Vidéo-verbalisation/Amadou Koné: ‘‘L’opération va s’étendre dans tout le pays avec l’appui du ministère de la Sécurité et de l’Intérieur’’

Amadou Koné, ministre des Transports. (Photo : DR)
Amadou Koné, ministre des Transports. (Photo : DR)
Amadou Koné, ministre des Transports. (Photo : DR)

Vidéo-verbalisation/Amadou Koné: ‘‘L’opération va s’étendre dans tout le pays avec l’appui du ministère de la Sécurité et de l’Intérieur’’

L’opération de la vidéo-verbalisation est entrée dans sa phase active. Le premier responsable des Transports parle de ce système de transport intelligent qui permettra de réduire les accidents de la route.
La phase de vidéo- verbalisation a débuté depuis le 7 septembre, en quoi va-t-elle consister concrètement ?

Elle va consister à relever les infractions commises sur la route par les usagers, à travers un système digital doté de caméras de surveillance et de radars. Les caméras ont la capacité de lire les plaques d’immatriculation, d’avoir un certain nombre d’informations en ce qui concerne l’état de la voiture relativement à la visite technique. Les caméras permettront de relever le comportement de quelques automobilistes sur la route (le non port de la ceinture de sécurité, le téléphone au volant). Les radars permettront de mesurer la vitesse et de faire respecter le code de la route en termes de limitation de vitesse. Tout ceci a été activé depuis le mardi 7 septembre. En lieu et place des messages d’avertissement que nos compatriotes recevaient, désormais ils recevront des messages de notification d’infractions qu’ils auront commises.

Cette opération de vidéo-verbalisation va concerner les principales artères de la ville d’Abidjan. Qu’en est-il des autres villes de l’intérieur du pays ?

C’est une opération qui va s’étendre sur tout le territoire national, avec l’appui du ministère de la Sécurité et de l’Intérieur, qui a déjà un parc de caméras assez important. Les discussions sont en cours pour que très rapidement un certain nombre d’axes qui ont été identifiés plus accidentogènes, pour les 10 prochaines années, soient dotés d’un système de transport intelligent capable d’assurer la vidéo-verbalisation. En attendant, nous avons procédé à l’acquisition de moyens mobiles embarqués. Ce sont des caméras mobiles, des radars mobiles embarqués qui ont été mis à la disposition de la gendarmerie nationale. Tous ceux qui se sont déplacés sur ces axes ont constaté un déploiement de la gendarmerie avec ses outils.

Quels sont les moyens que se donne le ministère des Transports pour le suivi des nouvelles mesures ?

Nous avons une commission nationale de sécurité routière dans laquelle tous les ministères concernés sont représentés. Nous parlons de vidéo-verbalisation, mais il y a des sujets relatifs à l’équipement de nos routes, les panneaux de signalisation, la prise en charge de personnes accidentées avec le ministère en charge de la Santé et le groupement des sapeurs-pompiers. C’est un ensemble de sujets. Il faut traiter tout ceci et faire des évaluations, prendre des mesures nouvelles. Dans le cadre de la stratégie qui a été adoptée, 2021-2025, tous les ministères concernés ont désigné des points focaux qui se retrouvent régulièrement pour une mise en œuvre de la stratégie adoptée le 7 juillet dernier.

Le 12 août dernier, le ministère des Transports lançait les travaux d’une fourrière de 5 ha. Quel sera le sort des véhicules qui seront saisis à partir du 7 septembre 2021 ?

Nous avons des zones de rétention qui existent. Les véhicules qui iront dans les zones de rétention vont être traités et remis après aux propriétaires. Il faut faire en sorte que ces véhicules soient en règle de façon administrative sur les sites de rétention et remis aux propriétaires de ces véhicules.

Parmi les causes des accidents, la question de repos des conducteurs revient souvent. Avez-vous prévu une disposition réglementaire qui impose un nombre de voyages et un temps de repos au chauffeur durant la journée ?

