CAF : Un accident salutaire

Ahmad Ahmad, ex-président de la CAF. (DR)
Ahmad Ahmad, ex-président de la CAF. (DR)
Ahmad Ahmad, ex-président de la CAF. (DR)

CAF : Un accident salutaire

Le 26/11/20 à 13:50
modifié 26/11/20 à 13:50
L’heure n’est plus au rafistolage, à des solutions bancales. La crise de la Caf ne doit être qu’un accident salutaire et donner lieu à une prise de conscience collective. Le football africain dispose d’un nombre incalculable de talents sur les pelouses. Ce qu’il faut remuer, c’est tout ce qui se trouve en dehors des terrains. Il faut dépoussiérer, rénover des structures qui remontent au XXe siècle.

L’Afrique doit retrousser les manches et le cas Ahmad ne sera plus qu’un mauvais souvenir qui n’aura cependant pas été inutile.

Pour y arriver, deux hommes courageux. Le premier, paix à son âme, s’appelait Amr Fahmy. Il a été arraché à l’affection de tous dans la fleur de l’âge, à 36 ans. Amr Fahmy appartenait à une grande famille de serviteurs légendaires du football africain. Son grand-père Mourad et son père Mustapha l’avaient précédé dans la fonction de secrétaire général de l’institution.

Le deuxième s’appelle Mohamed El Sherei, directeur financier de la Caf avant son limogeage au mois de juillet 2019. Il est le fils de la très remarquable et redoutée - pour sa rigueur - Madame Amira, secrétaire générale adjointe de 1970 à 1993.

Ces deux hommes sont ceux qui ont instruit la Fifa, documents à l’appui, des dérives financières de la Caf. Sans eux, jamais l’affaire ne serait remontée jusqu’à l’instance suprême du football. Avec eux, il faut citer tous ces mécontents, dès l’arrivée du président Ahmad, qui ont été éjectés du siège au Caire.

Aujourd’hui, même si elle a mis du temps, la Fifa a fini par sortir le dossier de desous le boisseau, et le verdict est tombé. Ahmad a été suspendu pour cinq ans. Mais on sait qu’il ne reviendra pas.

Pendant ce temps, le sport roi sur le continent a pris du plomb dans l’aile et vole très bas. Récemment, on a vu une équipe en déplacement pour un match éliminatoire de Can passer presque la nuit à l’aéroport pour des raisons fallacieuses.

On assiste surtout à une compétition en zone Cosafa comptant pour les éliminatoires de la Can des moins de 17 ans, où quatre équipe débarquent avec des joueurs ayant largement dépassé la limite d’âge requis. Tout cela est anormal.

Pendant ce temps, des représentants de la Liga espagnole s’apprêtent à envahir la Tanzanie pour rechercher de nouveaux talents lors de la 11e édition du tournoi de football des jeunes d’Afrique de l’Est.

Par le biais de la branche Afrique de la Liga, les meilleures divisions de football espagnoles recruteront les joueurs talentueux pendant la compétition. Ce qui leur donnera l’occasion de jouer au-delà des frontières de la Tanzanie. Et de changer de nationalité si leur talent le leur permet. Peut-être pourrait-on demander qu’ils ne perdent pas leur nationalité. Alors qu’au même moment, trois ou quatre nouvelles pépites sont en train d’éclore en Europe. Elles sont toutes africaines et elles ont vite fait de changer de nationalité.

En réalité, la suspension d’Ahmad a mis en avant la crise de la Caf. Mais c’est tout le football africain qui traverse une période extrêmement difficile, aggravée particulièrement par la pandémie de Covid-19.

Le professionnalisme tel qu’il est vécu sur le continent reste une chimère. Il est indispensable qu’il soit complètement repensé. Soit on fait du foot pro en s’infligeant toutes les règles sévères qu’il nécessite, soit le foot africain ne sera qu’un réservoir pour les clubs de continents plus riches.

Un très vaste chantier que le nouveau président de la Caf devra entreprendre en consultant, au-delà des présidents, des associations nationales .


Le 26/11/20 à 13:50
modifié 26/11/20 à 13:50