Prévention de risques, gestion des catastrophes, secourisme/Amankou Kassi Gabin, Dg de l’Onpc: ‘‘Les pompiers civils et les pompiers militaires ont les mêmes attributions, mais...’’

Amankou Kassi Gabin, Directeur général de l’Office national de la protection civile. (Ph: Joséphine Kouadio)
Amankou Kassi Gabin, Directeur général de l’Office national de la protection civile. (Ph: Joséphine Kouadio)
Amankou Kassi Gabin, Directeur général de l’Office national de la protection civile. (Ph: Joséphine Kouadio)

Prévention de risques, gestion des catastrophes, secourisme/Amankou Kassi Gabin, Dg de l’Onpc: ‘‘Les pompiers civils et les pompiers militaires ont les mêmes attributions, mais...’’

La Côte d’Ivoire va se doter d’une politique nationale de protection civile, la première du genre. Le Directeur général de l’Onpc dévoile les grands axes de ce document et les perspectives de ce secteur.
Vous serez à Grand-Bassam, du 25 au 27 juillet, pour un atelier de validation de la politique et la stratégie nationales de protection civile en Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qui est prévu et à quoi doit-on s’attendre au sortir de cette rencontre ?

Du 25 au 27 juillet, nous nous retrouverons à Grand-Bassam pour plancher sur la politique nationale de la protection civile et la stratégie qui l’accompagne. L’objectif de cette rencontre est de valider le document national de politique et stratégie. Un projet de document politique et stratégie nationales a été élaboré à l’Onpc sous l’instigation du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité qui est la tutelle et qui conduit la politique du gouvernement pour que nous puissions disposer des outils de gestion des situations d’urgence, d’outils plus structurés, fédérateurs mais aussi à travers une vision globale et intégrée sur les questions de protection civile. Au cours de cet atelier, deux documents vont être présentés et analysés. Nous allons recueillir des observations et les recommandations de toutes les parties prenantes. On entend par parties prenantes, les partenaires du secteur public, du secteur privé, des organisations internationales, des partenaires financiers et ceux du système des Nations unies. Donc, c’est de façon globale que nous allons traiter toutes ces questions. Il s’agit d’une politique nationale. Au terme de cet atelier, il va falloir tenir compte des recommandations pour les étapes à venir, notamment la mise en place du processus de validation de ce document par le gouvernement, d’en assurer sa large diffusion auprès des populations. Il est question de voir aussi les mécanismes de mobilisation des ressources et surtout du dispositif d’appropriation par l’ensemble des populations. Donc au terme de ces 3 journées, nous devrions être à mesure de disposer d’un document consensuel.

Est-ce à dire que la politique sur laquelle vous fonctionnez actuellement est caduque ou quelques réglages sont à faire ou c’est carrément une réforme totale de l’existant ?

A la réalité, la Côte d’Ivoire ne dispose pas d’un document de protection civile. Il y a des actes, des instructions. Pour arriver à gérer les situations d’urgence, à juguler l’ensemble des bouleversements que nous traversons, il faut avoir une planification structurée et fédératrice, mais il faut traiter de façon holistique la question. Et cela amène tous les acteurs à s’asseoir pour faire des propositions et des recommandations, pour que le gouvernement puisse examiner et mettre à la disposition de toutes les parties, y compris l’Onpc qui est chargé de mettre en œuvre la politique du gouvernement, ce document de plaidoyer qui n’a jamais existé.

La protection civile, pour le citoyen lambda, c’est quoi ?

Tout citoyen, qui qu’il soit, bénéficie des services de la protection civile. Directement ou indirectement. En effet, la protection civile assure l’assistance ou la protection face aux risques et catastrophes de toutes natures. Elle constitue essentiellement un ensemble de mesures destinées à garantir la prévention des risques, la protection des personnes et bien naturellement les accidents, les sinistres et les catastrophes. La protection civile s’occupe des situations d’urgence. Pendant les inondations que nous avons connues, ce sont les services opérationnels de la protection civile qui se sont mobilisés pour apporter des secours et assistance aux populations et aux sinistrés. Telle est la mission, au quotidien, de la protection civile.

Quelle est la ligne de démarcation entre les agents de la protection civile et les sapeurs-pompiers ?

