C’est un baobab qui vient de tomber. Un homme de paix, de conciliation et de partage. Fologo a inspiré des générations de journalistes des années 1980, notamment ceux de la presse écrite. Et nous étions de ceux qu’il a contribué à former en facilitant nos études de journalisme à l’étranger.

Bien que très attaché à la ligne éditoriale très militante du journal, il comprenait la volonté des jeunes journalistes que nous étions, de nous en affranchir. Pour être en phase avec les évolutions politiques de l’époque. Auguste Miremont, plus en phase avec nous sur ces aspects, en avait compris la nécessité et même l’intérêt pour Fraternité Matin d’épouser les exigences éditoriales du moment.

Trop attaché au monopole de Fratmat, Fologo avait accueil avec peu d’enthousiasme, la création d’ivoir’Soir en 1987, dont l’initiateur était Auguste Miremont. Il y voyait une sorte de petite révolution journalistique qui pourrait gêner la grande unité éditoriale du moment. Il n’y avait à l’époque ni multipartisme ni « droitdel’hommisme ». Et le mur de Berlin n’était pas encore démantelé. De même que la guerre froide Est-Ouest était à son apogée. À quoi bon donc créer un journal iconoclaste dans une telle ambiance ?

Fologo lui, n’avait pas perdu le sens des réalités. Homme fidèle et loyal à Houphouët-Boigny, il n’avait de cesse de nous rappeler, chaque fois qu’il était dans l’embarras, le très pertinent conseil du sage, emprunté à Gambetta, pour qui « la politique est la saine appréciation des réalités. Bonnes ou mauvaises ». Il s’est toujours efforcé d’être là où on l’attend. Jusqu’à forcer l’admiration de tous.

KÉBÉ Yacouba

Journaliste, premier rédacteur en chef d’Ivoir’Soir,

président de la Commission d’accès à l’information d’intérêt public et aux documents publics (CAIDP)