Côte d’Ivoire : La réconciliation comme socle, la concorde comme horizon ! (contribution)

Les "trois grands" lors de la rencontre du 14 juillet 2022, au Palais présidentiel à Abidjan-Plateau. (Dr)
Les "trois grands" lors de la rencontre du 14 juillet 2022, au Palais présidentiel à Abidjan-Plateau. (Dr)
Les "trois grands" lors de la rencontre du 14 juillet 2022, au Palais présidentiel à Abidjan-Plateau. (Dr)

Côte d’Ivoire : La réconciliation comme socle, la concorde comme horizon ! (contribution)

Le 14 juillet dernier, le président Ouattara organisait une rencontre historique avec Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié. Il y avait plus de dix ans que le président et ses deux prédécesseurs ne s’étaient pas réunis. Un symbole qui couronne la politique de réconciliation portée par le président Ouattara depuis son accession au pouvoir en 2011.
Un an après la rencontre entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, le 27 juillet 2021, la rencontre du 14 juillet 2022 (Ouattara-Bédié-Gbagbo) est une nouvelle étape fondatrice sur le chemin de la concorde nationale : un objectif particulièrement cher au Président Ouattara. Dans sa nature et son contenu, elle est un concentré des particularités de la politique de réconciliation du Président. Celle-ci passe autant par l’amnistie politique que le développement économique.

L’entretien s’est déroulé au palais présidentiel d’Abidjan pendant plus d’une heure. Les trois hommes affichent un visage cordial empreint de coopération. Une nette rupture avec les fortes tensions post-électorales de décembre 2020. Ils auraient abordé les grands dossiers de la politique intérieure ivoirienne tels que la cherté de la vie ou encore les infrastructures.

Amnistier et intégrer

Les amnisties et la politique de retour d’exil n’en demeurent pas moins un axe clé de la politique de réconciliation d’Alassane Ouatarra. En témoigne le retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo en juin 2021. Une loi d’amnistie en sa faveur, et celles des militaires impliqués dans la crise post-électorale de 2010-2011, pourrait d’ailleurs être très prochainement votée.

Auparavant, d’autres personnalités avaient bénéficié de cette politique. Ainsi, en 2018, plusieurs centaines de personnes avaient bénéficié d’une ordonnance d’amnistie, dont l’ancienne Première-dame, Simone Gbagbo. En 2016, plusieurs personnalités pro-Gbagbo faisaient aussi leur retour d’exil dans le cadre de la politique de réconciliation : comme l’ancien ministre de la Défense Kadet Bertin mais aussi le colonel Kacou Brou (ancien leader de la Fesci) ou bien Watchard Kedjebo.

La réconciliation est aussi passée par la réforme du secteur de la sécurité (RSS). Ainsi, à partir de 2017, plusieurs anciens officiers supérieurs des forces armées ivoiriennes, issus de la rébellion, ont été limogés. Cela au profit de cadres anciennement pro-Gbagbo pendant la guerre civile. L’actuel chef d’Etat major des armées (CEMA), est d’ailleurs, lui-aussi, un ancien « gbagboiste » rallié au président Ouattara après la guerre civile.

Développer pour pacifier

Pour apaiser le jeu socio-politique ivoirien, depuis dix ans, la stratégie du gouvernement a aussi largement misé sur un continuum entre développement et réconciliation. Juste après une décennie de guerre civile, Alassane Ouattara était conscient de la grande polarisation ethno-communautaire du pays. Son effort s’est donc porté sur un développement équitable sur l’ensemble du pays.

L’un des principaux chantiers, aujourd’hui presque achevé, fut l’électrification du pays. En passant d’une couverture de 40 % en 2011 à 95 % en 2021. Sous l’impulsion du gouvernement, la Côte d’Ivoire a largement modernisé et développé son réseau routier et ses infrastructures logistiques (ports, aéroports, réseau ferroviaire, etc). Sans compter les initiatives en faveur du développement et de la compétitivité de la filière cacao (transformation industrielle, revenus des cultivateurs, etc), stratégique pour le pays.

Un jeu politique apaisé

En définitive, force est de constater l’efficacité de cette politique. En témoigne le taux de participation en hausse lors de la dernière élection présidentielle (54 %) en 2020. Et l’ampleur limitée, et rapidement maîtrisée, de la crise post-électorale qui s’en est suivie. Quelques mois plus tard, en mars 2021, les élections législatives étaient menées dans le calme. Un indicateur attestant de la pacification en bonne voie du jeu politique ivoirien. La tenue, il y a quelques jours, de cette réunion, ne fait que renforcer l’optimisme dans ce sens.

Ange Kouakou, Journaliste indépendant