Examens à grand tirage : Des téléphones saisis, des fraudeurs interpellés

Il a été formellement interdit aux candidats de se présenter dans les centres avec un téléphone portable. (Photo : Julien Monsan)
Il a été formellement interdit aux candidats de se présenter dans les centres avec un téléphone portable. (Photo : Julien Monsan)
Il a été formellement interdit aux candidats de se présenter dans les centres avec un téléphone portable. (Photo : Julien Monsan)

Examens à grand tirage : Des téléphones saisis, des fraudeurs interpellés

Le 09/07/21 à 18:48
modifié 09/07/21 à 18:48
Les évaluations de fin d’année scolaire se sont déroulées sur toute l’étendue du territoire. Elles s’achèvent le 9 juillet.
La détention et l’usage du support de communication numérique (téléphone portable, tablette, smartphone et tout autre objet connecté) sont interdits aux candidats dans les centres de composition. Cela fait partie des mesures prises par le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation dans le cadre des examens à grand tirage. Et ce, pour lutter contre la tricherie et la fraude.

En dépit de cette mesure, certains candidats à l’examen du baccalauréat de la session 2021, sur la période du lundi 5 au mercredi 7 juillet, se sont présentés avec des téléphones dans l’enceinte des établissements. La ministre Mariatou Koné engagée dans la lutte contre la fraude avait insisté sur la rigueur et la vigilance dans la surveillance des examens à grand tirage lors du lancement et au cours de ses visites dans les centres de composition.

Malgré cette mise en garde, des candidats au Bac à Yopougon, Marcory, Port-Bouët, Alépé, Grand-Bassam et Sinfra pour ne citer que ces zones, ont été interpellés parce que détenant des téléphones mobiles. Quand d'autres ont été pris en flagrant délit de fraude, selon des sources concordantes.

Des téléphones portables dans les dessous et les toilettes

Dressant le bilan des techniques de fraude et des interpellations, des sources proches d’enseignants sur le terrain révèlent qu’une candidate qui avait dissimulé son téléphone dans ses dessous a fini par passer aux aveux.

D’autres avaient caché leurs téléphones dans les toilettes dans la perspective de recevoir les corrigés des épreuves, mais ils ne parviendront pas à tricher. Le pot aux roses ayant été découvert. D’autres encore ont été priés de quitter les salles de composition. En attendant le bilan officiel sur la détention des téléphones, par les autorités compétentes, plusieurs téléphones ont été saisis.

Des candidats libres se faisant passer pour des candidats officiels par le biais d’un collège privé ont été identifiés. Ces derniers seront sanctionnés pour fraude sur le statut de candidat à la présente session de l’examen du baccalauréat.

Au Brevet d’études du premier cycle (Bepc) et au Certificat d’études primaires élémentaires (Cepe) après la proclamation des résultats, des cas de fraude ont été constatés. Du blanco a été retrouvé sur des copies, des copies semblables identifiées. Ce qui est formellement interdit.

Face à cette situation, plusieurs parents de candidats ont fait des réclamations concernant le Bepc et le Cepe. Les techniques de tricherie de ceux qui avaient été interpellés les années précédentes par les surveillants ont été dévoilées.

La ministre Mariatou Koné est déterminée à lutter contre la fraude. (Photo : Julien Monsan)
La ministre Mariatou Koné est déterminée à lutter contre la fraude. (Photo : Julien Monsan)



Par exemple, le ou la candidate peut faire un trou dans un mur de sa salle la veille de l’examen pour y placer son téléphone, ou le scotcher sous le table-banc ou changer le moteur de la calculatrice en lieu et place d’un système téléphonique en vue de recevoir des messages.

Des candidats n'hésitent pas à cacher leur téléphone dans le plafond et des candidates recopient des leçons sur leurs cuisses dans le but de tricher.

16180 cas de fraude au baccalauréat en 2020

Selon nos investigations, les statistiques officielles sur les cas de fraude en 2020, au baccalauréat, font état de 16180 candidats concernés dont 13218 pour copies semblables et 1369 pour avoir utilisé un support de communication numérique.

