Afghanistan : Vers la reconstitution de l’État théocratique des Talibans ?

Ahmed Chah Massoud, en passe de rééditer le combat de son père contre un pouvoir taliban en Afghanistan. (DR)
Ahmed Chah Massoud, en passe de rééditer le combat de son père contre un pouvoir taliban en Afghanistan. (DR)
Ahmed Chah Massoud, en passe de rééditer le combat de son père contre un pouvoir taliban en Afghanistan. (DR)

Afghanistan : Vers la reconstitution de l’État théocratique des Talibans ?

Le 31/07/21 à 13:55
modifié 31/07/21 à 13:55
Les insurgés multiplient les offensives depuis l’annonce du retrait des forces américaines et sont en passe de renverser le régime de Kaboul si aucun accord n’est trouvé avec le pouvoir en place.
À la fin du mois d'août 2021, il ne restera plus qu'une poignée de soldats américains sur le sol afghan. Les talibans en profitent et ils progressent de jour en jour. C'est la conclusion d'un rapport du secrétariat général chargé de la reconstruction de l'Afghanistan soumis au Congrès américain le jeudi 29 juillet, selon Rfi sur son site Internet.

La source indique également qu’à ce jour, les talibans contrôlent la moitié des 400 districts afghans, une grande partie des axes autoroutiers et plus d'une demi-douzaine de postes-frontières stratégiques. Et qu’en quelques semaines, ils ont conquis plusieurs provinces du nord du pays y compris des zones réputées hostiles à l'insurrection.

Rfi indique également qu’en février 2020, quand les insurgés ont signé l'accord de cessation des hostilités avec les États-Unis, ils ont fondu sur les forces afghanes, avec plus de 13 000 accrochages recensés sur l'ensemble de l'année 2020, soit une augmentation de 30% par rapport à 2019.

Quelques jours plus tôt, le 26 juillet, lemonde.fr indique que « l’avancée des talibans sur Kaboul, presque vingt ans après les attentats du 11 septembre et la fuite des combattants du mollah Omar devant l’assaut de l’armée américaine et de ses alliés afghans, semble préfigurer le retour au pouvoir de ceux que l’on appelait autrefois les ‘’étudiants en religion’’ ».

La détermination des Talibans semble être à toute épreuve. Puisque les tentatives d’intimidation des forces américaines ne semblent avoir aucun effet sur l’avancée de l’armée talibane. Les États-Unis continueront de mener des frappes aériennes pour soutenir les forces afghanes face aux attaques des Talibans, a déclaré le 25 juillet, un commandant régional américain, selon France 24. Celui-ci a ajouté que ce soutien continuerait même après le 31 août, date butoir annoncée de la fin du retrait des forces américaines.

« Les États-Unis vont continuer leurs frappes aériennes contre les Talibans, si ceux-ci poursuivent l'offensive qu'ils mènent depuis début mai en Afghanistan, a averti, à Kaboul, le général Kenneth McKenzie, patron du Commandement central de l'armée américaine (Centcom), cité par la chaine française. Pourtant, les observateurs de la situation afghane comptent plutôt les jours ou semaines qui restent à vivre au régime du Président Ashraf Ghani.

La messe semble dite...le processus de repositionnement a commencé

Intervenant le 14 juillet sur Tv5Monde, Emmanuel Dupuy, président de l’IPSE, think tank spécialisé sur les questions de défense et de sécurité, a décrypté les perspectives au niveau des pays européens en termes d’attitude à tenir face au pouvoir imminent des Talibans.

Il ressort que la chute de Kaboul ne fait plus de doutes pour beaucoup d'Afghans. Et que Londres envisage sérieusement ce scénario et se dit prêt à collaborer avec le mouvement islamiste, s’il arrivait au pouvoir. Il a ajouté que « toutes les ambassades sont en train de fermer et de nombreux pays demandent à leurs ressortissants de quitter le territoire ». « La France va d’ailleurs envoyer un avion le 17 juillet, afin d’évacuer les siens », avait-il fait savoir.

Certains donnent 6 mois, d’autres quelques jours seulement, à Kaboul, avant que les Talibans ne lancent définitivement leurs opérations pour s’en emparer, selon lui.

Toutefois, le pouvoir pourrait être limité dans l’espace, d’autant plus que le contrôle de l’ensemble du territoire n’est pas forcément acquis pour autant. La raison, c’est que le fils du commandant Massoud, Ahmed Chah Massoud, lors de sa venue à Paris en mars dernier, pour l’inauguration de la stèle en hommage à son père, a annoncé sur France 24, reconstituer des capacités défensives.

« Il n’est déjà pas certains que les Talibans puissent reprendre le contrôle du Panshir, ni même qu’ils tentent de le faire. On risque donc d’avoir une situation de guerre civile, non pas entre des chefs de guerre, mais entre des chefs de guerre, résolument décidés à protéger leurs populations et un certain nombre de Talibans, avec des agendas différents de ceux qui prendront place à Kaboul », selon Emmanuel Dupuy.

D’aucuns s’interrogent sur ce déplacement du fils Massoud dans la capitale française au moment où le retour des Talibans dans Kaboul semble imminent. Les Occidentaux voudraient-ils s’appuyer sur le fils du Lion du Panshir pour conserver un moyen de pression sur les Talibans s’ils parvenaient à reprendre le pouvoir ?


Le 31/07/21 à 13:55
modifié 31/07/21 à 13:55