Coopération transfrontalière: La Côte d’Ivoire et le Ghana mutualisent leurs efforts

Le Sous-préfet de Noé s’est prêté, tout comme les autres personnalités des deux pays, à la consultation foraine organisée dans le cadre de la journée (PH: DR)
Le Sous-préfet de Noé s’est prêté, tout comme les autres personnalités des deux pays, à la consultation foraine organisée dans le cadre de la journée (PH: DR)
Le Sous-préfet de Noé s’est prêté, tout comme les autres personnalités des deux pays, à la consultation foraine organisée dans le cadre de la journée (PH: DR)

Coopération transfrontalière: La Côte d’Ivoire et le Ghana mutualisent leurs efforts

Le 09/06/22 à 00:00
modifié 09/06/22 à 21:13
Les festivités marquant l’édition 2022 de la Journée africaine des frontières (Jaf) ont démarré, hier, avec pour thème: « Les frontières face aux défis de la coopération transfrontalière et de la gestion des ressources partagées ». Pour cette édition, le Ghana et la Côte d’Ivoire, à travers leurs commissions nationales des frontières respectives, se sont retrouvés à la frontière de Noé pour la Côte d’Ivoire et Elubo (Ghana) pour mener des actions en vue de renforcer la coopération et la sécurité en ces lieux.
La Jaf est une journée instituée par l’Union africaine en 2007 et qui a démarré en 2010. Elle vise à mettre en œuvre un programme prônant une meilleure intégration du continent africain, à travers la délimitation, la démarcation des frontières, la coopération transfrontalière et le renforcement des capacités des acteurs.

Dans cet esprit, les autorités ivoiriennes et ghanéennes, à savoir Daouda Ouattara, préfet hors grade, conseiller spécial du Premier ministre en charge des Processus électoraux et de l’Identification, le sous-préfet de Noé Losséni Dosso et une forte délégation de la Cnfci, et Louisa Irish-Arda, directrice générale de la municipalité ghanéenne accompagnée des responsables frontaliers de la police, des douanes et de l’immigration, ont sillonné trois localités situées sur les deux rives de la rivière Tanoé, et partagent les mêmes difficultés.

Il s’agissait précisément pour la Commission nationale des frontières de la Côte d’Ivoire (Cnfci) et pour celle du Ghana de poser des actes concrets à même d’éliminer d’éventuelles sources de tensions et faire de ces sites des espaces de paix, de sécurité et d’intégration pour un développement économique, social, culturel et harmonieux.
Pour ce faire, trois villages, à savoir Nugoua, Côte d’Ivoire (7 km de Noé); Nugua, (7 km d’Elubo) et Cocoa Town (6km d’Elubo), au Ghana, ont été dotés d’infrastructures hydrauliques. Concernant la partie ivoirienne, la Cnfci, en coopération avec la Giz, a construit dans sa localité une pompe Hydraulique villageoise améliorée (Hva). Pareil pour les villages de Nugua et Cocoa Town au Ghana qui en ont aussi bénéficié, grâce à leur commission de frontière et leurs partenaires.
Outre ces ouvrages, une consultation foraine du diabète, de la tension et de l’ophtalmologie a été organisée au bénéfice des populations de chaque village.
Une satisfaction pour les populations

Dans ces différentes localités, la joie se lisait sur les visages. A Nugoua, Côte d’Ivoire, par exemple, Gaston Banvo, représentant le chef du village, n’a pas manqué de l’exprimer. « Depuis les indépendances, notre village ne connaissait pas l’électricité. Sous le Président Alassane Ouattara, nous avons pu bénéficier de l’éclairage. Toujours sous sa gouvernance, le Conseil café-cacao nous a offert un forage et aujourd’hui, grâce à la Cnfci, c’est un Hva qui est inauguré. C’est une réelle satisfaction pour nos populations », a-t-il affirmé.

Le représentant du président des jeunes du village, Oumarou Banvo, s’est dit heureux parce que le premier forage connaissait parfois des difficultés à servir la communauté. « C’est donc à la rivière que nous partions nous ravitailler en eau par moments. Ce Hva est donc un véritable soulagement, car nous serons à l’abri des maladies causées souvent par l’eau du marigot », se réjouit-il.

Toutefois, le représentant du chef du village et le représentant de la jeunesse ont souhaité que le gouvernement accentue les actions, notamment en dotant le village d’un centre de santé, et en réalisant un établissement scolaire digne pour une localité rivalisant avec un pays voisin.
Du côté du Ghana, le même plaisir est partagé dans la mesure où Nanan Awuah Enioulu Kpanyi I, chef du village de Nugua, Ghana, n’a pas tari d’éloges pour les autorités de son pays; que ce soit pour la pompe Hva que pour la consultation foraine. Le fait de poser ces actions similaires dans leurs villages qui vivent les mêmes réalités est, pour lui, une illustration de la volonté des deux pays de sécuriser leurs frontières. Une leçon qu’ils ont comprise en tant que populations, parce que partageant depuis des lustres les mêmes valeurs, se fréquentant mutuellement et parlant le même dialecte qu'est l’agni. « Le fait que nous parlons la même langue est une très grande force pour nous; ce qui fait avancer la coopération et renforce notre fraternité », confie le chef du village ghanéen.
Noé et Elubo, une synergie d’action des gardes-frontières qui marche

L’un des points satisfaisants de cette première étape de la Journée africaine des frontières est la disposition d’esprit des parties ivoirienne et ghanéenne à toujours travailler main dans la main pour sécuriser cette zone qui est la porte d’entrée de leurs pays respectifs.

Sur place, à la frontière Elubo, le commandant des douanes du Ghana, Mensah Gyan, l’a indiqué. Selon lui, les forces des deux pays présentes sur place travaillent en parfaite collaboration au point où, depuis des années, aucune situation malencontreuse pouvant créer des embrouilles n’a pas été enregistrée. De façon concrète, les forces mènent les contrôles mutuellement tout en maintenant le contact radio, que ce soit le fait de passer les camions sous scanner que le contrôle des personnes (en période d’ouverture des frontières).

Pour sa part, Daouda Ouattara, Conseiller spécial du Premier ministre, a salué cette complicité des deux forces. Pour lui, c’est l' usage mutuel des infrastructures qui permettra d’éviter les risques aux différentes frontières. « La Côte d’Ivoire est prête à mettre tout en œuvre pour mettre ses populations à l’abri des besoins en matière d’infrastructures pour que ses frontières soient suffisamment sécurisées », promet-il.

HERVE ADOU

ENVOYE SPECIAL A NOE ET ELUBO

Le 09/06/22 à 00:00
modifié 09/06/22 à 21:13