Journée mondiale de la liberté de la presse: Amadou Coulibaly : « La notion de la liberté doit être liée à celle de la responsabilité »

La plus jeune députée de Côte d'Ivoire a défilé aux côtés du président de l'Unjci, Jean-Claude Coulibaly et des journalistes.
La plus jeune députée de Côte d'Ivoire a défilé aux côtés du président de l'Unjci, Jean-Claude Coulibaly et des journalistes.
La plus jeune députée de Côte d'Ivoire a défilé aux côtés du président de l'Unjci, Jean-Claude Coulibaly et des journalistes.

Journée mondiale de la liberté de la presse: Amadou Coulibaly : « La notion de la liberté doit être liée à celle de la responsabilité »

Liberté de la presse, liberté de la presse, liberté de la presse ! ». Ces cris du cœur ont marqué les étapes de la procession, à travers les artères de Cocody, des journalistes et professionnels des médias qui se sont retrouvés le 3 mai, dès 8h devant la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti). Après la marche qui a vu la participation surprise de la plus jeune élue de Côte d’Ivoire, Naya Karis Zamblé, député de Gohitafla qui avait à ses côtés Anne Lemaistre, représentante du Bureau Unesco Abidjan. Elles ont été rejointes après la marche, au stade de la haute Fréquence de la Rti, par Amadou Coulibaly, ministre de la Communication, des Médias et de la Francophonie, Richard Bell, ambassadeur des États-Unis en Côte d’Ivoire, Yvette Daoud, ambassadeur des Pays-Bas en Côte d’Ivoire, Namizata Sangaré, présidente du Conseil national des droits de l’homme et plusieurs officiels pour la cérémonie de clôture de la 28e édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse qui tout comme à Abidjan était célébrée ce jour dans le monde entier. Au pupitre, tous ont révélé l’importance de la liberté de la presse, gage de cohésion sociale et de maintien de la démocratie.

Rester vigilant et jaloux de sa liberté et éviter

les compromissions

Jean-Claude Coulibaly, président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci) a situé le cadre de la journée avant de donner les enjeux de cette célébration. « Cette journée spécialement dédiée à la liberté de la presse a été instituée en 1991 à Windhoek en Namibie, à l’occasion d’un colloque international placé sous l’égide de l’Unesco et ayant regroupé des journalistes de tous les continents, des acteurs de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme. Cependant, c’est en décembre 1993 que l’Assemblée générale des Nations unies a instauré une Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai marquant la date de l’adoption de la déclaration de Windhoek.

Pour Jean-Claude Coulibaly, le thème de l’édition de cette année « Promouvoir l’information comme bien public, lutte contre les fake news », renvoie à l’idée qu’une presse indépendante et pluraliste joue un rôle essentiel dans la quête et le maintien de la démocratie dans un pays. C’est pourquoi l’information comme bien public signifie que le plus grand nombre doit pouvoir avoir accès à l’information et les acteurs soient dans les conditions requises pour produire une information de qualité. « La liberté en général et la liberté de la presse en particulier est une quête permanente. Les puissances politiques ou d’argent résistent difficilement à la tentation de cacher ou de manipuler l’information pour servir leur cause. C’est donc pour chaque membre de cette corporation du métier d’informer, de rester vigilant, d’être jaloux de sa liberté et se garder de tomber dans les compromissions », a exhorté le président de l’Unjci.

Respect des règles

de gestion et de bonne gouvernance

« L’information comme bien public, c’est cette information responsable soucieuse du bien commun de notre communauté humaine qui est régie par les règles et réglementée par des lois. C’est cette information qui contribue au renforcement du lien social qu’il nous faut partager. Comme tout produit, l’information doit répondre à des exigences de qualité, et de fiabilité qui lui assureront une existence pérenne », a défini le ministre Amadou Coulibaly pour qui, face à la prolifération des fausses informations, il est important que le journaliste soit protégé et sécurisé afin de faire droit à l’information, ce bien public. La liberté de la presse assure la liberté du citoyen à avoir droit à une information qui lui permet d’assumer pleinement son rôle d’acteur social. « C’est au prix de la restauration de la confiance entre les producteurs de contenus que vous êtes et les consommateurs de ces contenus que vous donnerez à l’information, tout son poids de bien public », a-t-il expliqué avant d’affirmer son appartenance à la grande famille de la presse et de la communication. « Vous avez en des mots bien choisis, dit que j’étais un des vôtres. Oui, je me considère ainsi et vous pouvez compter sur moi partout où besoin se fera sentir. Parce que je suis un des vôtres, je voudrais me permettre fraternellement de nous dire certaines vérités. Le journaliste avant tout est un citoyen. En cette qualité, il est soumis aux lois de son pays. C’est pour cela que la notion de la liberté doit être liée à celle de la responsabilité », a-t-il indiqué avant de rassurer que le gouvernement reste toujours disponible à soutenir la presse. Il a confirmé que l’aide se fera toujours et mieux, le fonds sera élargi aux médias audiovisuels et numériques. Il a aussi abordé la question de la distribution de la presse qui fera l’objet d’une réflexion approfondie afin d’apporter une réponse plus adaptée et efficace. Mais au-delà, pour le ministre Amadou Coulibaly, « La presse, ce sont surtout les entreprises de presse qui doivent respecter les règles de gestion et de bonne gouvernance. Le soutien de l’État à la presse ne peut remplacer les stratégies de développement qui doivent être mis en œuvre par les propriétaires et gérants d’entreprise. Dans votre environnement plus que dans d’autres, les règles de bonne gouvernance doivent être respectées eu égard à la fragilité actuelle de votre secteur », a-t-il vivement exhorté suite au chapelet de doléances présentées par Sam Wakouboué au nom des organisations professionnelles. Au menu, plus d’accès à l’information publique, les entraves à la liberté de la presse avec des arrestations et gardes à vue de plusieurs journalistes, aide à l’impression, conditions difficiles de travail des journalistes etc.

Le lancement de la campagne « Promouvoir l’information comme bien public, lutte contre les fake news » a mis fin à la cérémonie. Cette campagne, qui va s’achever le 2 novembre prochain, visitera deux villes du pays

SERGES N’GUESSANT