La campagne de communication lancée ces derniers temps par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, acculé dans sa capitale Addis-Abeba, semble porter des fruits. Il a appelé le 30 novembre, les rebelles du Tigré à se rendre, affirmant que les forces gouvernementales se rapprochaient de la victoire, une semaine après s'être engagé à diriger les opérations militaires sur le front, selon TV5MONDE.

En tout cas, même si l’on se demande comment l’homme fort d’Addis-Abeba va éviter la chute à son régime, les images de lui en tenue de camouflage et en tête des troupes et la forte résistance que l’armée gouvernementale oppose aux rebelles tigréens dans diverses zones du pays semble retarder l’échéance.

Mieux, Abiy Ahmed semble de plus en plus en position de discuter dans le cadre d'éventuelles négociations. Chose qui ne semblait pas envisageable, il y a peu, lorsque plusieurs puissances ont appelé leurs ressortissants à quitter l'Ethiopie, alors que l'on ne donnait plus que quelques heures à vivre au pouvoir d'Addis-Abeba.

La chaîne francophone susmentionnée indique que la vidéo dans laquelle le chef du gouvernement éthiopien appelle les rebelles à déposer les armes est la dernière en date d'une série le montrant en uniforme militaire avec des soldats, dans ce qui semble être la région de l'Afar, une zone de théâtre de violents combats ces dernières semaines, alors que les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) tentent de prendre le contrôle d'une route stratégique reliant Djibouti à Addis-Abeba.

Abiy Ahmed a même affirmé que des succès similaires allaient suivre sur le front ouest, dans la région de l'Amhara. L’on est loin des moments où le Premier ministre éthiopien, flanqué de son Prix Nobel de la paix, était adulé et choyé par les chancelleries occidentales.

Par cette action de communication, Abiy Ahmed semble réussir à contrer les effets négatifs sur le mental de ses partisans, de l’appel de plusieurs pays occidentaux à leurs ressortissants de quitter le pays, leur indiquant – de manière à peine voilée – l’incapacité du gouvernement de se sortir de cette situation.

Puisque le 24 novembre, s’engouffrant dans la brèche communicationnelle ouverte par le Premier ministre, le médaillé d’or olympique éthiopien et héros national, Haile Gebrselassie, s’est engagé à se joindre à la lutte contre les forces rebelles dans son pays, après que le Premier ministre a déclaré qu’il était allé diriger la guerre depuis les lignes de front, selon la chaine Africanews. La communication de guerre gouvernementale est donc en train de prendre une tournure nationaliste et anti-forces étrangères malfaisantes.

Haile Gebrselassie, cité par Africaniews.fr, a déclaré : « L’Éthiopie est un pays qui a beaucoup apporté à l’Afrique et à l’ensemble du continent », a-t-il dit. « Oui, c’est un pays exemplaire. Agenouiller l’Éthiopie, c’est agenouiller indirectement le reste. C’est impossible ».