Bamba Cheick (président de la FITKD) : « Fier de laisser un tel édifice qui porte le nom du Chef de l’État »

Bamba Cheick Daniel, président de la Fédération ivoirienne de Taekwondo
Bamba Cheick Daniel, président de la Fédération ivoirienne de Taekwondo
Bamba Cheick Daniel, président de la Fédération ivoirienne de Taekwondo

Bamba Cheick (président de la FITKD) : « Fier de laisser un tel édifice qui porte le nom du Chef de l’État »

Le 10/01/21 à 18:23
modifié 10/01/21 à 18:23
Quelles sont les vraies raisons de votre refus de rempiler à la présidence de la Fédération ivoirienne de Taekwondo ?
Avant tout propos, permettez que je salue la mémoire de mon frère et ami, parce qu’on peut être des frères et devenir des ennemis ; je le vis au Taekwondo et celui avec qui je cultivais ces deux statuts de frère et ami, Augustin Sidy Diallo qui, après avoir pris cette décision de ne plus rempiler, après avoir eu des résultats connus de tous, a été rappelé à son Créateur. Je voudrais, au nom de la grande famille du Taekwondo saluer sa mémoire.


Quels étaient ses rapports avec le Taekwondo ?
Sidy Diallo a fait beaucoup pour le Taekwondo. En temps opportun, nous en parlerons. Ce que nous voulons que l’on retienne est que Sidy Diallo a aimé le Taekwondo, tout comme il a aimé le football. Il a donné une grande part de lui-même au Taekwondo.


Est-ce lui qui a inspiré votre départ de la Fitkd ?
L’annonce de mon départ de la présidence de la Fédération était prévue longtemps à l’avance. Ma famille et moi avions décidé qu’après deux mandats, je me retire. C’était acté. Gérer un sport qui ne génère pas les moyens à la dimension des ambitions que je nourrissais devenait ruineux pour ma famille. Le stress était permanent et je croyais avoir jeté les bases du remplissage intégral de la matrice d’actions que je m’étais imposée.


Et pourtant vous avez brigué en 2017, un troisième mandat...
Justement, dès qu’il a été clairement acté et convenu avec les hautes autorités coréennes que la Côte d’Ivoire allait accueillir ce centre initialement, propriété et entièrement dédié au Taekwondo, et que les autorités coréennes m’avaient confié la tâche de réaliser ce projet, j’avais donc décidé, après avoir eu le soutien total par une pétition signée par tous les maîtres à 95 % ; après une assemblée générale conduite par un commissaire de justice et ouverte par cette modification statutaire à tous, j’ai été reconduit. Par la suite, vous avez vu tous les tourments qu’il y a eus. Nous avons vécu des humiliations, des attaques, mais nous sommes restés à la barre grâce aux vrais Taekwondo-in. C’est grâce à ceux qui avaient une vision pour le Taekwondo que nous avons réussi à concrétiser ce grand souhait.


N'avez-vous pas de remords ?
Vous avez été témoins de la signature de l’accord tripartites sur la gestion de ce centre. Que dois-je attendre encore ? Aujourd’hui, tout le monde sait que Bamba Cheick n’est pas resté pour une question de carte de visite. Je voulais accomplir cette mission qui était la construction du Centre Alassane Ouattara. Terminer la structuration de la Fédération, l’introduction de la discipline à l’Injs etc. A présent, j’ai fait ma part. J’ai montré ce que je voulais faire. Il y a des moments où il faut savoir partir pour laisser d’autres personnes capables de diriger le Taekwondo le faire. Je pars heureux de savoir que j’ai accompli ma vision ; que l’ambassade de Corée et la Koica nous autorisent à déménager dans nos nouveaux locaux et de savoir que le Chef de l’État est heureux de voir une petite fédération, qui, avec ses relations, a réussi à ériger un édifice géant qui porte son nom.


