Fête de génération à Attinguié: Les Mounan font leur sortie officielle

Des représentants des 4 classes d’âge de de la génération sortante tiennent chacun, le bout d’un drapeau multicolore en signe d’unité et de solidarité.(Photos ; Julien Monsan)
Des représentants des 4 classes d’âge de de la génération sortante tiennent chacun, le bout d’un drapeau multicolore en signe d’unité et de solidarité.(Photos ; Julien Monsan)
Des représentants des 4 classes d’âge de de la génération sortante tiennent chacun, le bout d’un drapeau multicolore en signe d’unité et de solidarité.(Photos ; Julien Monsan)

Fête de génération à Attinguié: Les Mounan font leur sortie officielle

Le 28/08/22 à 18:12
modifié 28/08/22 à 18:16
A 9 heures déjà ce 25 août, la voie principale du village d’Attinguié situé à quinze kilomètres du corridor de Gesco, sur l’autoroute du Nord grouille de monde. Dans toutes les concessions de ce paisible village de trente mille âmes, les basses des enceintes jouent à tue-tête des airs populaires de la musique traditionnelle Akyé tandis que les femmes s’activent dans les cuisines pour préparer le déjeuner.

La foule massive a suivi la procession par des chants d'encouragements. (Julien Monsan)
La foule massive a suivi la procession par des chants d'encouragements. (Julien Monsan)



Les premiers fêtards sont déjà attablés et dans les rues. Les jeunes gens, balais en mains, font la toilette du village. La sortie d’une génération, tous les quinze ans, constitue depuis des lustres un évènement majeur pour le peuple Akyé en général et celui d’Attinguié en particulier. Cela signifie que ladite génération est apte à prendre les rênes du pouvoir. Cette fois-ci, ce sera celle des Mounan.

À 10 heures, sur la place publique du village, les officiels commencent à faire leur entrée. Plusieurs milliers de visiteurs aussi. Tous veulent participer à cet événement majeur en pays Akyé.

À midi, la cérémonie atteint son point culminant sous un soleil de plomb. La voie principale du village est noire de monde. Ils sont plusieurs milliers à vouloir voir la procession des quatre classes d’âge de la génération Mounan.

Un chef guerrier de la génération Mounan, en pleine démonstration devant les officiels. (Julien Monsan)
Un chef guerrier de la génération Mounan, en pleine démonstration devant les officiels. (Julien Monsan)



Soudain, des cris stridents se font entendre. Et une dizaine d’enfants haut comme trois pommes, le torse nu, enduit d’argile et un pagne rouge à la taille ouvrent la procession. Juste après eux, les « kotebossons », griot dans la tradition Akyé, corne de buffle à la bouche lancent en patois, une série de phrases qui annoncent l’arrivée très proche des Mounan. Mais avant, un homme, lui aussi torse nu et un pagne blanc à la taille, recouvert entièrement d’argile fait son entrée. C’est le protecteur dont le rôle est de déjouer toutes les attaques et les pièges de l’ennemi qui, le plus souvent, se fait dans le monde paranormal, loin du regard des non-initiés. Par la suite, quatre hommes représentant les 4 classes d’âges de de la génération sortante, à savoir les Djéhué, les Tchôgba, les Boto et les Agbri tiennent, chacun le bout d’un drapeau multicolore en signe d’unité et de solidarité entre les membres d’une même génération.

Les enfants qui, dans quinze ans succéderont aux Mounan, ont pris une part active à la sortie officielle de leurs prédécesseurs. (Julien Monsan)
Les enfants qui, dans quinze ans succéderont aux Mounan, ont pris une part active à la sortie officielle de leurs prédécesseurs. (Julien Monsan)



La procession des MounanC’est la classe d’âge des benjamins, celle dite Agbri qui ouvre la marche. Les guerriers, torses nus et corps blanchis à l’argile, encadrent le chef-guerrier sabre au clair et visage noirci à la poudre de charbon. Tous entonnent, dans une tradition séculaire, le chant rituel fredonné par leurs ancêtres. La foule chante et applaudit la démonstration de force des guerriers. À la suite des guerriers, les femmes et le chef de la classe d’âge des Agbri font montre de leur savoir-faire traditionnel. Suivront la classe d’âge des cadets appelés Bonto puis les Tchogba, les ainés, et enfin les Djéhué qui sont les plus anciens de la génération Mounan. Tous feront le même rituel, immuable, depuis des siècles. La procession progresse à la vitesse d’une limace. Il lui faudra plus de deux heures pour parcourir à peine 2 kilomètres et regagner la place publique d’Attinguié, dans une ambiance festive et carnavalesque qui incite les meilleurs danseurs des différentes classes d’âge de la génération Mounan à donner un spectacle haut en couleur.

Des profils professionnels variésSauf cas de force majeure et peu importe son lieu d’habitation, aucune absence n’est tolérée pour les membres d’une génération qui fait sa sortie officielle. C’est pourquoi, les Mounan étaient plus d’un millier d’hommes et de femmes. Certains installés en Europe sont venus prendre part à cet événement. Si auparavant, ils étaient paysans, chasseurs ou pêcheurs, maintenant, dans les sorties de génération on trouve de tous les profils. Hommes et femmes d’Affaires, cadres de l’administration publique ou privée, chef d’entreprises etc, les profils professionnels de la générations des Mounan sont variés. Il y’a même dans leurs rangs, un légionnaire de l’armée française.

La sortie du chef guerrier encadré par sa cour a constitué l'une des attractions majeures de la sortie de génération des Mounan. (Julien Monsan)
La sortie du chef guerrier encadré par sa cour a constitué l'une des attractions majeures de la sortie de génération des Mounan. (Julien Monsan)



Placé sous le patronage du président de l’assemblée nationale, Adama Bictogo, sous le parrainage de Robert Beugré Mambé, gouverneur du district d’Abidjan et sous la Co-présidence de Michel Coffi Benoit, sénateur et de Fatima Bamba, opératrice économique, la sortie de la génération Mounan a enregistré la participation d’un parterre de personnalités politiques et du monde des affaires.Dioulo Loba Timothée, président du comité d’organisation, a dans une brève allocation, tenu a exprimé « sa gratitude à l’ensemble des personnes illustres et moins connues» qui ont contribué à la réussite de la fête.

Jusque très tard dans la nuit, chants et danses ont continué avec des bals éclatés dans tout le village d’Attinguié.moriba sanogo

La cérémonie était placée sous le patronage du président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo.



Le 28/08/22 à 18:12
modifié 28/08/22 à 18:16