Il faut comprendre que tous les deux sont des agents de la protection civile. C’est très clair dans la mesure où ils assurent les mêmes fonctions. Mais du point de vue statutaire, les pompiers militaires sont avant tout des militaires et relèvent du ministère de la Défense. Ils sont mis à la disposition de l’Onpc. En revanche, les pompiers civils, eux, ne sont pas militaires. Ils ont un emploi civil, de fonctionnaire civil. Les pompiers civils sont soumis au statut général de la Fonction publique. A ce titre, les pompiers civils ont pour tutelle le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. Cet emploi a été créé en 2014 et fait d’eux des fonctionnaires. A partir de ce moment, toutes les actions qu’ils posent, le sont dans le cadre règlementaire de la Fonction publique. Je voudrais aussi indiquer que dans le cadre de la répartition des missions, les pompiers militaires couvrent un certain nombres de zones aujourd’hui et les pompiers civils couvrent d’autres zones. Les pompiers civils se trouvent dans les 30 chefs-lieux de région, les pompiers militaires sont à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, à Korhogo et disposent des bases. Les deux entités travaillent en très bonne intelligence. Nous nous retrouvons très régulièrement et nous travaillons sur la même matière, la protection civile.

Cela signifie-t-il que dans une caserne, on a des sapeurs-pompiers et les pompiers civils ?

Dans les 30 casernes de l’intérieur se trouvent les pompiers civils. Les militaires ont des zones, ils défendent un territoire. Si vous enlevez Abidjan où il n’y a pas de pompiers civils, à Yamoussoukro, il n’y a que des pompiers militaires, à Bouaké, des pompiers militaires, Korhogo aussi. Juste à côté de Korhogo, Boundiali, ce sont les pompiers civils qui y sont. Avant d’arriver à Korhogo, vous êtes à Katiola, ce sont les pompiers civils qu’on retrouve là-bas. Mais nous travaillons en très bonne intelligence.

Vous avez le même matériel d’intervention...

Effectivement, on a le même matériel, les mêmes doctrines. Cela veut dire que lorsqu’un accidenté est sur la route, pour lui porter secours, il n’y a pas 50 façons. Les pompiers civils font la même chose que les pompiers militaires, mais la différence se situe au niveau de leur statut.

Quel est actuellement le taux de couverture nationale en matière d’équipements et de personnel, en ce qui concerne la protection civile ?

C’est une question extrêmement importante. Nous avons 31 régions en Côte d’Ivoire. Mais les pompiers civils opèrent dans 30 chefs-lieux de région. Et nous allons, sur instruction du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, faire un nouveau maillage, sortir des régions pour aller dans les départements au point que chaque chef-lieu de département puisse disposer d’un centre de secours. Ce sont les instructions du ministre et du Président de la République. Nous devons faire en sorte d’aboutir à un nouveau maillage pour sortir des régions. Cela suppose que nous disposons d’infrastructures, d’hommes et qu’on a le matériel. Fort heureusement, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité s’attelle à cela avec l’appui des partenaires pour que ces centres soient dans ces circonscriptions.

A combien peut-on estimer l’effectif des pompiers civils sur l’étendue du territoire national ?

Les pompiers civils sont à peu près 2200 actuellement. Nous sommes en formation continue. Il y en a qui n’ont pas reçu leur formation après le recrutement. Vous avez près de 1000 pompiers militaires, ce qui fait environ 3000 pompiers sur l’ensemble du territoire national.

Il y a eu un moment des remous dans les rangs des pompiers civils par rapport à leur statut. Quelle solution avez-vous trouvée ?

C’est exact. Il y a eu des mouvements d’humeur au sein des pompiers civils. Sur la question, le ministre de l’Intérieur, en très bon militaire, a instauré le dialogue. De quoi s’agit-il ? Ces pompiers civils demandaient que des avantages de toute nature leur soient accordés. Ces questions sont abordées par l’ensemble des fonctionnaires. Donc cela demande un peu de patience. Il faut que cela soit étudié et bien cerné et que la décision soit prise par le politique. Certains d’entre eux étaient dans la logique de l’attente. Et d’autres voulaient tout de suite des réponses. C’est pourquoi vous avez constaté quelques mouvements. Mais très vite, ils sont revenus à la raison, à la table de discussion. A la suite des échanges avec le ministre, on peut dire que ce sont des questions qui sont déjà portées à la connaissance du gouvernement, mais qui trouveront leurs réponses un peu plus tard, dans le calme, dans la discipline. Et pour le métier qu’ils exercent, c’est la patience, c’est la satisfaction qu’ils donnent aux populations qui est un peu pour nous le baromètre d’appréciation. Les services qu’ils rendent à la nation et qui méritent que la nation leur soit reconnaissante. C’est pour cela que nous leur avons toujours demandé de travailler et de faire beaucoup d’efforts et la nation leur sera reconnaissante. La nation n’oublie pas ses valeureux fils. Nous pensons qu’ils ont compris les propos du ministre.

Ils ont les mêmes attributions que les pompiers militaires, assurer la protection civile, mais ils sont moins bien traités sur le plan salarial et autres avantages que les militaires, n’est-ce pas la source de leurs griefs ?