Au Bepc, 26 candidats avaient utilisé un support de communication numérique. Et 26 autres avaient des copies semblables. On le voit, l’un des outils de la tricherie est l’internet via le téléphone portable pour recevoir d'éventuels corrigés de sujets.

Des enseignants également au banc des accusés

Toutefois, il n’y a pas que des candidats fautifs, des enseignants ont été aussi sanctionnés par exemple pour négligence dans la surveillance, pour avoir permis d’obtenir des copies semblables de candidats tant à l’intérieur du pays qu’à Abidjan. Et aussi pour avoir extorqué de l'argent aux candidats, à l’oral ou à l’écrit. Plus de 600 acteurs (enseignants, chefs d’établissement...) ont été sanctionnés.

Des surveillants ont été interdits pendant 5 ans de surveiller un examen. Lorsqu’il s’agit d’un enseignant du public, pour un cas de fraude, il passe devant le conseil de discipline. Son salaire peut être suspendu et lui-même radié des effectifs. S’il s’agit d’un enseignant du privé, son autorisation d’enseigner lui est retirée.

Des pistes de solutions pour juguler le phénomène

De tout ce qui précède, des enseignants proposent aux autorités du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, en marge des états généraux de l’École, un atelier spécial sur les examens à grand tirage.

Une rencontre qui peut être ouverte à des représentants de la police scientifique, des parents d’élèves, d’entreprises de téléphonie mobile, d’organisateurs de concours administratifs, d’autres acteurs du système éducatif afin que chacun fasse des propositions concrètes pour renforcer les dispositifs de lutte contre la fraude et la tricherie. Sans oublier des leçons de civisme à rappeler aux élèves, enseignants et parents d’élèves.

Concernant les incidents techniques (des exercices hors programme retrouvés dans le sujet) survenus lors des épreuves de physique-chimie de la session 2021du Bepc, qui ont entraîné la reprise de cette évaluation, des spécialistes de l’éducation proposent qu’après la validation des sujets par la commission de proposition de sujets, le choix définitif des sujets des examens à grand tirage n’incombe plus à une seule personne.

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La vision de Mariatou Koné

La ministre Mariatou Koné donnant des directives lors des épreuves écrites. (Photo : Julien Monsan)
La ministre Mariatou Koné donnant des directives lors des épreuves écrites. (Photo : Julien Monsan)

La ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, Mariatou Koné, fait de la lutte contre la tricherie et la fraude son cheval de bataille. A chacune de ses sorties face aux enseignants, aux élèves, elle ne manque pas de l’évoquer et d’insister. Elle veut que les candidats soient évalués sur leurs propres valeurs. Ces derniers doivent compter sur leurs compétentes.

A cet effet, elle a invité les candidats à l’effort personnel. « J’en appelle à la conscience individuelle », exhortait-elle lors d’une de ses tournées dans les centres. Elle les invite à dénoncer tous les acteurs qui donneront des réponses aux candidats pendant les compositions. Pour la ministre, le nombre de cas de fraude de l’année dernière est très élevé. Il faut faire en sorte que cela baisse.

C’est pourquoi, elle encourage chacun à faire preuve de plus de responsabilité. La ministre a fait observer qu’en matière de tricherie et de fraude, c’est la tolérance zéro. Tout coupable sera sanctionné. Pour elle, c’est un examen.

Les évaluations sont faites sur la base des leçons enseignées. Aussi ceux qui ont bien étudiés ont-ils de fortes chances d’être admis. Elle déconseille donc ce raccourci aux candidats et autres acteurs. Aux parents d’élèves, elle a conseillé de s’éloigner des centres d'examen. Leur rôle est d’encadrer leurs enfants à la maison au cours de l’année scolaire.

Dans la droite ligne de sa vision, la ministre Mariatou Koné a annoncé la tenue très prochaine des états généraux de l’École.


Le 09/07/21 à 18:48
modifié 09/07/21 à 18:48