Mahama Coulibaly, président de la Fédération ivoirienne de basket-ball: "Il est temps que le basket-ball soit regardé autrement dans notre pays"

Mahama Coulibaly, président de la Fédération ivoirienne de basket-ball. (Ph: Dr)
Mahama Coulibaly, président de la Fédération ivoirienne de basket-ball. (Ph: Dr)
Mahama Coulibaly, président de la Fédération ivoirienne de basket-ball. (Ph: Dr)

Mahama Coulibaly, président de la Fédération ivoirienne de basket-ball: "Il est temps que le basket-ball soit regardé autrement dans notre pays"

Le 03/09/22 à 22:57
modifié 03/09/22 à 22:57
Avec le recul, comment analysez-vous la dernière fenêtre de la Fiba qui a eu lieu les 26, 27 et 28 août au Palais des Sports de Treichville ?

Il faut dire que nous sortons de cette compétition soulagés. Nous sommes surtout satisfaits de la réalisation de nos objectifs. Avant tout, nous devons remercier le Seigneur qui a permis tout cela, mais aussi toutes ces personnes, qui de près ou de loin, ont apporté leur contribution. Merci à toute la Côte d’Ivoire qui, dans toute sa composante, s’est levée pour faire de cet événement un succès. A ces remerciements, j’associe les joueurs et leurs encadreurs qui nous ont rendus fiers. Mais ce n’est qu’une partie des objectifs qui a été atteinte. Le travail continue. Nous irons au Mondial pour exposer la Côte d’Ivoire qui gagne et qui se développe. Le but de tout le travail que nous abattons est de faire en sorte que, dans ce grand pays de sport qu’est la Côte d’Ivoire, l’on puisse avoir un regard nouveau sur le basketteur. Que le basket-ball soit regardé autrement dans notre pays.

Comment avez-vous vécu cette période importante de la vie du basket-ball ivoirien ?

Je l’ai vécu avec beaucoup d’intensité, de passion... C’était assez dense. Nous étions au four et au moulin. Il fallait rester éveillé et gérer au mieux toutes les difficultés qui se présentaient à nous. Au-delà de la production sportive, il y avait l’organisation, la réhabilitation du salon présidentiel, l’adhésion du public, le satisfecit de la Fiba. Aucune œuvre humaine n’est parfaite. Mais nous sommes très heureux de savoir que tout s’est bien déroulé et que notre équipe s’est montrée à la hauteur des débats.

Vous avez mis beaucoup de moyens dans l’organisation de cette fenêtre...

Nous l’avons fait, parce qu’il s’agit de la Côte d’Ivoire qui recevait une partie de l’Afrique. Le Président de la République, son Premier ministre et leur ministre des Sports veulent faire de la Côte d’Ivoire une terre des grands événements sportifs. Pour nous, c’était une occasion de traduire dans les faits cette volonté politique du pays. Mais en même temps, pour nous à la Fédération ivoirienne de basket-ball, c’était un défi. Depuis que nous sommes élu à la tête de cette fédération, nous ne cessons de nous positionner comme une fédération efficace en organisation d’événements. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons voulu organiser ces événements-là. Il fallait être à la hauteur des attentes de la Fiba et faire une belle surprise aux Ivoiriens qui avaient mal à leur basket-ball, pour leur dire qu’ils peuvent désormais rêver des lendemains meilleurs avec nous. En somme, les grands moyens dont vous faites allusion sont fonction du défi qui nous a été lancé. Et je crois que nous aimons bien les défis.

Quel bilan faites-vous des deux fenêtres Fiba que vous avez organisées à Abidjan ?

Nous n’avons pas encore fait de bilan. Mais les retours que nous avons déjà sont rassurants. Surtout la satisfaction de la Fiba. Son secrétaire général, Alphonse Bilé, est connu pour être avare en compliments. Alors quand un tel monsieur vous félicite, cela n’a rien de complaisant. Et puis, il y a l’avis positif des officiels techniques internationaux qui étaient là pour la supervision. Ils ont noté une montée en puissance de l’organisation depuis le mois de juillet, jusqu’à ce mois d’août. C’est ce que je retiens, pour le moment. Autrement dit, on aura le temps de nous asseoir pour faire le bilan détaillé.

Il y a surtout cette équipe de Côte d’Ivoire qui se qualifie brillamment et avant terme...

En effet, cela faisait aussi partie de nos plans. Honnêtement, nous avons candidaté pour abriter ces deux fenêtres pour donner plus de chance à notre équipe de se qualifier. Finalement, on se rend compte que ça a été une très bonne idée. Aujourd’hui, nous sommes le premier pays au monde qui se qualifie pour la Coupe du monde 2023, hormis les pays co-organisateurs qui sont le Japon, l’Indonésie et les Philippines. D’où notre grande fierté d’avoir réussi à hisser la Côte d’Ivoire à un tel niveau international.