Je suis très à l’aise pour répondre à cette question. J’ai dit aux pompiers civils, il y a deux voies pour devenir pompiers. Il y a la voie des militaires et celle des civils. Si vous empruntez la voie des militaires, suivez la voie des militaires. Mais vous ne pouvez pas suivre la voie des civils et vouloir les avantages des militaires. Le mercredi 20 juillet 2022, j’ai reçu les syndicats et tous sont d’accord que la question a été clarifiée. Le statut des civils est civil et ils sont dans un moule. Le statut des militaires diffère et ils sont dans un autre moule. Il y a deux portes d’entrée. On n’interdit à aucun Ivoirien de postuler pour être pompier militaire. Sur la question on se comprend très bien.

Dans le cadre des réformes concernant la protection civile, vous avez entrepris de délivrer désormais des agréments aux acteurs dans le secteur du secourisme et de la sécurité routière. A quel besoin répond cette initiative ?

C’est la tutelle qui a décidé de changer le visage de la protection civile. Il a trouvé en place un système qui ne répondait pas aux normes, donc à la règlementation. On se trouvait, il y a quelques jours, comme dans un marché où chacun rentre, fait son marché et en ressort. Le ministre de l’Intérieur a décidé d’assainir le secteur. Vous trouviez à l’époque ce qu’on appelle des cabinets-boutiques. Des gens qui sont censés former sur les questions de protection civile et qui n’ont pas les instructeurs, les infrastructures qui vont avec. Ils ont simplement leur petit document sous la main et s’asseyent dans les maquis et délivrent des diplômes. La Côte d’Ivoire ne peut plus accepter cela. Le ministre de l’Intérieur qui tient ce portefeuille a décidé de mettre de l’ordre, à la fois dans le secteur du secourisme et de la sécurité incendie. Vous savez que le brevet de secourisme apporte une formation et au terme de cette formation, vous passez un examen comme on le fait habituellement au Bepc ou au Bac et vous disposez d’un diplôme. Quand vous êtes diplômé, il faut être capable d’assumer ce pourquoi on vous a délivré le diplôme. Vous avez eu quelqu’un qui a le Bns (Ndlr : Brevet national de secourisme) alors qu’il ne sait même pas comment mettre en position quelqu’un qui a un traumatisme du crâne, il devient dangereux. Si dans la société, il se fait passer pour un chirurgien alors qu’il ne s’y connaît pas, il devient dangereux. Au lieu de sauver des hommes il va les tuer. On ne peut pas accepter cela. Lorsqu’il y a un accident, il y a des positions à adopter. Il faut savoir aborder l’accidenté. Comme dans un système normal, on ne peut pas laisser prospérer ces aventures. Et là-dessus, le ministre est ferme. Désormais, celui qui entre dans le secteur suit les règles du secteur. S’il n’a pas d’agrément, il peut aller chercher son pain ailleurs. Il y a beaucoup de secteurs, autres que ceux de la protection civile. Voilà les raisons pour lesquelles les réformes ont été entreprises. Mais ces réformes aussi s’inscrivent dans l’ère des États modernes. Les textes sont pris pour un certain nombre de temps et de situations. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, les risques sont énormes. Les textes pris, il y a 30 ans, s’appliquent très peu ou peuvent s’appliquer très peu. Il appartient donc au ministre en charge de ce département de proposer de nouveaux textes, de les réformer pour entrer dans la modernité comme le souhaite le Président de la République.

Peut-on s’attendre à d’autres projets du genre pour le développement et la promotion de la protection civile en Côte d’Ivoire ?

J’indiquais plus haut que le document de politique et stratégie nationales va nous permettre d’avoir des outils de planification fédérateurs et des outils qui vont prendre en compte l’ensemble des préoccupations des communautés, l’ensemble de tous les partenaires. Après cela, la protection civile ne s’arrête pas. Il faut poser des actes. Pour y arriver, il y a un certain nombres d’actions et d’activités ou projets qui vont être menés. Aujourd’hui, il faut que la Côte d’Ivoire dispose d’une école nationale de protection civile, ce projet est porté par le ministre de l’Intérieur. La Côte d’Ivoire n’en dispose pas, donc l’école nationale de la protection civile est l’une de nos priorités. C’est donc un projet très important. Aujourd’hui, tout comme dans les pays un peu plus développés, lorsque les pompiers sont en opération, ils communiquent entre eux, entre leur véhicule et le lieu du sinistre, entre leur véhicule et la base. Pour l’instant, nous n’avons pas encore atteint ce niveau. Le ministre de l’Intérieur porte également ce projet de la télécommunication en opération. L’autre défi, c’est de rapprocher la protection civile des populations par un maillage territorial, de sorte à intervenir très rapidement en cas d’incident. Le document de politique, je le disais, sert de plaidoyer, mais aussi à mobiliser des ressources. Si je n’ai pas de document, je ne peux pas m’adresser à des partenaires. Parce que vous n’avez rien dans la main pour aller faire un plaidoyer. C’est un document autour duquel il y a un minimum de consensus, une validation. Il est une référence pour chacun des partenaires. C’est important que nous puissions en disposer.

