Ali Diomandé (président du Conseil de gestion du Lanada): « Nous avons analysé 6208 échantillons en 2020 pour le contrôle qualité des aliments »

Ali Diomandé, président du Conseil de gestion du Laboratoire national d’appui au développement agricole. (Ph: Dr)
Ali Diomandé, président du Conseil de gestion du Laboratoire national d’appui au développement agricole. (Ph: Dr)
Ali Diomandé, président du Conseil de gestion du Laboratoire national d’appui au développement agricole. (Ph: Dr)

Ali Diomandé (président du Conseil de gestion du Lanada): « Nous avons analysé 6208 échantillons en 2020 pour le contrôle qualité des aliments »

Le 18/01/22 à 21:27
modifié 18/01/22 à 21:27
Le Pcg du Laboratoire national d’appui au développement agricole revient, dans cet entretien sur le rôle de la structure dans la politique nationale de contrôle alimentaire et de surveillance épidémiologique.
On parle d’aliments de mauvaise qualité sur le marché ivoirien, des produits de contrefaçon qui circulent. On n’entend pas trop le Lanada sur ce genre de sujet. Pourquoi ?

Quand surviennent ces cas, le Lanada ne reste pas les bras croisés. En tant qu’établissement public, conseil de l’Etat en matière de régulation et de santé alimentaire, il procède à des prélèvements pour des analyses dont les résultats accompagnés de recommandations sont acheminés vers les services étatiques compétents. Récemment le Lanada a procédé à des analyses sur les pesticides commercialisés en Côte d’Ivoire.

Que fait donc exactement le Lanada pour sécuriser les aliments en Côte d’Ivoire ?

Le Lanada contrôle la qualité des denrées alimentaires comme la viande, le poisson et le lait. Des échantillons sont prélevés et analysés pour déterminer la qualité des produits. 6208 échantillons ont été analysés dans nos laboratoires en 2020 dans le cadre du contrôle de la qualité des aliments. Le Lanada détermine aussi la qualité des semences de riz, de maïs, de tomate, d’aubergine, de soja et de piment. En 2020, 468 analyses ont été effectuées dans nos laboratoires à partir de 88 échantillons prélevés. L’autre marque de fabrique du Lanada est la détection et la surveillance des pathologies animales et des maladies transmises par les animaux aux hommes (zoonoses). L’activité de nos laboratoires a été très intense dans ce secteur depuis 2014. Pour la seule année 2020, on a enregistré 9869 analyses portant sur les volailles, les bovins et les ovins. Ce laboratoire est l’instrument du gouvernement en matière de surveillance et de lutte contre la grippe aviaire sur toute l’étendue du territoire national.

Et pourtant, les produits prohibés et de qualité douteuse sont sur le marché...

Pour tout ce qui a trait à la production animale et halieutique, c’est la direction des services vétérinaires qui donne son approbation. Mais cette structure travaille étroitement avec le Lanada. C’est nous qui faisons toutes leurs analyses. Quand on finit, on transmet les résultats et les conclusions avec des recommandations. Et c’est à ce service et à sa tutelle de prendre les décisions. Prenons l’exemple du thon qui vient du port et qui est vendu sur le marché, y compris les boites de conserve, la direction des pêches saisit la direction des services vétérinaires qui, à son saisit le Lanada. C’est à la suite de nos résultats que la direction des pêches prend la décision de débarquer le thon. Notre laboratoire du port est très actif. Il a de l’expertise et il n’a jamais été pris à défaut.

Quels sont, alors vos résultats de recherche réalisés ?

Le Lanada s’est fait une renommée internationale dans le domaine du diagnostic des pathologies animales. Jusqu’à présent, 100% des résultats d’analyses, sur la grippe aviaire, effectués dans les laboratoires du Lanada ont été confirmés par le laboratoire de référence mondiale de Padou en Italie. Cette reconnaissance mondiale a renforcé notre coopération avec l’Institut Robert Koch de Berlin qui a mobilisé en juin 2019 toute la crème allemande de chercheurs en virologie animale pour une visite de travail dans nos laboratoires, une première dans l’histoire de cet institut. En ce qui concerne les zoonoses, la reconnaissance de l’expertise du Lanada lui a permis d’être membre du réseau international Predict financé par l’Usaid. L’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea) à Vienne (Autriche) a sollicité l’expertise du Lanada dans le cadre de deux projets relatifs à la sécurité alimentaire et la recherche de contaminants alimentaires dans l’environnement. Les résultats des études effectuées par les services du Lanada, portant sur la contamination des fèves de cacao, sont exigés pour l’entrée de fèves ivoiriennes dans les ports de certains pays comme le Japon. L’Uemoa vient de solliciter notre laboratoire pour participer à un projet communautaire d’évaluation des produits vétérinaires et phytosanitaires.

Le Lanada peut-il s’autosaisir, par exemple, en cas de rumeur de toxicité d’un aliment ou d’une zoonose ?

