Sergio Tommasini (Pdg d’Airone): «L'amélioration des conditions de concurrence du Port de pêche favorisait de nouveaux investissements»

Sergio Tommasini, Président directeur général d’Airone. (Photo : Dr)
Sergio Tommasini, Président directeur général d’Airone. (Photo : Dr)
Sergio Tommasini, Président directeur général d’Airone. (Photo : Dr)

Sergio Tommasini (Pdg d’Airone): «L'amélioration des conditions de concurrence du Port de pêche favorisait de nouveaux investissements»

Le 11/01/21 à 15:28
modifié 11/01/21 à 15:28
Le Président directeur général de l’industrie thonière parle des perspectives du secteur et fait des propositions pour l’amélioration de la filière visant à favoriser la création de nouvelles conserveries de thon.
Comment se porte la filière thonière en Côte d’Ivoire ?

L'industrie de conserve du thon en Côte d'Ivoire est actuellement dominée par deux acteurs principaux dont Airone. La mise en conserve du thon représente, à elle seule, environ 60 000 tonnes de matière première comme capacité de transformation par an. Naturellement, les quantités de thon en transit au Port d'Abidjan sont bien supérieures à ce chiffre. Je pense qu’il faut penser à un soutien gouvernemental visant à attirer les armateurs ; ce qui serait stratégique d'un point de vue économique et de gestion du transit portuaire et faciliterait le débarquement à un rythme plus fréquent de la matière première. Par ailleurs, il faudrait envisager à rendre le nôtre plus compétitif que les autres ports ouest-africains et obtenir un petit quota de pêche au profit du marché local. Au niveau international, d'après les derniers rapports prévisionnels, le plus grand exploit attendu parmi les produits d'origine animale devrait concerner le secteur halieutique. Le Japon et l'Europe sont les moteurs de ce marché. La Fao estime que sur le Vieux Continent, la consommation moyenne annuelle par habitant est de 25 kg de produits de la pêche, avec l'Italie en tête de file, suivie par le Portugal, l'Espagne, le Luxembourg et la France ; s’agissant des pays membres de l'Union européenne (la consommation annuelle moyenne d’un Italien est de plus de 30 kg).Le dernier rapport sur la situation mondiale des pêches et de l'aquaculture (Sofia, en Bulgarie) prévoit 200 millions de tonnes d’aquaculture et de pêche de capture combinées, d'ici 2030 ( soit plus de 18% de la production actuelle dans le monde).Cela implique une recherche toujours plus poussée de la part des principaux opérateurs du secteur de la conservation et d’obtenir une profitabilité de l’exploitation à travers l’intégration verticale entre les activités de pêche, de traitement et de commercialisation des produits. Airone illustre bien un modèle gagnant dans ce sens à travers la synergie structurelle établie entre l'Italie et la Côte d'Ivoire.

Vous avez fait un plaidoyer, récemment, pour investir dans les pavillons afin de sécuriser l’approvisionnement et l’exportation dans l’optique de couvrir les besoins en ressources halieutiques ? Où en êtes-vous ?

Nous avons prévu un programme d'investissements structurels et en personnel. Depuis notre siège en Italie, nous avons activé des lignes financières dédiées pour l'approvisionnement en matières premières à la fois des grands thoniers industriels et de la pêche avec nos partenaires ivoiriens de la coopérative Socopaa. Présent sur le marché depuis de nombreuses années, nous entretenons des relations privilégiées avec des fournisseurs historiques qui savent qu'ils peuvent trouver en nous des acheteurs valables et sérieux qui respectent les délais et les modes de paiement.

Quel retour espérez-vous du partenariat que vous avez signé avec Inter-Océan ; surtout en termes de commercialisation locale du thon ?

À partir d'une tonne de thon frais, nous obtenons environ 60% de déchets et 40% de produit exploitable. A partir de ce produit, nous obtenons les miettes de thon ; un produit de qualité que nous valoriserons en partenariat avec Inter-Océan dans un projet de chaîne d'approvisionnement pour le marché local. En travaillant au mieux sur les coûts de production et de commercialisation, nous pouvons aller à la conquête du marché local avec un produit de qualité à un prix abordable. Nous avons choisi le partenaire ivoirien Inter-Océan car nous pensons qu'il est fiable et flexible à gérer ce projet. Ensemble, nous pensons à l'avenir.

Pensez-vous que ce secteur d’activité a de beaux jours devant lui en Côte d’Ivoire ? Et quelles sont vos perspectives ?

À mon avis, le gouvernement devrait travailler à l'amélioration des conditions de concurrence du Port de pêche afin de permettre aux grands thoniers de venir débarquer leurs prises de manière plus cohérente. Cela favoriserait la création de nouvelles conserveries de thon et boosterait la capacité de production de celles existantes à travers de nouveaux investissements. En outre, la présence accrue de grands thoniers conduit à une augmentation du marché local des petits poissons. L'ensemble de l'économie directe et connexe en bénéficierait. Cela dit, nous sommes satisfaits du travail que le ministre des Ressources animales et halieutiques abat avec la Carf (Conférence du comité d'administration du régime franc), en faveur des entreprises opérant dans la zone franche. Le ministre a une disponibilité constante à écouter les entreprises et partager leurs visions. Ceci est d’autant important que notre secteur d’activité représente plus de 25 mille personnes (employés directs, indirects comme les familiaux et induits).


Le 11/01/21 à 15:28
modifié 11/01/21 à 15:28