Guédou Ousmane, Directeur général de la Matca : « Les Vtc seront soumis désormais au paiement de la patente, la vignette comme les autres types de transport »

Guédou Ousmane, Directeur général de la Matca : « Les Vtc seront soumis désormais au paiement de la patente, la vignette comme les autres types de transport » ( ph: DR)
Guédou Ousmane, Directeur général de la Matca : « Les Vtc seront soumis désormais au paiement de la patente, la vignette comme les autres types de transport » ( ph: DR)
Guédou Ousmane, Directeur général de la Matca : « Les Vtc seront soumis désormais au paiement de la patente, la vignette comme les autres types de transport » ( ph: DR)

Guédou Ousmane, Directeur général de la Matca : « Les Vtc seront soumis désormais au paiement de la patente, la vignette comme les autres types de transport »

Le 20/12/21 à 22:31
modifié 20/12/21 à 22:31
Le dernier Conseil des ministres a pris des décisions importantes concernant la régulation du transport en commun par des particuliers. Comment, en tant qu’assureur des taxis-compteurs, avez-vous accueilli cette nouvelle et comment se fera l’assurance de ces véhicules ?

Nous sommes la Mutuelle d’assurances des taxis-compteurs d’Abidjan. La Matca a le monopole dans l’assurance des taxis-compteurs. Compte tenu de l’évolution du monde, on ne peut pas s’opposer à ce que d’autres opérateurs s’investissent dans le secteur. C’est la loi du marché et des affaires. Dans plusieurs pays, ces types de véhicules ont fait leur apparition, et la Côte d’Ivoire ne peut pas se mettre en marge de cette évolution. Nous remercions les autorités qui ont décidé de cadrer ce type de transport. Ces mesures de cadrage n’existent pas dans d’autres pays pour permettre à l’existant ou les autres types de transport existant de continuer de travailler sans être perturbés. Le décret permet désormais de reconnaître l’existence des Véhicules de transport avec chauffeur (Vtc) en Côte d’Ivoire mais surtout définit les conditions à remplir pour opérer dans ce secteur. Ce qui n’était pas connu auparavant. Ces véhicules seront soumis désormais au paiement de la patente, la vignette comme les autres types de transport. La seule différence va résider dans les couleurs. Si le gouvernement décide que ces véhicules aient les couleurs Orange-blanc-vert comme les taxis Ivoire, ils seront obligés de se faire assurer par la Matca. Car pour payer notre assurance, il faut être un taxi à compteurs horokilométriques. Pour l’instant, ce qui est prévu par le gouvernement, à travers ce décret, c’est d’identifier ces Vtc et comme ils n’ont pas nos couleurs, on ne peut donc pas les assurer pour l’instant.

Lors de la récente grève des taxis-compteurs, vos assurés ont dénoncé la concurrence déloyale du fait du coût élevé de leur prime d’assurance alors que les autres véhicules qui font le même travail payent moins. Comment appréciez-vous ce décalage de prix au niveau des assurances ?

Ce décalage de prix s’explique. Le taux que nous appliquons aujourd’hui, de 40000 F Cfa devrait être revu à la hausse depuis des années. Pour la simple raison que nous sommes une mutuelle d’assurance à cotisation variable, c’est-à-dire qu’on peut augmenter comme on peut baisser ce taux en fonction de l’évolution du secteur. Nous n’avons pas touché cette prime depuis plus d’une dizaine d’années. Les dirigeants de la Matca ont fait l’effort de maintenir cette prime de 40000 F Cfa et 3000 F Cfa pour les recours anticipés (qui ne sont pas obligatoires) bien qu’ils aient des raisons valables de l’augmenter. A la réalité, ce taux tient compte de plusieurs paramètres que les assurés ne savent pas. Un assuré paye dans l’année 480 000 F Cfa de prime alors que les frais de couverture d’un seul sinistre font plus de 500 000 F Cfa. S’il fait trois à quatre accidents dans l’année, l’assureur perd beaucoup. Mais nous n’avons pas tenu compte de ces calculs et nous avons décidé de maintenir la prime à 40000 F Cfa, parce que c’est le principe de l’assurance.