Les laboratoires du Lanada reçoivent des échantillons pour des analyses destinées à des entités publiques, telle que la Direction des services vétérinaires du ministère des Ressources animal et halieutiques, et à des structures privées, notamment, des fermes pastorales, des unités agro-industrielles, etc. Nous faisons également des analyses à des fins de recherche et de développement. Des équipes du Lanada sont constamment sur les marchés de volailles d’Abidjan et de certaines villes de l’intérieur pour faire des prélèvements en vue d’analyses relatives à la surveillance de la grippe aviaire. Nos équipes techniques sont en veille permanente, prêtes à se déployer sur l’ensemble du territoire national en cas d’information ou de soupçon de contamination d’aliments, de maladie animale ou d’émergence de zoonose.

A-t-il des ambitions de conquérir le marché régional d’analyse alimentaire et de développement agricole ?

Dans sa forme juridique actuelle, le Lanada est un établissement public à caractère administratif. Il y a un projet pour faire évoluer l’établissement vers une forme juridique industrielle et commerciale. Cela lui permettra de mener une véritable offensive sur les marchés à l’international afin d’engranger des recettes financières conséquentes. Pour l’heure, le Lanada a reçu de l’Etat en 2021 un budget de 910.891.171 FCFA dont plus de 80% est utilisé pour le fonctionnement. De 57 millions de Fcfa en 2014, les recettes propres sont passées à 124 millions de Fcfa en 2021. Il faut noter que la majeure partie des analyses faites par le Lanada sont effectuées pour le compte de l’Etat, donc sans contrepartie financière.

Malgré tous ces acquis, pourquoi le Lanada est-il tant méconnu du grand public?

Si le grand public méconnait le Lanada, ce n’est pas le cas pour les professionnels de la production agricole, de la santé animale et des institutions internationales. La structure est effectivement peu connue du grand public. C’est parce qu’elle ne communique pas assez. Mais il nous revient de soigner cet aspect. En effet, le Lanada a été créé dans le volet agriculture et ressources animales du vaste Programme d’appui à la gestion de l’État initié en 1991 par le Premier ministre d’alors, Alassane Ouattara. Cette création s’est matérialisée par le décret 91-760 du 14 novembre 1991. Qui a été modifié en juillet 1999, puis revu par le décret 2013-329 du 22 mai 202. La raison d’être du Lanada est de préserver et améliorer les conditions de production des espèces végétales et animales. Il faut savoir que le Lanada est un établissement public à caractère administratif. Il est sous la tutelle technique du ministère d’État, ministère de l’Agriculture et du Développement rural. La structure est animée par 135 agents répartis dans trois laboratoires centraux, deux laboratoires secondaires et des services administratifs. Au regard du chemin parcouru depuis sa création, des résultats obtenus dans ses sphères de compétence, on peut clairement affirmer que le Lanada remplit pleinement sa mission fondamentale.

Un audit a révélé des malversations qui a abouti à un réaménagement à la tête de la direction, que s’est-il passé réellement ?

Dès sa nomination, le ministre d’Etat Kouassi Adjoumani a réaffirmé la vision du Président de la République, Alassane Ouattara, de faire du Lanada un laboratoire de référence en Afrique. Il a exprimé sa totale disponibilité à soutenir l’établissement. Il a procédé à la nomination, le 30 septembre 2020, du Dr Lépry-Amantcha à la direction générale. Cette dernière, qui dispose d’une expertise avérée en matière de santé animale, a donné son accord pour la saisine de l’Inspection générale d’État en vue d’un audit du Lanada. Le Conseil de gestion, que j’ai l’honneur de présider en qualité de représentant du Président de la République, a reçu une note de la tutelle qui a donné un coup d’accélérateur au mouvement de restructuration et d’assainissement de la gestion administrative et financière de l’établissement. L’audit a fait le constat de fraudes massives et de détournements par la direction sortante. Des fonds destinés à la réhabilitation des outils de travail, notamment, des laboratoires et du matériel, se sont volatilisés. Cela a été mentionné dans le rapport de l’Ige dont le Conseil de gestion a reçu copie le 29 Juillet 2021. Le Conseil scientifique a, par ailleurs, détecté des cas de paiements de primes de recherche à des personnes ne faisant plus partie du personnel du Lanada. L’inspection des logements d’astreinte, (12 propriétés du Lanada) a mis en lumière une occupation par des non ayants-droit. Face à ces actes de mauvaise gouvernance mettant en péril le bon fonctionnement de l’établissement et dans l’optique de donner un nouveau souffle au Lanada pour une gestion plus efficace et plus efficiente, le ministre de tutelle, le conseil de gestion, la nouvelle direction et le conseil scientifique ont, chacun en ce qui le concerne, pris leurs responsabilités en conformité avec les dispositions légales et règlementaires. Je peux affirmer que le Lanada aborde cette année 2022 dans une dynamique nouvelle caractérisée par de grandes et ambitieuses perspectives.


Le 18/01/22 à 21:27
modifié 18/01/22 à 21:27