Amadou Gon Coulibaly : L’homme aux 3 initiations

Amadou Gon Coulibaly (3e à partir de la gauche) est resté très attaché au Poro après son initiation. (Photo d’archives)
Amadou Gon Coulibaly (3e à partir de la gauche) est resté très attaché au Poro après son initiation. (Photo d’archives)
Amadou Gon Coulibaly (3e à partir de la gauche) est resté très attaché au Poro après son initiation. (Photo d’archives)

Amadou Gon Coulibaly : L’homme aux 3 initiations

Le 03/04/21 à 12:18
modifié 03/04/21 à 12:18
Amadou Gon Coulibaly portait un grand intérêt à l’authenticité culturelle. Son oncle, Coulibaly Siélé, par ailleurs Médiateur régional, qui explique, avec force détails, cette dimension de l’illustre défunt, fait une révélation de taille : « Amadou Gon a eu trois initiations. Parce qu’en plus de l’initiation au Poro, il a subi l’initiation chez les Adjoukrou et dans la région du Gontougo ».

Amadou Gon Coulibaly ne s’est donc pas contenté de sa culture initiatique d’origine. « Il a pris les éléments compatibles entre sa culture d’origine et les autres cultures pour apporter quelque chose de nouveau aux jeunes générations », confie Coulibaly Siélé.

La richesse culturelle d’Amadou Gon Coulibaly avait avant tout pour fondation le Poro de chez lui. Il faut dire qu’à l’image des autres cadres de Korhogo, l’homme était très attaché au culte initiatique du Poro. « C’était un haut cadre du bois sacré », lance, entre autres, Ouattara Bakary, secrétaire général de la Confrérie des chasseurs de Korhogo.

Coulibaly Siélé rappelle, à ce sujet, que « quand il venait à Korhogo pour des événements, il allait au bois sacré comme tous les autres. Notamment, les membres de sa génération d’initiés du Poro qui porte d’ailleurs son nom : Génération AGC ».

Intellectuel et homme politique de premier rang, cela aurait pu être un facteur bloquant pour son attachement à sa culture. « Au contraire, cela a été un fertilisant. Ce qui lui a permis de donner à la génération à laquelle il appartient, et même aux aînés, cette leçon : quoi que vous deveniez dans la vie, vous ne devez pas oublier vos origines », lance l’oncle.

Quand on lui demande d’où vient cette ligne de vie culturelle de son neveu, il répond qu’en fait, Amadou Gon « est un excellent héritier de son géniteur ». Il explique que dans le modèle, l’exemple est venu de son père, Coulibaly Gbonplé. Ce dernier a été ingénieur des Tp, directeur de cabinet du ministre des Travaux publics dans l’un des premiers gouvernements de Côte d’Ivoire. Il a été député. Mais jusqu’à sa mort en 1990, il a vécu lié à sa culture d’origine, le Poro.

Toute chose qui amène le Médiateur régional de Korhogo à soutenir que cela a eu pour effet de sensibiliser ceux qui pensaient que quand on est allé à l’école jusqu’à un certain niveau, sa culture d’origine devenait sauvage et qu’il fallait s’en débarrasser. Ils ont compris qu’ils se trompaient. Et qu’ils devaient se ressourcer et se réapproprier la culture dans laquelle ils sont nés. C’est-à-dire le Poro.

De sorte qu’ « aujourd’hui, tous les intellectuels sénoufo restent attachés à leur culture d’origine », ajoute-t-il. A titre d’exemple, Coulibaly Siélé cite le cas de l’actuel ministre des Transports, Amadou Koné, cousin d’Amadou Gon Coulibaly. C’est « un grand initié du Poro », dit-il avec beaucoup de fierté.

Pour être fixé définitivement sur l’attachement du peuple sénoufo de Korhogo à sa culture initiatique, quel que soit son niveau intellectuel, le Médiateur régional fait remarquer que les non-alphabétisés ne représentent que 17 à 25% des initiés au Poro. « Tous les autres sont des instruits. Le niveau moyen le plus bas est le baccalauréat », révèle-t-il.Pour toutes ces raisons, l’oncle conclut que son neveu aura été un modèle que les jeunes de sa génération ont pris en exemple.

Aussi, pour avoir vécu une vie aussi imprégnée du Poro, Amadou Gon Coulibaly ne peut-il que bénéficier de funérailles traditionnelles dans lesquelles le sacré est roi. D’ailleurs, ses parents veulent marquer d’une empreinte particulière cet aspect, fait savoir le Médiateur régional.


Le 03/04/21 à 12:18
modifié 03/04/21 à 12:18