Vous avez également le nouveau siège de l’Office national de la protection civile. A quand sa livraison ?

Sa livraison, c’est pour bientôt. Le siège est achevé. Il est opérationnel. Mais chez nous les pompiers, lorsqu’on dit opérationnel, cela veut dire qu’il contient tous les équipements des pompiers. Pour l’instant, ces équipements se mettent en place au fur et à mesure. Mais quand on dit qu’il est opérationnel chez les administratifs, c’est qu’on peut y entrer pour travailler. A l’intérieur de ce bâtiment, il y a l’administration pour le travail administratif, mais aussi pour le travail opérationnel. Le centre est prêt et sa mise en route est portée par le ministre de l’Intérieur. Il l’a déjà signifié au premier citoyen qui est le Président de la République. Vous pouvez être sûr que la livraison se fera dans les jours à venir, le plus tôt possible.

A quand débute réellement la formation de la dernière promotion ?

La formation constitue un autre défi. Aujourd’hui, la question est portée par les dirigeants de l’Onpc seulement. Nous avons à former nos collaborateurs. Ils ont réussi brillamment le concours mais attendent d’être formés pour être pompiers. Nous sommes en discussion pour que les questions de la formation, comme les questions budgétaires et financières soient réglées. Pour que tout ce stock de fonctionnaires pompiers du futur puisse être réglé. Non seulement pour la formation initiale pour ceux qu’on a recrutés mais aussi pour la formation continue. Un pompier qui ne se forme pas perd les acquis. Il faut, pour ce faire, disposer de moyens. C’est pour cela aussi que la protection civile coûte cher. Mais lorsque la prévention est faite par le personnel, nous dépensons moins. Et le travail important, essentiel, qui leur est assigné aujourd’hui, c’est de faire la prévention, de relever le défi qui consiste à faire en sorte que les populations aient une meilleure connaissance et une compréhension des risques. Si elles sont suffisamment instruites des risques auxquels elles peuvent être confrontées, non seulement il y aura moins de risques, moins d’organisation de secours, mais il y aura moins d’achat de matériels de secours, moins d’achat d’ambulances, et très peu de sinistres. D’où un gain pour les collectivités. C’est aussi une raison pour laquelle la formation est importante. Le ministre le dit tous les jours, pour assurer une formation complète et adéquate aux pompiers, cela demande beaucoup de moyens. Sur cette question, les négociations sont en cours avec le ministre du Budget et du Portefeuille de l’État pour que nous puissions former les pompiers à la hauteur des ambitions de la Côte d’Ivoire. Et que d’ici à 2030, l’on puisse disposer d’une protection civile capable d’adresser toutes les questions de sécurité civile et prendre promptement en charge l’ensemble des sinistrés et répondre aux situations d’urgence avec des moyens appropriés, disposer d’infrastructures et de matériels de travail. Telle est la mission que nous a assignée le ministre de l’Intérieur, sur laquelle nous travaillons pour la décliner en projets adressés au gouvernement pour une prise en compte.

Pour y arriver, qu’attendez-vous de l’État, des partenaires et même des populations ?

Pour la formation, nous attendons les moyens de l’État. Mais comme je l’ai indiqué, les échanges sont en cours entre le ministre du Budget et le ministre de l’Intérieur. Pour nos populations, nous attendons qu’elles s’approprient les questions de protection civile parce qu’on ne peut pas assurer la sécurité civile des populations sans elles. Il faut bien qu’elles l’intègrent dans leur comportement quotidien. C’est pour cela que l’Onpc est en mission pour améliorer son dispositif de prévention mais avec les populations sur le terrain. Si les populations se l’approprient, il y aura moins de dégâts. C’est par l’éducation et la sensibilisation des populations que nous allons y arriver, mais avec elles. Il faut les associer et leur faire comprendre tous les dangers qu’il y a à aller habiter dans les zones à risques. Nos 30 centres à l’intérieur du pays sont missionnés à tout cela. En ce qui concerne les partenaires, je voudrais saisir l’occasion pour les remercier. Les partenaires ont toujours aidé la Côte d’Ivoire. Et nous attendons qu’ils participent à la validation de la politique nationale. Mais aussi nous attendons qu’ils nous assistent. Parce que la protection civile dans sa dimension telle que le veut le ministre de l’Intérieur a besoin de beaucoup de moyens. Elle a aussi besoin de l’expérience des autres. Nous voulons voir ce partenariat renforcé pour nous permettre d’atteindre nos objectifs.

Interview réalisée par

GERMAINE BONI

et ÉDOUARD KOUDOU