Décédé dans la nuit du 23 au 24 mars : Michel Kodjo sera inhumé le 16 avril à Krinjabo

Le peintre sculpteur Michel Kodjo sera inhumé le 16 avril. (Photo: Sébastien Kouassi)
Le peintre sculpteur Michel Kodjo sera inhumé le 16 avril. (Photo: Sébastien Kouassi)
Le peintre sculpteur Michel Kodjo sera inhumé le 16 avril. (Photo: Sébastien Kouassi)

Décédé dans la nuit du 23 au 24 mars : Michel Kodjo sera inhumé le 16 avril à Krinjabo

Le 29/03/21 à 06:21
modifié 31/03/21 à 05:06
Le peintre sculpteur, dont le travail a fait flotter dans le ciel de plusieurs pays le drapeau ivoirien, sera inhumé le 16 avril. Il reposera à Krinjabo, auprès de sa mère. L’information a été donnée par son épouse Danielle Kodjo, rencontrée le 26 mars à Grand-Bassam.

Dans un récit très émouvant, elle a rappelé quelques traits caractéristiques que l’artiste nous a donnés de voir récemment. A un moment où nous le rencontrions avec l’idée de faire de lui notre première icône à présenter dans le cadre d’une nouvelle rubrique de Fraternité Matin consacrée à nos artistes connus. Le titre de la rubrique ? « Nous les avons rencontrés ».

Dans la bâtisse coloniale de Grand-Bassam qui incarnait à l’époque le tout premier bâtiment de la poste de Côte d’Ivoire et aujourd’hui rebaptisée « La Maison du patrimoine » où ses œuvres étaient exposées, l’artiste n’avait pas attendu que lui soit posé une question avant de dérouler le fond de sa pensée : « Enfin, la Côte d’Ivoire se réveille », nous avait-il lancé. « Elle se réveille parce qu’elle fait aujourd’hui venir à nous des journalistes. Je pense qu’il est enfin temps qu’elle comprenne le sens de mon art ».

Le regard lointain, les phrases empreintes de mysticisme, Michel Kodjo parle de l’art en général et de son art. Mais surtout, de l’importance qu’il aurait souhaité que l’on accorde à l’art dans la vie d’un pays : « Le patrimoine de la nation ivoirienne, c’est l’art. Mais les gens l’ignorent. L’art, ce n’est pas le beau parce que tout est beau sur la terre. Il n’y a rien de laid. Si je trouve quelque chose de laid, c’est simplement parce que mon éducation m’aura orienté vers des canaux d’esthétiques précis, alors je rejette tout ce qui ne correspond pas à ce que je pense en le considérant comme laid. Mais si je fais l’effort sur moi pour habiter avec l’individu ou l’objet, je verrai qu’au fur et à mesure que le temps avance je vais découvrir les propres canons d’esthétique de l’objet et alors je le trouverai beau quoi que ses traits soient différents de l’autre ».

Selon lui, le monde tombe en chute vertigineuse par méconnaissance de ce principe. Le ton est ainsi donné. Beaucoup plus confortablement installés pour mieux saisir la portée de ses dires ; nos regards se posent sur quelques-unes des œuvres de l’artiste octogénaire.

Pour lui, la première erreur commise et qui ne semble pas avoir été comprise par les gens, est celle de dissocier les révélations que Dieu a faites au prophète, parce que le prophète dit-il, c’est l’artiste. Souvent difficile à cerner, l’artiste poursuit son explication sur un ton accompagné d’une sérénité parfois déconcertante.

Pour lui encore, « l’artiste est fait pour découvrir la vérité et la vérité est l’intelligence, mais malheureusement, nous les hommes ne sommes pas intelligents. Car celui qui a l’intelligence et qui nous la confie, c’est Dieu. Lorsque l’homme est instruit et qu’il a des diplômes, il croit qu’il est intelligent, mais c’est complètement faux, il est dans une erreur monumentale. Les gens confondent intelligence et instruction ».

Croire ou ne pas croire en ce qu’il dit n’est pas là le problème. Le plus important est que l’artiste dit sa part de vérité exprimée à travers ses œuvres. Des œuvres qui, pour la plupart du temps, chantent les merveilles de Dieu et de ses créations. Michel Kodjo laisse derrière lui un patrimoine immense.


Le 29/03/21 à 06:21
modifié 31/03/21 à 05:06