Avec ces pertes, comment maintenez-vous l’équilibre financier de votre mutuelle ?

En réalité, la Matca n’était pas concernée par cette grève. Elle est la compagnie d’assurance d’un type de véhicules. Ces véhicules ne lui appartiennent pas. On ne peut donc pas s’opposer à d’autres types de véhicules qui viennent transporter les usagers. Bien au contraire, la Matca fait des efforts pour que le mutualiste se sente toujours bien et mieux. La preuve, grâce aux encouragements de la mutuelle, une faîtière regroupant les acteurs de taxis-compteurs a été mise en place. Des accompagnements vont se faire au profit de cette faîtière et des sociétaires avec la création d’autres sources de revenus. La Matca n’a pas compté seulement sur la prime d’assurance, elle s’est inscrite dans la modernité et a développé d’autres sources de revenus pour équilibrer ses comptes. Aujourd’hui, la Matca se porte encore mieux.

Cette nouvelle vision de la Matca était au cœur de l’Assemblée générale que vous avez organisée récemment, qu’en est-il exactement ?

Nous sortons effectivement d’une assemblée générale extraordinaire en vue de réviser les textes de notre mutuelle qui sont vieux de plusieurs années. Une structure normale doit réviser ses textes chaque cinq ans. Or la dernière révision des textes de la Matca remonte à 2005. Il nous fallait corriger ces impairs, réajuster nos textes pour être en harmonie avec l’évolution actuelle du monde. Nous avons élagué les parties conflictuelles des statuts de la mutuelle pour permettre aux mutualistes de se sentir mieux à travers de nouvelles dispositions qui sont prises pour renforcer la stabilité de l’institution.On parle de plus en plus de digitalisation, comment faites-vous pour vous rapprocher de vos sociétaires ?Nous nous sommes inscrits dans la digitalisation depuis très longtemps. Nous étions pratiquement les premiers à pratiquer les paiements électroniques des primes. Tous nos services sont numérisés, dématérialisés. On a également lancé la décentralisation de la Matca qui existe depuis trente-deux ans et qui a connu des hauts et des bas. L’équipe actuelle a tiré les leçons des années de crises que la mutuelle a connues pour aboutir à la stabilité qu’elle connaît de 2009 à ce jour et qui lui permet de passer d’une zone rouge à une zone totalement verte avec d’énormes progrès. C’est cette période de stabilité retrouvée qui a vu naître la politique de décentralisation qui n’est autre chose que de rapprocher la mutuelle de ses mutualistes en créant des agences Matca dans chaque commune du District autonome d’Abidjan. Le rôle d’une mutuelle, c’est de faciliter les conditions de vie et de travail à ses mutualistes. C’est pourquoi, nous avons initié dès notre nomination en 2014, la politique de décentralisation de nos services, avec pour objectif une nouvelle agence tous les deux ans. C’est le lieu de rappeler que jusqu’ici le traitement des sinistres se fait uniquement au siège. Mais dans les mois à venir, le service Sinistres sera déployé dans toutes les agences et les sociétaires pourront désormais faire leurs déclarations de sinistres dans les agences de leurs choix. De plus, nous avons mis en place le service de dépannage et de remorquage des taxis- compteurs ainsi que la ‘’Matca Traces’’ pour la géolocalisation des taxis, la sécurité des taxis ainsi que des passagers. On ajoute à cela, le règlement rapide et efficient des sinistres. Toutes ces réformes ont été possibles grâce à la politique générale de l’équipe dirigeante actuelle dénommée « Matca nouvelle version », qui a conduit la mutuelle à la certification ISO 9001 Version 2015. La certification est la reconnaissance de l’utilisation des bonnes pratiques dans notre domaine d’activité, aussi bien sur le plan national qu’international. Et pour nous, c’est une grande fierté d’atteindre ce niveau de management après tout ce que la Matca a traversé comme difficultés. Je voudrais également profiter pour rendre un hommage au président du Conseil d’administration, M. Faman Touré, qui a toujours soutenu toutes nos initiatives. Je voudrais également remercier et féliciter l’ensemble de mes collaborateurs, qui ont épousé cette passion et contribué à transformer notre rêve en une réalité aujourd’hui.

