Production d’igname : Chercheurs ivoiriens et ougandais mutualisent leurs compétences pour éradiquer les « maladies virales »

Production d’igname : Chercheurs ivoiriens et ougandais mutualisent leurs compétences pour éradiquer les « maladies virales »

Le 17/12/21 à 20:58
modifié 17/12/21 à 20:58

Des chercheurs ivoiriens et ougandais mutualisent leurs compétences pour éradiquer les « maladies virales de l’igname » afin d’accroitre la production de cette denrée alimentaire. Et ce, à travers une étude épidémiologique. L’étude va permettre d’identifier et cartographier les maladies virales qui freinent la production de l’igname dans les deux pays.

Les travaux sont menés par le programme Ouest Africain d’épidémiologie virale pour la sécurité alimentaire en Afrique (WAVE) de l’université Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire et le National Crops Research Institute (NaCRRI) de l’ouganda.

Il s’agit de « contribuer à la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et de l’est à travers une augmentation durable de la production de l’igname et une meilleure gestion des maladies virales de l’igname» a soutenu Dr Justin pita, Directeur Exécutif, WAVE au lancement du projet de recherche en juin 2019.

L’étude a été cofinancé par le Programme d’Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES) et le Conseil national pour la science et la technologie d’Ouganda (UNCST) pour un montant global de 50 000 dollars US.

En Côte d’Ivoire, l’igname constitue la première culture vivrière avec une production annuelle estimée à environ 6 millions de tonnes selon la FAO (2016) soit 35% de la production agricole nationale.

Malgré cette place confortable, la production de l’igname est en deçà des attentes. En effet les rendements nationaux sont de l’ordre de 7 à 12t/ha sont en deca du potentiel même de la plante.

En Côte d’Ivoire, Six variétés d’ignames sont rencontrées sur les marchés. Il s’agissait des variétés précoces Kponan, Assawa et Lokpa et des variétés tardives Krenglè à une récolte, Bètè bètè et Florido.

En Ouganda, même si la production annuelle est relativement faible comparée à celle de la Côte d’Ivoire, l’igname fait principalement partie des habitudes alimentaires des Ougandais.

Sa production en Afrique de l’Ouest et de l’est, représente, selon la FAO 91% de la production mondiale.

Cependant, les scientifiques expliquent que les rendements de la culture d’ignames sont faibles et instables à cause de la pression des maladies virales et des insectes.

« Les pertes engendrées par les insectes depuis la mise en terre des semences aux jusqu'à la récolte et ensuite lors du stockage des ignames sont importantes. Certains insectes sont des vecteurs de maladies virales », explique la phytopathologiste ivoirienne, Toualy Marie Noël Yeyeh.

Cependant, ces maladies restent peu connues dans les grandes zones de cultures des pays.

Les études en cours s’inscrivent dans la 2e phase du programme WAVE. Il a étendu ses activités de recherche à d’autres plantes à racines et tubercules à savoir l’igname et la patate douce. Les travaux de recherche sont actuellement en cours dans les pays d’implémentation du programme.

En effet, dans la phase1, un accent particulier a été mis sur le manioc. Ce qui permet une meilleure compréhension des maladies virales du manioc.

Les plus virulentes sont la maladie de la mosaïque du manioc et la maladie de la striure brune du manioc. « Elles entrainent de graves pertes de rendement et menacent les moyens de subsistance des petits exploitants agricoles africains et aboutissent à une perte économique de 2 à 3 milliards de dollars par an en Afrique subsaharienne », indique une note du WAVE.

Producteur d’ignames et de maniocs à Dimbokro au centre de la Côte d’Ivoire, M. Kouadio Konan Martin attend avec espoir la vulgarisation des résultats de cette recherche sur l’igname. Afin d’accroitre sa production annuelle.

« C’est la culture de cette plante qui me permet de prendre en charge ma famille de 6 enfants et les scolariser », a-t-il indiqué.

Kossonou Albert, cultivateur à Tanda dans l’est de la Côte d’Ivoire, lui, espère que des plantes d’igname saines ou plus résistantes au virus seront produites en grande quantité pour l’ensemble des petits producteurs d’ignames. « Il faudra que le ministère de l’agriculture s’implique afin ces plants saints soient disponible gratuitement », a-t-il plaidé.

Pour le ministère ivoirien de l’agriculture, les travaux menés par le programme Ouest Africain d’épidémiologie virale pour la sécurité alimentaire en Afrique (WAVE) est un accompagnement très apprécié. Il s’agit de prévenir les maladies virales de l’igname et du manioc.

Le programme accompagne les gouvernements et les décideurs politiques dans la formulation de politiques publiques visant à prévenir ces maladies virales.

Lancé en 2015 avec un financement de la Fondation Bill & Melinda Gates (BMGF) et du Department for International Development (DFID) du Royaume Uni, le programme WAVE lutte contre la propagation des virus affectant les plantes à racines et tubercules.

En effet, WAVE a mis en place une stratégie coordonnée et harmonisée de contrôle des virus qui menacent la production de ces plantes dans les pays d’Afrique centrale et de l’ouest.

Par ailleurs, le programme WAVE recherche des solutions ancrées dans les connaissances et le savoir-faire des experts locaux. Ainsi, le programme a adopté une approche innovante associant treize (13) Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) d’Afrique centrale et occidentale pour une lutte coordonnée et efficace contre les maladies virales des plantes à racines et tubercules.

Le 17/12/21 à 20:58
modifié 17/12/21 à 20:58