7e art : "La Nuit des rois" en grande première

Laetitia Ky, au premier plan, dans le rôle de la reine. (DR)
Laetitia Ky, au premier plan, dans le rôle de la reine. (DR)
Laetitia Ky, au premier plan, dans le rôle de la reine. (DR)

7e art : "La Nuit des rois" en grande première

Le 18/11/20 à 16:59
modifié 18/11/20 à 16:59
« La Nuit des rois » ou la légende de Zama, chef des microbes. C’est le titre du deuxième long métrage que présente le réalisateur franco-ivoirien Philippe Lacôte. Après la projection de presse qui se tiendra le jeudi 26 novembre à partir de 14h au Majestic Ivoire et l’avant-première le 2 décembre à l’institut français d’Abidjan, « La Nuit des rois » entamera sa sortie officielle dans les salles de cinéma d’Abidjan, à partir du vendredi 4 décembre.

Un film qui, loin du monde initial de la royauté, retient le regard et la conscience des spectateurs, en portant la caméra au cœur de la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Dans « La Nuit des rois », la prison est surtout présentée comme un lieu de production de récits. Ici, Roman, un jeune homme de 17 ans, est obligé de raconter des histoires s’il veut rester en vie. Roman se lance ainsi dans un récit qui tient compte d’une histoire collective. Il convoque des personnages réels en ajoutant à son récit une dimension fantasmée et extravagante. Avec lui, la parole devient un instrument de libération, un talisman pour affronter la mort.

Pour prolonger ce récit, la fiche technique donne une idée claire à travers le synopsis : « Vieillissant et malade, Barbe noire est un caïd de plus en plus contesté. Pour conserver son pouvoir, il renoue avec le rituel de Roman qui consiste à obliger un prisonnier à raconter des histoires durant toute la nuit ».

Dans un autre récit, Philippe Lacôte justifie son thème et son choix d’écriture cinématographique : « Avec ce film, j’ai eu l’intention d’observer la société ivoirienne en période post-crise, par le prisme de la plus grande prison du pays, la Maca. La Maca est un endroit dont je garde des images fortes et qui m’a longtemps fasciné. Enfant, je longeais une fois par semaine la forêt du banco en taxi collectif et j’allais rendre visite à ma mère qui y était incarcérée pour des raisons politiques. Et comme il n’y a pas de parloirs à la Maca, j’attendais parmi des prisonniers qui circulaient librement autour des groupes de visiteurs. C’est un monde que j’aimais observer, même si je ne décodais pas tout. J’avais l’impression d’être dans la cour d’un royaume archaïque, avec ses princes et ses valets », dit le réalisateur, avant de poursuivre : « Dans ce film, ce sont des milliers de soldats qui vont s’affronter dans le paysage de montagne. Le souffle que nous voulons donner à ce film sera possible en partie grâce à des techniques de multiplication. La séquence emblématique du combat entre la reine et le jeune roi traduit toute la puissance du récit ».

Rappelons que Philippe Lacôte a grandi à Abidjan, à proximité d'un cinéma : « le Magic ». Son travail de réalisateur a pris plusieurs formes avant de se fixer en 2002 sur l’histoire récente de son pays avec « Chroniques de guerre en Côte d’Ivoire », un film à la limite du documentaire et du journal intime. Puis le long métrage « Run », sélectionné à Cannes et qui raconte l’histoire d’un fou errant.

Cette sélection confirme son talent de cinéaste et fait découvrir une nouvelle référence issue du continent africain. «La Nuit des rois » se présente comme une plongée dans la plus grande prison d’Afrique de l’Ouest, durant une nuit de lune rouge.

Le film a été présenté en première mondiale à la « Mostra de Venise » et au « Toronto international film festival », où il a remporté le prix Amplify voices. Il fait découvrir plusieurs personnalités dont Laetitia Ky, une actrice ivoirienne féministe qui réalise des sculptures avec ses cheveux tressés. Elle joue le rôle de la reine dans ce film qui représentera la Côte d’Ivoire à la prochaine compétition des Oscars.


Le 18/11/20 à 16:59
modifié 18/11/20 à 16:59