Les nouvelles dispositions prises par le gouvernement pour réguler les vitesses ont donné comme premiers résultats, la réduction des accidents. Dans quelles proportions avez-vous ressenti l’impact de ces décisions ?

Ces nouvelles dispositions rassurent tout le monde. Les usagers sont en sécurité, les chauffeurs également, tout comme les propriétaires. S’il y a moins de sinistres, nous gagnons et ce qui va nous permettre de développer d’autres produits au profit des sociétaires.

On ne peut pas développer ce secteur avec un parc-auto des taxis-compteurs vieillissant...

Effectivement, le parc-auto est très vieillissant et cela nous préoccupe énormément même si nos statuts ne nous permettent pas de procéder directement au renouvellement en tant que compagnie d’assurance.Pour ce faire, nous avons proposé et suscité des actions, notamment au niveau des pouvoirs publics, tels que le projet Taxis Ivoire initié par l’État de Côte d’Ivoire et piloté par le Fonds de développement des transports routiers. Nous continuons d’encourager des initiatives privées dans ce sens et nous pouvons parfois servir de caution morale pour certaines structures fiables qui ambitionnent le renouvellement du parc-auto.

C’est ainsi que nous avons encouragé l’organisation de la corporation du taxi-compteur par la création d’une fédération des structures de propriétaires afin d’avoir un interlocuteur crédible. Cette fédération dénommée Fédération ivoirienne du patronat et des exploitants de taxis-compteurs d’Abidjan (Fipetca) a été mise sur pied en 2020. Et son premier grand projet a été justement le renouvellement du parc automobile des taxis-compteurs. Elle a entrepris plusieurs démarches qui ont abouti à la signature d’une convention le 23 juillet 2021 entre la Matca, la Fipetca, Credafrica et le consortium Gdg pour le renouvellement du parc-auto à hauteur de 5000 véhicules en 5 ans, à raison de 1000 véhicules par an. Et à l’heure où nous parlons, les premiers véhicules pour les tests sont déjà disponibles et les structures membres de la Fipetca sont actuellement en train de les essayer afin de faire leurs observations et y apporter d’éventuelles modifications.

La Matca est donc dans une nouvelle dynamique. Un calme règne désormais. Comment êtes-vous parvenu à ce résultat ?

Oui nous pouvons affirmer et même confirmer que la Matca est dans une nouvelle dynamique et que les 10 années de crise qu’elle a connues entre 1999 et 2009 sont totalement derrière elle. Mais il nous a fallu 10 ans pour réaliser cela et pendant ces 10 ans, nous avons pris soin d’asseoir les bases d’une stabilité durable à travers notre politique « Matca Nouvelle Vision ». Vous savez, notre objectif premier reste la satisfaction continue de notre clientèle. Depuis quelques années, nous avons multiplié nos outils de communication par ce que nous souhaitons être le plus proche possible de nos sociétaires. Nous éditons de façon trimestrielle un magazine dénommé « Echos Matca » que nous mettons gratuitement à leur disposition, un compte Facebook, deux lignes téléphoniques dédiées à l’écoute client, sans compter que sur notre site internet, des applications audiovisuelles et des écrans dynamiques qu’on voit aujourd’hui dans toutes nos agences.

Notre vision, c’est de faire de la Matca une entreprise moderne et modèle. Nous sommes un exemple unique dans l’espace Cima, nous voulons donc devenir un modèle de référence pour les autres pays de cet espace. Nous pensons que d’ici quelques années, notre Mutuelle sera une entreprise émergente dans un pays d’économie émergente. Avec l’appui de nouveaux investisseurs dans le secteur des taxis-compteurs que nous appelons de tous nos vœux.

Interview réalisée par

GERMAINE BONI

ET

DAVID YA

eur. Son Directeur général en parle.

Le 20/12/21 à 22:31
modifié 20/12/21 à 22:31