L'éditorial de Venance Konan: La fin du monde

L'apocalyse!
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L'éditorial de Venance Konan: La fin du monde

Le 25/06/21 à 12:18
modifié 25/06/21 à 12:18
Pour la fin du monde, prends ta valise et va là-haut sur la montagne, on t’attend. Mets dans ta valise une simple chemise. Pour la fin du monde, pas de vêtements. » Les anciens de ma génération doivent se souvenir de cette chanson du français Gérard Palaprat que nous fredonnions au collège .

« Pour la fin du monde, prends ta valise et va là-haut sur la montagne, on t’attend.
Mets dans ta valise une simple chemise. Pour la fin du monde, pas de vêtements. »
Les anciens de ma génération doivent se souvenir de cette chanson du français Gérard Palaprat que nous fredonnions au collège. Quand aura donc lieu cette fameuse fin du monde annoncée par tant de prophètes depuis tant de siècles ? Selon les experts du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la vie sur terre risque de devenir infernale, au point peut-être de ressembler à la fin du monde, ou peut-être à l’enfer. Et cela, dans les trente années à venir. Pour ces experts mandatés par l’ONU, vu le rythme auquel la température de la terre est en train de monter, si le réchauffement atteint les deux degrés, la fonte des calottes glacières du Groenland et de l’Antarctique de l’ouest serait irréversible et pourrait provoquer une hausse du niveau de la mer de 13 mètres. Et dans une telle éventualité, des villes côtières telles que Abidjan, Lagos, Rio de Janeiro, Bangkok, Osaka, New York, Miami, Calcutta, Alexandrie pourraient être menacées de disparition. Nous connaîtrons également beaucoup plus de cyclones, de tempêtes, de périodes de sécheresse, et autres calamités. Mais au-delà de ces catastrophes, ce sont des millions de personnes qui seront affectées par la faim, parce que la production agricole baissera et les ressources en eau s’amenuiseront d’année en année. Selon l’OCDE, d’ici 2030, c’est-à-dire d’ici neuf ans, une personne sur deux sera confrontée au manque d’eau.
Comment en sommes-nous arrivés là ? D’aucuns diront que c’est l’aboutissement logique du système économique que l’homme a choisi, quand d’autres soutiendront que c’est dans la nature de l’homme de tout détruire sur son passage. Ils sont nombreux, les scientifiques qui font remarquer que dès que l’homme met les pieds quelque part, les animaux et autres espèces qui s'y trouvent disparaissent progressivement. Ainsi, les chercheurs estiment que quelques milliers d’années après que l’homme a mis les pieds sur la terre australienne, vingt-trois des vingt-quatre espèces animales australiennes de plus de cinquante kilos se sont éteints, et bon nombre d’espèces plus petites ont également disparu. Il en fut de même lorsque l’homme débarqua en Amérique et à Madagascar. Une bonne partie de la faune disparut. (Lire sur ce sujet Yuval Noah Harari : Sapiens, une brève histoire de l’humanité (Albin Michel).
Mais l’œuvre la plus destructrice de l’homme fut l’invention du capitalisme et la révolution industrielle. Il fallait au capitalisme des marchés, toujours des marchés, des matières premières, encore plus de matières premières, des consommateurs, toujours plus de consommateurs. Le capitalisme qui naquit en Europe déborda sur le reste du monde, ce qui fit dire à Lénine que l’impérialisme était le stade suprême du capitalisme. Mais une fois toute la terre conquise, il fallut exploiter au maximum et au moindre coût toutes les ressources de ces nouveaux mondes. C’est au nom du capitalisme que l’esclavage des Africains fut organisé. De même, dans le monde industriel, l’élevage ne consista plus à suivre les animaux errant dans la nature pour s’assurer qu’ils ne se perdent pas, en les laissant se nourrir à leur gré, mais à les enfermer dans des enclos et à les nourrir selon des techniques spécifiques, parfois très cruelles, pour qu’ils acquièrent plus de chair, ou produisent plus de lait ou d’œufs. Le crédo est qu’il faut toujours produire plus. Et dans cette course à la production, l’on s’est peu soucié de l’environnement. On a détruit, et l’on continue de détruire les forêts, tout en sachant que c’est grâce aux forêts que nous respirons. On pollue les océans et les fleuves pour chercher de l’or qui ne se mange pas. On pille toutes les espèces de poissons qui s’y trouvent sans se soucier du lendemain. On pêche plus de poissons qu’il ne faut. On produit plus que l’on ne peut consommer et l’on jette le reste.
Qu’est-ce que l’homme finalement ? Un destructeur inconscient. Il s’est persuadé qu’il est le maître de l’univers, il a inventé des religions pour se convaincre que Dieu lui a donné le droit de régner sur tout l’univers, donc d’en faire ce qu’il en voulait. Alors, il a tout détruit ou s’est donné les moyens de le faire. Aujourd’hui, avec la technologie inventée par l’homme, notamment les armes atomiques, il peut détruire la terre entière en un clin d’œil, en appuyant simplement sur un bouton. Nous n’y sommes pas encore, mais en attendant, nous risquons de vivre ou de faire vivre l’enfer à nos descendants. Il ne s’agit pas de lointains descendants, mais des enfants que nous avons sous les yeux actuellement. Est-ce parce qu’il sait qu’il détruira bientôt totalement la terre que l’homme se prépare à aller vivre sur Mars ?
Concluons sur ces paroles de Yuval Noah Harari : « Voici soixante-dix mille ans, Homo sapiens n’était encore qu’un animal insignifiant qui vaquait à ses affaires dans un coin de l’Afrique. Au fil des millénaires suivants, il s’est transformé en maître de la planète entière et en terreur de l’écosystème. Il est aujourd’hui en passe de devenir un dieu, sur le point d’acquérir non seulement une jeunesse éternelle, mais aussi les capacités divines de destruction et de création. »


Le 25/06/21 à 12:18
modifié 25/06/21 à 12:18