Tchin Dan Festival 2021: La symbolique du port du pagne traditionnel au cœur des festivités

Lancement de la 6e édition du festival du pagne traditionnel dénommé Tchin-Dan
Lancement de la 6e édition du festival du pagne traditionnel dénommé Tchin-Dan
Lancement de la 6e édition du festival du pagne traditionnel dénommé Tchin-Dan

Tchin Dan Festival 2021: La symbolique du port du pagne traditionnel au cœur des festivités

La célébration de la richesse culturelle du Gbomi aura lieu du 12 au 15 août à Bomizambo et Kondeyaokro, à Tiébissou.

La grande fête du pagne traditionnel reprend ses droits, après une édition ratée, l’année dernière, en raison de la pandémie de coronavirus. Les festivités de l’édition 2021 se dérouleront du 12 au 15 août, à Bomizambo et à Kondeyaokro, les épicentres du peuple Gbomi de Tiébissou, dans le centre de la Côte d’Ivoire.

Pour donner les grandes articulations de cette 6e édition, Ousmane Gbané, le commissaire général du festival, était face à la presse, hier, au Musée des civilisations d’Abi-djan-Plateau. Avec à ses côtés Nanan Kouakou Daniel, chef de la tribu Gbomi; Bertin Yao Koffi, 2e adjoint au maire de Tiébissou, représentant le maire N’Dri Germain; Koua-kou Elvis, président de la Mutuelle de Kondeyaokro; Kouakou Antonin, président de la Mutuelle de Bomizambo et Faustin Bohoussou, historien-géographe, Ousmane Gbané a, d’entrée, traduit toute sa reconnaissance aux partenaires qui ont toujours fait confiance au festival.

Il a ensuite situé le contexte et les motivations du village. « On a tendance à présenter le Tchin Dan comme le festival du Baoulé. C’est vrai, Gbomi a la réputation et la notoriété de faire le meilleur pagne baoulé. Mais ce festival est, en réalité, celui du pagne traditionnel, donc baoulé, dan, lobi, gouro, sénoufo. Face à la mondialisation, de façon insidieuse, les plus grands nous imposent leur culture.

Aujourd’hui, très peu d’Ivoiriens, voire d’Afri-cains, peuvent se targuer de s’habiller dans une tenue qui permet de les reconnaître en temps qu’Africains. Pourtant, nos tenues et nos étoffes sont très belles. Nous, dé-positaires du pagne baoulé dans le Gbomi, nous nous sommes assigné pour mis-sion de promouvoir ce pagne et, partant, le pagne traditionnel dans toute sa diversité. C’est ce qui motive la création de ce festival avec pour objectif de promouvoir notre identité culturelle à travers notre façon de nous habiller », a-t-il indiqué, avant d’évoquer la raison économique comme deuxième motivation. Selon lui, l’activité de tissage du pagne dans le Gbomi constitue la première source de revenus des hommes, loin devant l’agriculture. Promouvoir le pagne traditionnel, c’est aussi promouvoir une filière économique. « Aujourd’hui, les jeunes du Gbomi, contrairement à ceux des autres régions, quittent la ville pour revenir s’installer au village afin de prospérer dans les activités de tissage du pagne », a-t-il révélé.

Placée sous le parrainage de Myss Belmonde Dogo, ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté et la co-présidence d’Harlette Badou N’Guessan, ministre de la Culture et de la Promotion de l’industrie des arts et du spectacle ainsi que du ministre de la Promotion des Pme, de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel, Félix Anoblé, cette édition 2021 porte sur le thème «Femmes et tenues traditionnelles ».Dans la culture Gbomi, les femmes n’ont pas le droit de tisser, mais elles interviennent dans la teinture, la filature, le design et surtout la vente et l’utilisation du pagne baoulé et en tant que stylistes modélistes, dans la création de modèles vestimentaires.

Il s’agira donc de mettre en exergue ces différents rapports des femmes avec le pagne baoulé et, partant, le pagne traditionnel. Toute la symbolique derrière le port du pagne traditionnel sera mis en lumière. « En Afrique, les femmes ne s’habillent pas n’importe comment et n’importe où. Cela obéit à toute une symbolique. Nous allons montrer aux festivaliers quelles sont les différentes façons de s’habiller des femmes baoulé, dan, lobi, gouro, sénoufo, selon les âges, le contexte et la responsabilité sociale. Vous aurez aussi l’occasion de découvrir la symbolique vestimentaire chez les femmes de nos frères du Ghana et du Burkina Faso, pays invités d’honneur », a expliqué Ousmane Gbané qui, à travers ce festival, au-delà de la promotion culturelle, ambitionne de faire de tous les artisans et tisserands du pagne traditionnel des opérateurs économiques, afin que naisse une vraie économie du pagne tissé pour le bien-être social de tous les acteurs du secteur.

Durant ces quatre jours de célébration de la richesse culturelle du peuple Gbomi, les festivaliers auront droit à une visite de sites touristiques, des expositions et formations sur la chaîne de tissage du pagne traditionnel baoulé, ashanti, mossi, dan, sénoufo, gouro, des concours culinaires, des concerts géants avec la crème de la musique baoulé, des danses traditionnelles et des défilés de mode.

SERGES N’GUESSANT