Violences basées sur le genre : 48 femmes dont 34 mineures violées à Yopougon en 2020




L’importance des centres de transit pour la prise en charge des survivantes des violences basées sur le genre a été soulignée par les panelistes. (photo : Dr)
L’importance des centres de transit pour la prise en charge des survivantes des violences basées sur le genre a été soulignée par les panelistes. (photo : Dr)
L’importance des centres de transit pour la prise en charge des survivantes des violences basées sur le genre a été soulignée par les panelistes. (photo : Dr)

Violences basées sur le genre : 48 femmes dont 34 mineures violées à Yopougon en 2020

Le 09/12/20 à 12:08
modifié 09/12/20 à 12:08
Un total de 48 femmes ont été violées en 2020 à Yopougon. Au nombre de celles-ci, 34 mineures, a fait savoir le 4 décembre le lieutenant de police Konan Ahou Elisabeth, responsable du bureau Genre au commissariat du 17e arrondissement de cette commune.

Elle représentait la police lors du panel des experts qui a eu lieu à la Maison de l’entreprise, au Plateau. Ce panel avait pour thème "la violence domestique au sein de la société : comment en venir à bout". Il ressort également de ses statistiques que quatre mineures et cinq adultes ont subi des agressions sexuelles.

Le plus grand nombre de victimes sont celles qui subissent les agressions physiques. 307 cas ont été dénombrés sur les trois premiers trimestres de 2020.

Nous avons ensuite les victimes de maltraitance psychologique et émotionnelle. Elles sont au nombre de 69, dont 14 mineures. Le total des infractions durant les trois trimestres de l’année 2020 est estimé à 458. « La police a pris à bras-le-corps tout ce qui est violence basée sur le genre », a souligné Konan Ahou.

A en croire le lieutenant de police, les cas de déni de ressources d’opportunité ou de services, c'est-à-dire lorsque l’homme abandonne sa femme et ses enfants, sans ressources, pour une autre vie, alors qu’ils sont légalement mariés, sont considérés comme des cas d’adultère.

Dans ce cas de figure, au dire de Elisabeth Konan, il arrive que le mari qui commet cet acte soit détenu au commissariat. Il en est de même pour celui qui bat sa femme, en attendant la procédure normale, afin qu'il réponde de ses actes.« Si sa femme et lui se réconcilient, il aura du respect pour elle et saura qu’elle n’est pas un objet sur lequel on tape », ajoute la responsable du bureau Genre.

Elle a, par ailleurs, expliquée que dans le cadre de la lutte contre les violences basées sur le genre (vbg), les patrons de la police ont créé en 2013 des textes, ainsi qu’une charte. Par ailleurs, « pour bien recevoir les survivants des Vbg qui viennent à nous, nous avons commencé à installer des points focaux dans tous les commissariats », a-t-elle dit, avant d’ajouter : « En 2014, nous avons commencé à donner des cours sur les violences basées sur le genre, des policiers ont été formés à l’Ecole de police, afin qu’ils soient qualifiés pour la prise en charge ».

L'islam pour le divorce

Quant à l’imam Koné Abou, il a déclaré qu’en cas de maltraitance et de souffrance de la femme, le divorce doit être autorisé. Car, estime-t-il, à partir du moment où il y a mariage, il peut y avoir divorce. Il ne comprend pas la position de l’Église selon laquelle le mariage est indissoluble.

« Dans le couple, le mariage fait partie des rapports sociaux, l’islam, ce n’est pas seulement les cinq piliers, il y a également les cinq chapitres qui reposent sur la foi, l’éthique, le comportement, les pratiques religieuses, et les rapports sociaux », a-t-il expliqué.

Ces rapports sociaux sont, selon lui, basés sur les droits et devoirs. « Lorsque la vie de la personne est en danger, lorsqu’il y a des violences physiques, lorsque le mari abandonne sa femme, lorsqu’il ne la nourrit plus, ne la soigne plus, lorsque verbalement, il l’humilie devant ses enfants, il faut bien qu’on lui explique ses droits. Quitte à elle de les utiliser ou de ne pas les utiliser », a-t-il argumenté.

Gislain Coulibaly, sociologue expert en genre, a souligné l’importance des centres de transit dans le cas de violences faites aux femmes. Parce qu’ils offrent des services d’hébergement, et de prise en charge alimentaire aux survivantes.

Cela, grâce à une prise en charge au niveau médical et psychologique. « Elles ne peuvent plus retourner dans la cellule familiale. Ce qui fait que le dispositif que nous voulons, ce sont des centres de transit qui offrent toutes les commodités aux victimes de violences basées sur le genre », souligne Gislain Coulibaly.

Il estime que le centre de prévention et d’assistance aux victimes des violences sexuelles (le centre Pavios) est le modèle achevé de ces centres de transit. « Malheureusement en Côte d’Ivoire, le centre Pavios n’était pas fonctionnel. Avec l’appui du Pnud, le gouvernement a pu le réhabiliter. Il faut qu’il en existe sur tout le territoire national » ; dit-il en souhaitant l’augmentation de la capacité d’accueil de ce centre.

Quant à la psychologue Judith Koffi, son rôle a consisté à donner des conseils à ces femmes désemparées. « Nous leur montrons qu’elles peuvent se prendre en charge à travers une activité qui va leur permettre de gagner de l’argent et avoir une indépendance financière », dit-elle.

Estimant que quand la femme acquiert son indépendance financière, les hommes ont plus de respect pour elle et les violences cessent. Aussi soutient-elle qu’il est important que les femmes se prennent en charge et se responsabilisent.


Le 09/12/20 à 12:08
modifié 09/12/20 à 12:08