Qui voyez-vous pour vous succéder ?
Je vois beaucoup de personnes. Elles existent. Pendant douze ans, elles ont été à mes côtés. Elles ont maintenant la vision et elles savent ce qu’il faut faire. Il ne faut pas donner l’impression que sans moi, le Taekwondo ne peut pas fonctionner. Je dirai au nouveau président, voilà ce qu’il y avait à faire. Il y a des chantiers qui peuvent être continués avec la même force, s’il veut bien.


Que diriez-vous si l’on vous demandait un portrait-robot de votre successeur ?
Il doit d’abord avoir l’amour du Taekwondo. Pas quelqu’un qui est à la recherche d’une carte de visite. Bien au contraire, on a besoin de quelqu’un qui a de l’entregent. Un président capable de répondre avec célérité lorsqu’on vient vous dire : « Gbagbi Ruth s’est fracturée le bras, il faut rapidement trois millions de F Cfa pour l’opérer ». Quelqu’un qui puisse courir partout pour trouver les moyens quand l’État n’a pas les moyens pour faire partir les équipes à des compétitions importantes. Avant, la Fédération ivoirienne de Taekwondo avait tout au plus deux sorties dans l’année, selon le rythme du ministère des Sports. Aujourd’hui, et surtout pour cette saison qui vient de s’achever, nous avons effectué quinze sorties. C’est-à-dire, une sortie en moyenne, par mois.


Justement, on vous reproche de ne pas organiser de championnat national...
Qu’est-ce qu’ils entendent par championnat national ? Ces exhibitions qui durent une journée dans une salle-là ? Enfin, j’ai fait un choix que j’assume. Se retrouver au Palais des Sports entre nous, sans se mesurer aux athlètes asiatiques, européens et autres africains, pour moi ressemble à des entraînements géants assortis de petites coupes. Nous avions laissé le soin de ce type de compétition à nos Ligues. Ce sont elles qui doivent animer le taekwondo au niveau national à travers des compétitions. Pendant que nous voyons plus loin, en récupérant les meilleurs après une vaste détection faite par les techniciens qui sillonnent les Ligues. En tout cas, je ne regrette pas ce choix ? Car c’est bien pour cela que la Côte d’Ivoire est championne du monde et championne olympique. Ce que le pays n’avait jamais réalisé.


Qu’est-ce qui vous fait croire que les choses vont aller comme sur des roulettes, après votre départ ?
Ce qui me motive est qu’il y a une matrice qui existe. Les institutions fonctionnent sans le président. Je disais qu’il faut « tuer » le président. Plus de président star, accapareur, le grand maître autour de qui tout tourne. Nous avons fait en sorte que l’institution fonctionne, en créant des corps ; les arbitres font leurs missions tout seuls, le comité directeur prend les décisions, la commission chargée de la règlementation siège, les Ligues fonctionnent ; elles organisent leurs compétitions et leur passage de grades etc. C’est ce que je vais laisser comme empreinte, comme la Fédération mondiale le fait aujourd’hui.


Quelles sont les clés de votre succès à la tête de la Fitkd ?
Tout est une question de vision, mais aussi de passion. Je suis un rappeur qui se nourrit de rêve, d’ambition et de persévérance. Mon histoire avec le Taekwondo n’est pas une génération spontanée. Je suis Taekwondo-in depuis l’âge de 12 ans. A 16-17 ans, on était ceinture rouge et déjà des Maîtres de Taekwondo. Venu à Abidjan, j’ai été entraîneur sur le campus. En 1982, j’ai créé l’Auc Taekwondo. A cette époque déjà, je fréquentais les grands maîtres comme le défunt Arsène Zirignon. Avant que je ne sois dans la vie active, j’étais devenu un boute-en-train du Taekwondo universitaire. J’organisais des Nuits du Taekwondo à la cité rouge et c’est une de nos démonstrations qui a été faite devant le Président Houphouët-Boigny qui nous a valu la construction de la petite salle sur le campus où j’ai entraîné des gens qui sont devenus aujourd’hui 6e Dan.


