La coopération entre la Côte d’Ivoire et l’Allemagne se porte bien, et même très bien au point que les deux pays se sont engagés dans un partenariat gagnant-gagnant. Premier producteur mondial de la fève de cacao (45% de la production mondiale avec 2 millions de tonnes par an), la Côte d’Ivoire est un marché qui intéresse l’Allemagne.

Cornelia Berns, directrice de la Coopération internationale, au ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture de la République Fédérale d’Allemagne, a affiché, le 11 septembre à Berlin, la détermination de son pays à accompagner la Côte d’Ivoire à promouvoir l’agriculture durable dans le secteur du cacao. « Nous aidons la Côte d’Ivoire à mettre en place un système visant à aider les cultivateurs ivoiriens en vue d'une production durable de cacao. Le marché du cacao nous intéresse beaucoup. Nos consommateurs sont parfois préoccupés par la production du cacao. Nous collaborons avec le gouvernement ivoirien pour avoir des systèmes qui permettent au pays de cultiver le cacao de manière durable », a-t-elle expliqué aux participants au Programme des hôtes qui se tient du 9 au 15 octobre à Berlin.

L’Allemagne, faut-il le rappeler, apporte son appui à la Côte d’Ivoire dans le cadre du développement des produits agricoles comme le cacao à travers plusieurs projets structurants. Cette volonté de la première puissance économique européenne s’est encore traduite, récemment, par la signature d’un partenariat avec la Côte d’Ivoire d’un coût de 2 milliards de F Cfa portant sur la « durabilité et la valeur ajoutée dans les chaînes d’approvisionnement agricoles » ou « Projet pro-agrichains ». Mis en œuvre par la Giz, ce projet vise le renforcement des chaînes d’approvisionnement agricoles durables, respectueuses de l’environnement et génératrices de revenus décents pour tous les acteurs impliqués. A ce jour, ce sont 450.000 petits producteurs qui ont été formés par l'Agence de coopération internationale allemande pour le développement (Giz) aux bonnes pratiques agricoles.

Des propositions pour faire face à l’insécurité alimentaire

Cornelia Berns a laissé entendre que face à l'insécurité alimentaire, la coopération internationale est d’une urgence capitale. D’où la création d’un Comité de la sécurité alimentaire dans son ministère pour faire face aux défis auxquels est confronté le secteur agricole. « Nous travaillons ensemble avec les scientifiques, la société civile pour avoir des solutions pour le développement du secteur agricole », a-t-elle indiqué.

Revenant sur la conférence internationale pour la sécurité alimentaire qui s’est tenue le 24 juin dernier autour du thème « Ensemble contre la faim », Cornelia Berns a interpellé les États sur la nécessité de la transformation de la production agricole et de nouvelles politiques en la matière. Cela s'impose d’autant plus que les chaînes d’approvisionnement, déjà en proie aux effets du changement climatique (sécheresse, inondations ici ou là) ont été perturbées par la pandémie de la Covid-19 et surtout la guerre Russie-Ukraine qui a fortement ébranlé le marché céréalier mondial, quand on sait que ces deux pays en sont de très gros producteurs. « Si nous ne nous mettons pas ensemble pour faire face à cette grande crise, nous n’allons pas atteindre l’Objectif de développement durable. En effet, si nous ne faisons pas front pour éliminer la menace actuelle, nous serons confrontés à plus de famine à l’avenir malgré que nous comptions tous sur la biodiversité, sur l’écosystème pour l’avenir de l’agriculture », craint Cornelia Berns. Et de prévenir : « Si nous perdons la biodiversité, nous mettrons en danger la sécurité alimentaire à l'échelle mondiale. »

Envoyée spéciale à Berlin.