Il y a un arrêté qui réglemente le travail des conducteurs routiers. Qui précise le temps de travail, le temps de repos obligatoire, sur l’ensemble du territoire national. Tous ces documents existent. Il va falloir veiller à ce que ces temps de repos soient respectés. On n’en est pas là pour le moment. Mais c’est prévu. Les textes existent. Et dans le cadre de la stratégie, c’est vraiment une commission permanente qui travaille sur la stratégie. On regarde et on traite les causes immédiates des accidents. Au fur et à mesure que les choses s’amélioreront, on travaillera à améliorer, de façon durable, la sécurité routière, les conditions de travail des personnels des entreprises de transport, les conditions de travail et de succès des entreprises de transport elles-mêmes. Toutes ces questions sont constamment évoquées. Dans l’immédiat, il faut que le gouvernement parvienne à réduire le nombre d’accidents de la circulation, le nombre d’accidents graves et de victimes sur nos routes.

Beaucoup d’usagers estiment que les gros camions devraient avoir une plage horaire, de sorte qu’aux heures de pointe, ils n’entravent pas la fluidité de la circulation. Y a-t-il actuellement une plage horaire pour cette catégorie de véhicules ?

La plupart des gros camions dont vous parlez sortent du pays. Ils font de longues heures de voyage. Je ne veux pas modifier considérablement des mesures qu’on n’a pas pu appliquer. Je veux déjà faire appliquer ce qui a été décidé. Et depuis quelques jours, nous avons réactivé le contrôle des plages horaires à Abidjan. Les camions sont autorisés à circuler à Abidjan, de 18h à 6 h du matin. Mais entre 6h et 18 h, ils n’ont pas le droit de circuler. Il faut bien aussi que les gens puissent charger et décharger les camions. On ne peut pas leur demander de circuler seulement la nuit. Cela demande de penser toute la chaîne logistique. Il faut qu’au niveau des ports, les gens s’adaptent aux modifications. Cela nécessite toute une réorganisation du travail.

Il y a aussi la mesure de réduction de l’âge des véhicules importés, qui est en vigueur depuis 2018. Cette mesure a-t-elle eu un réel impact sur la politique de réduction des accidents de la circulation ?

Je suis persuadé que s’il n’y avait pas cette mesure, peut-être qu’on aurait beaucoup plus d’accidents de la circulation. Plus le véhicule est vieux, plus il est exposé aux accidents de la circulation. Quand un véhicule est conçu, quel que soit le constructeur automobile, il a deux grosses préoccupations, à savoir : la préservation de l’environnement et la sécurité. Les véhicules d’il y a 30 ans n’ont pas le même niveau de sécurité que ceux qui sont fabriqués aujourd’hui. Donc nécessairement, un véhicule neuf est plus adapté aux questions liées à la sécurité de nos jours. Il y a 30 ans, il n’y avait pas d’airbag dans les véhicules. Les constructeurs ont constaté que beaucoup de gens s’encastraient dans les véhicules lors des accidents de la circulation. Ils ont donc mis les airbags pour protéger les conducteurs et les passagers. Aujourd’hui, les véhicules sont de plus en plus sophistiqués. C’est pareil pour la protection de l’environnement. Les constructeurs sont en train de basculer de plus en plus vers les véhicules électriques. Bientôt, beaucoup de pays européens vont interdire les véhicules utilisant le diesel. L’Afrique sera malheureusement le réceptacle de tous ces véhicules-là. Je considère que cela a été une bonne décision. Les vieux véhicules qui circulent vont sortir du parc.

A combien estime-t-on le nombre de véhicules que constitue le parc automobile ivoirien ?

Le parc automobile recensé dans nos bases de données, c’est environ 1 300 000 véhicules. Mais je suis sûr qu’on en a beaucoup plus que ça.

Interview réalisée par

ÉMELINE P. AMANGOUA

et

CASIMIR DJEZOU