Vous avez le Taekwondo dans le sang...

Déjà très jeune, j’avais des ambitions pour le Taekwondo. J’ai fait entrer le Taekwondo à l’Oissu en organisant les premiers championnats universitaires avec la Coupe du Général Gaston Ouassenan Koné, en 1982, 1984, avec la Coupe Jean Vincent Zinsou etc.

Quand avez-vous rédigé votre plan de promotion et de développement du Taekwondo ?
C’est lorsque le Grand Maître Zirignon dont j’étais le vice-président chargé de la promotion du Taekwondo m’a demandé de produire un document dans ce sens. Le document que voici (il le brandit) a été rédigé le 24 juillet 1989. J’étais sous-préfet à Bongouanou. La création des Ligues, le cérémonial d’ouverture et de clôture des compétitions etc., tout est mentionné dans ce document. Tout ceci pour dire que j’ai appris aux côtés des grands maîtres dont Arsène Zirignon.


A quel moment l’idée de briguer la présidence de la Fitkd vous a-t-elle traversé l'esprit ?

Ce sont les Grands maîtres qui se sont réunis, avec à leur tête, le Grand maître Coulibaly Minayaha pour me dire que le temps était arrivé pour que je prenne la tête de la Fédération.

Comme cela... ?
Oui mais je pensais déjà ma matrice qui dormait dans les tiroirs. J’ai dû l’affiner afin de l’exécuter au jour le jour pour avoir les résultats dont on parle aujourd’hui. Pour moi, il n’était plus question d’aller à des compétitions d’envergure comme les Jeux olympiques pour faire de la figuration. Lors de ma première année de mandat, j’ai failli avoir deux qualifiés pour les JO (Ruth Gbagbi et Seydou Gbané). Finalement, seule Ruth y est allée pour la première fois. La deuxième fois, j’ai failli atteindre le quota de quatre qualifiés n’eut été l’erreur de Firmin Zokou. Cette fois, nous sommes revenus avec deux médailles. Cette fois et toujours en appliquant le même bréviaire, nous avons réussi à qualifier quatre athlètes pour Tokyo 2020. C’est donc une question de conception et de rigueur.


Quels enseignements tirez-vous de la dernière assemblée générale qui a eu lieu le 19 décembre au Centre Alassane Ouattara ?
Certains ont appelé au boycott, mais les Taekwondo-in ont montré leur maturité. Ils ont compris ceux qui sont prêts à tuer le Taekwondo pour avoir une carte de visite et ceux qui travaillent. L’assemblée générale s’est déroulée dans la transparence. Toutes les préoccupations des uns et des autres écrites étaient affichées à l’écran, lues et discutées ligne après ligne. Pour moi, c’est une grande satisfaction. Une assemblée générale mature qui sait où elle va. Sur 355 clubs, ceux qui étaient en règle, 240, ont été invités à l’Assemblée générale et 216 étaient présents. Vous pouvez vous faire une idée de ce que représentent ceux qui s’étalent sur facebook. C’est une bonne chose d’avoir des sons de cloche différents, mais pas de la vaine méchanceté.


Vous restez en place jusqu’au mois d’octobre 2021...
Je le disais tantôt, il s’agit d’une assemblée générale mature qui a prorogé mon mandat jusqu’en octobre. Et ce, dans l’optique des Jeux olympiques de Tokyo, mais aussi pour organiser efficacement l’inauguration officielle du centre Alassane Ouattara couplé avec les 60 ans de relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et la Corée. L’Assemblée générale a surtout donné mandat au Forum des présidents de Ligue de rapidement réfléchir sur ce que la communauté de taekwondo doit payer pour entretenir le nouveau centre offert par la Corée et que cette décision soit exécutoire, une fois arrêtée.


Le 10/01/21 à 18:23
modifié 10/01/21 à 18:23