Funérailles traditionnelles d’Amadou Gon Coulibaly: Le Poro prend le contrôle des opérations, Korhogo ‘‘ville morte’’

Les initiés ont paradé toute la journée du vendredi au quartier Soba. (Photo : Poro Dagnogo)
Les initiés ont paradé toute la journée du vendredi au quartier Soba. (Photo : Poro Dagnogo)
Les initiés ont paradé toute la journée du vendredi au quartier Soba. (Photo : Poro Dagnogo)

Funérailles traditionnelles d’Amadou Gon Coulibaly: Le Poro prend le contrôle des opérations, Korhogo ‘‘ville morte’’

Le 03/04/21 à 11:23
modifié 03/04/21 à 11:23
Le légendaire culte initiatique du pays Senoufo est désormais au cœur du déroulé du programme.
Il paraît que ce soir (jeudi 1er avril), nous devons rester à la maison. Demain (vendredi 2 avril), personne ne sort... Il paraît qu’il n’y a pas de départ de cars de transport, demain (vendredi 2 avril) ». Ce sont des propos qu’on a entendus, ces dernières heures dans la ville de Korhogo et de personnes qui ne sont pas à Korhogo.

Conséquence, le vendredi 2 avril, sans être une « ville morte », la capitale de la région du Poro n’a pas connu son ambiance habituelle. Les magasins, le grand marché, les maquis et restaurants du centre-ville sont restés fermés. Les rues ne grouillaient pas de monde.

A Korhogo, tout le monde respecte le Poro ou du moins le redoute. Y compris les allochtones. Le chemin de ceux qui ne sont pas initiés ne doit pas croiser celui des masques du Poro. C’est connu. C’est respecté.

La grande prudence de certains habitants s’explique par l’annonce de la sortie programmée du Poro dans le cadre des funérailles traditionnelles d’Amadou Gon Coulibaly.

A cause de la grande sortie du Poro, les rues de Korhogo étaient désertes vendredi. (Photo : Poro Dagnogo)
A cause de la grande sortie du Poro, les rues de Korhogo étaient désertes vendredi. (Photo : Poro Dagnogo)



Effectivement, le jeudi 1er avril, depuis l’aube jusque tard dans la soirée, les habitants ont vu les jeunes faisant leur initiation entrer à pied dans la ville de Korhogo en provenance de leurs villages. Tous, selon un guide très introduit dans les affaires du Poro, se rendaient directement dans l’un des Sizang (Bois sacré) de la ville. Tous reconnaissables facilement par leurs tenues. Juste un cache-sexe en tissu. Les pieds nus. Et portant parfois un bagage sur la tête ou sur l’épaule.

Ce défilé permanent des jeunes en pleine initiation annonçait, pour les avertis, de grands mouvements du Poro dans les heures à suivre.

Ils n’avaient pas tort. Le programme des funérailles prévoyait pour la journée du vendredi 2 avril, une grande procession des Poros, depuis le Sizangbog (Bois sacré central), dès 8h du matin, pour des activités qui dureraient jusqu’à 19h30. Et c’est ce qui s’est passé. Sortis du Bois sacré, les Poros se sont installés sur le tronçon de voie allant de Gbondala (la cour du patriarche) à la grande mosquée, d’une distance d’environ 3 km, pour leurs spectacles.

Un initié rapporte que cette rue a été complètement fermée à la circulation. Les agents de la Police nationale commis à la sécurité, sont restés sagement assis dans leurs véhicules. Autre détail: personne n’a osé sortir son portable pour filmer ou prendre des photos. Ce genre d’activité n’étant pas couverte, il n’y aura donc pas de description de scènes. Avec cette grande parade, du vendredi 2 avril, le sacré a pris toute sa place dans le déroulé des funérailles.

Le grand marché est resté fermé toute la journée. (Photo : Poro Dagnogo)
Le grand marché est resté fermé toute la journée. (Photo : Poro Dagnogo)



Mais ce n’est pas la première entrée du Poro depuis que l’événement a démarré le 31 mars 2021. L’institution initiatique a joué un rôle majeur dans la reprise symbolique des obsèques, le 1er avril, à 4h du matin. C’est, en effet, le Poro qui a procédé à la levée du corps symbolique à la résidence privée du défunt en vue du transfert à la cour de son patriarche Péléforo Gbon (Gbondala).

Le même jour, toute la nuit durant, le Poro a pris part à la veillée mortuaire par intermittence avec les danses de réjouissances que sont le balafon et autres.

Cette veillée, selon notre guide, est d’une grande importance. Elle constitue un des éléments essentiels de l’hommage au défunt avant de l’accompagner à sa dernière demeure. Le sacré sera encore présent jusqu’au 7 avril. Mais, le volet festif des funérailles demeure. Comme ce qu’il nous a été donné de voir, dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 avril, avec encore un « mini festival de danse à Gbondala ».

Ceux qui, arrivés de tous les horizons de la Côte d’Ivoire et qui aiment la danse, auront l’occasion de s’éclater à cœur joie en hommage à l’illustre défunt.

De notre envoyé spécial à Korhogo



Le 03/04/21 à 11:23
modifié 03/04/21 à 11:23