Propos recueillis REPAM-CDS KINSHASA

Hon Tiboué Tchin Michel

Propos recueillis REPAM-CDS KINSHASA

Le 14/10/22 à 10:30
modifié 15/10/22 à 11:39
Propos recueillis

Tiboué Tchin Michel, Rapporteur général de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale : « Voir s’il faut diversifier les partenariats et trouver ce qui est bien pour l’Afrique »

Hon Tiboué Tchin Michel
Hon Tiboué Tchin Michel

Le thème de cette rencontre interpelle déjà toute l’Afrique parce que nous sommes à une période charnière au cours de laquelle nous devons repenser tous les accords conclus avec l’Occident pour la simple raison qu’il y en a qui ont marché et d’autres ne l’ont pas été. Il fallait donc faire un bilan et voir dans quelle mesure il faut entreprendre une nouvelle dynamique dans la coopération. Nous devons, à partir de ce bilan, changer les méthodes afin de ne plus être arrimés à l’ancienne méthode de coopération. Nous devons voir s’il faut diversifier les partenariats et trouver ce qui est bien pour l’Afrique parce qu’on ne peut pas faire ton bonheur contre ta volonté. La Côte d’Ivoire fait partie des pionniers de ce réseau, raison pour laquelle son secrétariat se trouve à Abidjan. Nous sommes venus écouter les autres parlementaires, comprendre les mécanismes par lesquels ils parviennent à vivre dans cette nouvelle architecture sécuritaire dans laquelle parfois c’est le partenaire qui s’ingère dans le système sécuritaire. Et aussi voir comment ils parviennent à tenir face à ces guerres asymétriques.

Hon. Yéo Fozié, président d’honneur du Repam-Cds : « Ceux qui prennent les décisions sécuritaires pour l’Afrique le prennent mal »

Hon. Yéo Fozié
Hon. Yéo Fozié

Ce réseau qui a été pensé depuis 2016 à Dakar lorsque le député Sidiki Konaté, président de la Cds d’alors et ses pairs du Bénin, de la Guinée, du Sénégal, est un outil qui fait énormément pour la lutte contre l’insécurité en Afrique. La Côte d’Ivoire, après avoir organisé la 2e Conférence en 2019 et ensuite en 2020, à la place du Mali, a contribué à impacter l’épanouissement du réseau en faisant passer le nombre des membres de 5 à 26. Ce en sensibilisant, dès que nous avions l’occasion, les présidents d’Assemblée nationale de pays d’Afrique que nous visitons et leurs Sénateurs. Aujourd’hui je peux, en tant que président d’honneur qui fait le coaching, dire que le réseau a permis de partager beaucoup d’expériences à force de nous fréquenter. Cela nous a permis d’améliorer tous les textes de loi que nous avons sur les domaines de la sécurité et nous sommes au stade de la réglementation de la loi portant carrière de militaire en Côte d’Ivoire. Et beaucoup de pays s’appuient sur nous pour actualiser leurs textes dans ce sens. Le constat que nous avons fait en termes de coopération est que les pays européens se plaignent de ce qu’ils dépensent beaucoup pour aider l’Afrique à se sécuriser alors que les Africains les taxent de venir en Afrique pour des objectifs inavoués. Il est clair qu’il y a souvent un dialogue de sourds lorsqu’il s’agit de structure mises sur pied ou à mettre sur pied en matière de sécurité en Afrique. Après réflexions, il revient de dire que ceux qui prennent les décisions pour l’Afrique le prennent mal.

Camara Moritié, professeur titulaire d’histoire de relation internationale, Université Alassane Ouattara : « Les députés doivent mener la diplomatie dans ce sens à travers leurs mécanismes »

Prof Camara Moritié
Prof Camara Moritié



La diplomatie parlementaire dans la signature des accords de partenariat doit être une réalité. Parce que le Parlement est le lieu de la promotion des intérêts du peuple. Il peut mener une certaine diplomatie à travers divers mécanismes, notamment les commissions des Affaires extérieurs et les groupes parlementaires. L’Afrique doit cesser de se considérer comme la chasse gardée d’un pays ou d’un autre parce que ça ne l’est pas. Fondamentalement nous sommes indépendants depuis 60 ans et nous devons l’assumer dans le choix de nos partenaires pour le développement, la sécurité, etc. Nous sommes dans un système où les puissances traditionnelles de l’Afrique sont rejointes par d’autres puissances également qui ont d’autres expériences à proposer. L’Afrique ne peut pas se priver de pouvoir bénéficier de ces expériences sous le couvert que nous sommes la chasse gardée d’un pays quelconque. Aujourd’hui les peuples africains ont soif de souveraineté et souhaitent que l’indépendance qui leur a été octroyée soit réelle et que nous cessons de nous comporter comme si nous n’avons pas d’intérêts à préserver mais des amis. Le Parlement doit donc avoir un regard sur la signature des accords de défense et leurs contenus.

Hon. Catherine Koné, membre de la Cds : « Nous devons réfléchir avec nos voisins et partenaires pour sortir des accords qui profitent à tous »

Hon. Catherine Koné
Hon. Catherine Koné

Nous devons sortir de certains accords en nous appuyant sur l’existant et surtout sur certains partenariats que les pays européens ont pu nouer entre eux. Étudier les problèmes de sécurité auxquels ils étaient confrontés pour voir si cela colle avec notre continent avant de les appliquer. Car nous avons nos réalités et en tant qu’Africain, la sécurité est très vaste pour nous. Elle englobe la santé, l’hygiène et les sujets les plus récurrents et difficiles pour nous sont les guerres, le terrorisme, etc. qui nous fatiguent énormément. Il est vrai que vu la situation en Ukraine, l’Afrique et l’Occident se rejoignent un tout petit peu mais nous n’avons pas les mêmes réalités sécuritaires. C’est pour cette raison que nous devons réfléchir ensemble avec nos voisins et même les partenaires occidentaux et autres pour sortir des accords de coopération qui profitent au continent. Les représentants des pays présents à ces assises sont unanimes sur les efforts que consentent les autorités avec en première ligne, le Chef de l’État, pour la quiétude des Ivoiriens. Idem pour le président de l’Assemblée nationale qui, dès sa prise de pouvoir, s’est engagé dans la diplomatie parlementaire que nous soutenons entièrement pour que la Côte d’Ivoire ait de vrais amis en Afrique pour une coopération gagnant-gagnant.

Envoyé spécial en RDC


Le 14/10/22 à 10:30
modifié 15/10/22 à 11:39