Liban : Le pays de nouveau dans une crise entre sunnites et chiites

Abdallah Bou Habib, ministre libanais des Affaires étrangères. (DR)
Abdallah Bou Habib, ministre libanais des Affaires étrangères. (DR)
Georges Kordahi, ministre libanais de l'Information. (DR)

Liban : Le pays de nouveau dans une crise entre sunnites et chiites

Le 01/11/21 à 14:38
modifié 01/11/21 à 14:38
La crise au Yémen s’est invitée dans les tensions politiques internes au pays du Cèdre.
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a appelé ce lundi 1er novembre 2021, l'Arabie saoudite au « dialogue » pour régler la grave crise diplomatique née des propos du ministre libanais de l'Information, Georges Kordahi, critiquant l'intervention militaire du royaume saoudien au Yémen.

Cet appel d’Abdallah Bou Habib intervient deux jours après que le Koweït, membre de la coalition des pays du Golfe contre les rebelles chiites, a rappelé son ambassadeur au Liban et donné 48 heures au chargé d'affaires libanais en poste dans l'émirat pour quitter son territoire.

« Nous voulons les meilleures relations avec l'Arabie saoudite. Mais les problèmes entre pays frères ou amis ne peuvent se résoudre que par le dialogue et les contacts, et non pas en imposant des points de vue », a-t-il déclaré à l'Afp.

La réaction d’Abdallah Bou Habib est consécutive à un durcissement du ton par les autorités saoudiennes contre celles du pays du Cèdre. La crise diplomatique s'est aggravée la veille, lorsque l'Arabie saoudite a jugé «inutile» de traiter avec le Liban tant qu'il est «dominé» par le Hezbollah pro-iranien. Mais également, le Royaume et les Émirats ont appelé leurs ressortissants à quitter ce pays en plein effondrement économique.

Georges Kordahi, ministre libanais de l'Information. (DR)
Georges Kordahi, ministre libanais de l'Information. (DR)



Le ministre des Affaires étrangères marche sur des œufs

Dans cette intervention, le chef de la diplomatie libanaise choisit le juste milieu de sorte à contenter certainement les sunnites tout en ne provoquant pas la colère du Hezbollah chiite. Surtout que le pays déjà sous pression avec la récente crise née d’accrochages entre le mouvement d’Hassan Nasrallah et une milice chrétienne lors de manifestions anti-Tarik Bitar, le juge chargé de l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth.

La tâche est d’autant plus complexe pour le patron de la diplomatie libanaise que le ministre Kordahi refuse de s'excuser et a souligné le 30 octobre que ses propos reflétaient son «opinion personnelle» avant sa nomination en tant que ministre. Le 31 octobre, il a affirmé que sa démission était «hors de question», selon le Figaro.

La tension est exacerbée d’autant plus qu’au Yémen où Ryad accuse le Hezbollah d'avoir entraîné les Houthis et de les soutenir, les propos de M. Kordahi ont été salués par les rebelles. Des portraits du ministre libanais ont été affichés dimanche dans les rues de Sanaa sous contrôle des insurgés, avec la légende : «Oui, George, la guerre au Yémen est absurde».

Des commerçants ont également affirmé à l'Afp que les Houthis avaient rebaptisé la rue commerciale Ryad du nom du ministre libanais, rapporte le Figaro.



Le 01/11/21 à 14:38
modifié 01/11/21 à 14:38