Cinéma : « Les trois Lascars », prix spécial Cedeao au Fespaco, à l’affiche dans les salles à Abidjan

« Notre cinéma essaie de traduire tel que la société africaine est, et montre comment elle évolue. Parce qu’elle n’est pas statique. C’est un peu ces différentes couleurs qu'on essaie de porter à l’écran », a déclaré le réalisateur du film « Les trois Lascars ». Cette projection presse s’est déroulée en présence de quelques acteurs, Mahoula Kane, Guehi Eva Alisar Zena, Kadhy Touré et du réalisateur Boubacar Diallo, à Abidjan-Cocody. Depuis ce 5 novembre 2021, le film, « Les trois Lascars » est disponible dans 12 pays africains francophones.
Pour tenir un public en haleine pendant 1h30 min, a indiqué le réalisateur, il y a une histoire principale et des intrigues secondaires à développer dans un film. Toute chose qui permet de toucher du doigt beaucoup de situation. C’est le cas, dira-t-il, de cette « Chiza », 2ème femme d’un polygame, qui s’éclate avec son amant. « Nous avons essayé de picorer dans la société pour prendre des cas pratiques différents pour que chacun puisse se retrouver et donner son avis. C’est le genre de film dont on ne sort pas sans donner son avis. On sait qu’à Ouaga le débat a déjà eu lieu et à Abidjan il va se poursuive », a-t-il précisé.
A la préoccupation de savoir quel est son jugement à propos de la place de la « Chiza » et la moralité de son film, Boubacar Diallo est sans équivoque. A l’en croire, le thème « Tchiza » n’est pas seulement au centre du film mais plutôt la vie de couple qui est traitée. En effet, tout part des « Tchiza » mais il ressort que la solution recherchée est l’équilibre du couple. Et d’affirmer : « Les hommes malgré leurs mésaventures et leurs erreurs reviennent et demandent toujours pardon. » La question qui se pose, c’est comment demander pardon avec toute la fierté de l’homme. Pour le réalisateur, le film en fait cas, le mécanisme traditionnel prête des solutions pour désamorcer ces situations. « C’est un peu ce qu’on a voulu montrer. C’est la comédie mais cela donne des clés de contradiction sur ce que nous sommes. Je crois que cela est important. Parce que à la fin on s’aperçoit que c’est la famille qui est au centre », explique le réalisateur.
A propos de la satire de la société, Boubacar Diallo estime qu’on peut rire de tout et le cinéma, à son sens, ne franchi aucune limite. « Le cinéma n’est que le reflet de la société. Quand vous regardez la société africaine, elle est vivace. Les gens pleurent et rient. Même lors des funérailles on danse, on rigole, on boit de l’alcool, on fait plein de chose. Comme pour dire que devant la mort, on peut rire. Il n’y a pas véritablement de sujet tabou. Il ne faut pas s’auto-censurer », a-t-il expliqué.

S’agissant de la participation de son film à la compétition officielle de la 27ème édition du Festival panafricain du cinéma et de télévision de Ouagadougou (Fespaco), Boubacar Diallo affirme qu’il ne se faisait pas trop d’illusion, parce qu’on a rarement vu si ce n’est à Cannes une comédie remporter la palme d’or. « L’essentiel était de participer. Le Fespaco a donné une bonne visibilité au film. Maintenant, le film ‘‘Les trois Lascars’’ va avoir sa carrière, circuler à travers le réseau des salles Olympia et les autres salles de cinéma partenaire. C’est ce qui est important. La finalité d’un film, c’est qu’il soit vu par le public et non pas dans le cadre d’un festival », a-t-il expliqué. Aussi faut-il souligner que le réalisateur à d’autres challenges en perspective en ce qui concerne la comédie de genre dramatique. En tout cas pour Boubacar Diallo, les thèmes ne manquent pas.
« En quête de bon temps, loin du quotidien monotone avec leurs épouses à la maison, trois hommes, se laissent prendre à l’invitation de leurs tchizas, une virée extraconjugale hors de Ouaga, la ville où ils résident tous. Comme argument avancé à leurs conjointes aux foyers, une mission de quelques jours à Abidjan. Leurs “vacances” virent au drame lorsqu’ils apprennent que l’avion dans lequel ils étaient censés voyager fait un crash ». Tel est l’économie du synopsis du film qui a remporté le prix spécial Cedeao lors de la 27ème édition du Fespaco. Prix qui récompense le meilleur film ouest-africain sur l’intégration et doté d’un trophée et d’un chèque de 15 millions de F CFA.
Dans le casting du film « Les 3 Lascars » qui a coûté 200 millions de FCFA, l’on retrouve une palette d’acteurs ivoiriens, burkinabés, guinéens, à savoir Issaka Savadogo, Mahoula Kane, Dieudonné Yoda, Guehi Eva Alisar Zena, Irène Minoungou, Kadhy Touré, Mouna N’Diaye, Mariam Aida Niatta.
Tourné principalement à Ouagadougou, des critiques de cinéma s’accordent à dire qu’à travers son film, le réalisateur Boubacar Diallo, à l’instar de la palette d’acteurs a su concilier les cinéphiles africains à travers les mêmes réalités vécues par les Ivoiriens, burkinabés, guinéens, sénégalais, béninois.