Dr Juliette Tchuenbou à propos du projet « Isidoctor » : « La télémédecine, une alternative pour la médecine à l’ère de la Covid-19 »

Dr Juliette Tchuenbou, médecin, gastro-Entérologue et Hépatologue (J. Bavane)
Dr Juliette Tchuenbou, médecin, gastro-Entérologue et Hépatologue (J. Bavane)
Dr Juliette Tchuenbou, médecin, gastro-Entérologue et Hépatologue (J. Bavane)

Dr Juliette Tchuenbou à propos du projet « Isidoctor » : « La télémédecine, une alternative pour la médecine à l’ère de la Covid-19 »

Le 02/02/21 à 16:39
modifié 02/02/21 à 16:39
Les explications de Dr Juliette Tchuenbou, médecin, gastro-entérologue et hépatologue, entrepreneure et présidente-fondatrice de l’Association des médecins africains de France (Amaf). Elle expose sur la création du projet « Isidoctor », une solution digitale-santé qui met patients et médecins en relation.
Dr Juliette Tchuenbou, qu'est-ce que c'est que le projet « Isidoctor » ?

C’est une solution digitale-santé. Elle rapproche les patients des professionnels de santé. Elle permet la mise en relation patient et médecin. Ce, grâce aux outils numériques. Elle favorise ainsi l’accessibilité aux soins.

Quel est l’objectif de ce projet ?

La solution vise à réduire les inégalités d’accès aux soins, à permettre à toute personne de pouvoir joindre un médecin quand elle le souhaite. Nous mettons à disposition une application qui est téléchargeable sur tout téléphone et à disposition des professionnels de santé. C’est une solution avec un dossier médical numérique intégré. Un agenda intégré pour les patients. Il suffira simplement d’avoir une connexion internet.

Dans quel contexte s’inscrit-il ?

Ce projet s’inscrit actuellement dans ce que nous vivons tous, la pandémie à Covid-19. Egalement dans les insuffisances des infrastructures sanitaires en Afrique, les déficits d’accès aux soins que les populations africaines vivent aujourd’hui. Notamment, celles éloignées des grandes capitales, des grandes agglomérations.

Quelle est la cible ?

C’est la population quel que soit son niveau d’alphabétisation, de vie. Tout le monde est concerné. La santé est universelle.

La population est majoritairement « analphabète » comment ce projet peut-il lui profiter ?

Elle est analphabète par rapport à une langue. Et quand on veut s’exprimer en français, on peut se faire aider par un neveu, une nièce, un enfant ou un cousin. On a tout prévu. Tous ceux qui peuvent s’exprimer avec un médecin dans les langues nationales, peuvent se faire accompagner au moment de la consultation ou de la prise de rendez-vous. On envisage à long terme de transformer en langue la conversation entre le professionnel de santé et le patient. Une deuxième version ultérieure.

Quelle est sa particularité ?

Sa particularité s’inscrit dans le monde de la digitalisation actuelle. Le numérique se développe dans tous les secteurs. Les domaines agricole, bancaire, de l'éducation, la santé ne doivent pas rester en marge. L’Afrique doit réussir sa transformation. Elle doit profiter de cette quatrième révolution numérique pour avancer et progresser. Le numérique aujourd’hui n’a pas de frontière. Où qu’on soit on a accès à internet. Nous ne pouvons pas parler de sous-développement. Car le numérique permet de se mettre à niveau. La santé ne doit pas rester en marge.

Quel est le rapport entre la médecine physique et celui du numérique ?

Pendant la pandémie on sait aperçu que nous avons appris de nouveau mot. Confinement, distanciation sociale etc. On vivait masqué. Comment faire pour consulter son médecin quand on est confiné chez soi. Comment avoir accès à un médecin quand il y a un couvre-feu. La télémédecine, la médecine à distance s’est imposée à nous et nous l’avons adoptée. Elle ne remplace pas la médecine physique. C’est une alternative, une complémentarité.

Quel est son apport en Afrique ?

Il n’y a pas de limite, pas de difficulté. Il suffit d’avoir un smartphone, une connexion internet. Aujourd’hui la connexion internet se développe partout en Afrique. Même dans les zones retirées tout le monde à un smartphone et a accès à une connexion internet. La solution est faisable, adoptable et exploitable partout et pas en Afrique seulement, même dans les autres continents.

Quelles sont ses avantages ?

Il y a plus davantage que d’inconvénients. Les avantages, c’est de vous permettre d’avoir votre dossier médical, carnet de santé dans votre téléphone que vous pouvez partager avec tout le monde. Si votre pharmacien vous prescrit des médicaments, vous ouvrez votre téléphone. Cela permet votre éducation sanitaire. Vous pouvez joindre un médecin où que vous soyez. Au bureau vous faites un malaise vous n’avez plus besoin d’aller chez votre médecin, ou en cabinet pour prendre un rendez-vous. Là, vous avez en consultation directe avec « izidoctor ». Autre avantage, vous avez un enfant malade vous avez plus de conseils pour la prise en charge primaire au début avant d’aller à l’hôpital. Le seul inconvénient est l’accès à internet.

Qu’est-ce que vous envisagez pour le projet ?

On envisage avoir des partenariats avec des opérateurs ou de mettre à disposition dans certains lieux, où faire des bureaux connectés où des personnes pourront venir avoir accès à internet. En exemple dans les hôtels, les services de municipalité, etc.

Quel est le coût ?

Bien évidemment pour télécharger l’application c’est gratuit, pour avoir un carnet de santé c’est gratuit mais pour bénéficier des services, il faudra souscrire à un abonnement minium de 2000 Fcfa pour tout le monde. Avec ça vous avez un bilan de santé offert. Le but est également de faire la prévention pour que tout le monde ait accès à un bilan de santé au moins une fois dans l’année.

L’association a été créée quand et quelles sont ses missions ?

L’association existe depuis 2010. Initialement je me suis aperçu qu’on était très nombreux sur le territoire français qu’on ne se connaissait pas. L’objectif était de faire un répertoire des médecins africains dans le but de partager nos expériences professionnelles et de pouvoir contribuer pour aider l’Afrique. Elle compte entre 800 et 1000 personnes. Tous les pays africains sont adhérents. J’exhorte toute la population africaine à prendre une part active dans ce projet. Car c’est pour elle qu’il a été conçu.

Entretien réalisé par JEAN BAVANE KOUIKA


Le 02/02/21 à 16:39
modifié 02/02/21 à 16:39