Pensez-vous que les exploits de l’équipe nationale et l’impact que ce sport a eu sur les populations vont changer l’attitude des autorités compétentes vis-à-vis du basket-ball ?

C’est l’objectif que nous visons. Nos problèmes sont connus de tous. Chaque fois que nous présentons un budget, c’est à peine si on nous écoute. On nous banalise. Il fallait que les choses changent par le résultat et que le basket-ball, ou peu importe la discipline sportive, peut apporter le même impact sur le peuple que d’autres disciplines qui ont des préjugés favorables. En tout cas, c’est ce que nous avons voulu relever comme défi et je pense que nous avons réussi. Enfin, on verra bien la suite. Nous espérons qu’il va avoir un changement de paradigme avec les politiques afin que nous puissions avoir des moyens conséquents pour nous développer davantage.

Finalement, à quoi servira la fenêtre 5 qui aura lieu en février 2023, pour la Côte d’Ivoire déjà qualifiée ?

Cette fenêtre va servir de préparation pour notre équipe. Dès la semaine prochaine, nous nous mettons en mode Coupe du monde.

Quel sera l’objectif pour la Coupe du monde ?

Nous devons être la meilleure équipe du continent au sortir du Mondial asiatique, afin d’être qualifiée pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Cela se prépare un an à l’avance. Nous avons à cœur d’organiser le Tournoi d’Abidjan avec des équipes de haut niveau, telles que celle de la France, du Japon, etc. C’est à ce niveau que nous voulons hisser notre équipe nationale, pour qu’Abidjan soit un hub pour le basket-ball international. On compte y travailler avec les ambassades et les Fédération de ces pays. Ce sera le début de la préparation officielle.

De qui cette équipe de Côte d’Ivoire tient-elle sa hargne de vaincre ?

Cette équipe est à l’image de la Fédération. Ces joueurs sont les mêmes. Ils étaient là. Sauf que nous sommes venus insuffler une nouvelle dynamique, avec de nouvelles valeurs. Forcément, cela rejaillit sur le groupe. Aujourd’hui, on a une équipe, avec des joueurs interchangeables.

Quel discours leur tenez-vous ?

En réalité, il y a une vraie complicité entre les joueurs eux-mêmes, entre eux et leurs encadreurs et la Fédération. Une communication permanente pour leur faire prendre conscience du rôle qu’ils jouent pour le pays. Une fusion et surtout le respect des engagements pris. Et puis, le fait d’être dans de bonnes conditions de travail aide à mieux s’exprimer et à se surpasser.

Qu’en est-il de Mo Bamba qui était à Abidjan dans cette même période ?

Il s’agissait de montrer que la Côte d’Ivoire est aussi présente en Nba. Montrer aux jeunes Ivoiriens que cette Ligue Nord-américaine de basket-ball est accessible. Pourvu qu'on ne baisse pas les bras. Non seulement, ce joueur reviendra investir en Côte d’Ivoire, mais en plus Mo Bamba va bientôt apporter sa contribution à l’émergence et au positionnement de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Mo Bamba ne joue pas qu’en Nba, il fait partie du 5 majeurs de son équipe. Donc un joueur qui compte et qui va rejoindre la sélection nationale pour la Coupe du monde 2023.

L’équipe a changé de statut et cela demande davantage de moyens pour l'entretenir...

Avec le positionnement que nous avons, cette équipe de Côte d’Ivoire n’appartient plus à la Fédération ivoirienne de basket-ball, encore moins à Mahama Coulibaly. Elle appartient au Président Alassane Ouattara, à son gouvernement. C’est pourquoi nous allons chercher à rencontrer le Chef de l’État pour lui présenter ses valeureux fils. La Fibb a reçu la délégation du ministère des Sports, qui lui-même a reçu la délégation du Président de la République, pour gérer le basket-ball. Nous avons fait ce qu’il y avait à faire à notre niveau pour repositionner le pays plan international. Le moment est venu de lui faire le point sur le basket-ball. Ce sera l’occasion de présenter le chemin parcouru. Maintenant, il faut attaquer ce qu’on appelle le développement local, en ayant les moyens d’aller à l’extérieur, pour exposer cette Côte d’Ivoire qui gagne et qui se développe. Nous comptons parmi les meilleures nations du continent. Aucun sacrifice n'est de trop.


Le 03/09/22 à 22:57
modifié 03/09/22 à 22:57