais comme ils sont généralement vaccinés avant d’arriver dans notre centre, même quand ils contactent des maladies, ils ne développent pas la forme grave. Mais pour ceux qui arrivent par exemple à moins de 9 mois, nous faisons attention » confie-t-elle en véritable « mère-poule ».

Pour un monde de solidarité et de paix
Mus par leur volonté insouciante de grandir dans un monde d’amour, de solidarité et de paix partagée, les pensionnaires de l’Ong concernée, ces enfants dont les mères sont mortes en couches vivent au rythme des cœurs aimants. Et pour eux, Lagnon Fidèle ne garde pas la langue de bois : « Qui peut apporter des vivres, des vêtements, du sable, du gravier, des pots de peinture, ou du ciment est toujours le bienvenu ».
Aux visiteurs qui marquent leur désir d’avoir de prendre des enfants en adoption, elle donne encore des réponses claires : « Nous sommes ici dans une maison d’accueil et non un centre d’adoption. Notre volonté est que la situation pour laquelle l’enfant se trouve ici s’améliore car tout bout-de-chou est toujours bien dans sa famille. Notre travail permet à des familles d’exister et aux enfants de garder l’espoir d’un lendemain meilleur », fait savoir la présidente de l’Ong Mission d’amour.