Patrice Beaumelle (entraîneur des Éléphants) : “Je ne suis pas figé sur un système”

Patrice Beaumelle, entraîneur des Eléphants de Côte d'Ivoire. (Dr)
Patrice Beaumelle, entraîneur des Eléphants de Côte d'Ivoire. (Dr)
Patrice Beaumelle, entraîneur des Eléphants de Côte d'Ivoire. (Dr)

Patrice Beaumelle (entraîneur des Éléphants) : “Je ne suis pas figé sur un système”

Le 07/11/20 à 18:13
modifié 07/11/20 à 18:13
Le sélectionneur de la Côte d’Ivoire est impatient d’en découdre avec Madagascar le 12 novembre au stade d’Ebimpé.
Quels ont été vos critères de choix ?

Je supervise près de 150 joueurs avec tout le staff, la Dtn et les coachs des autres sélections. On a pu faire un éventail et on connaît tous les joueurs qu’on suit. La conjoncture actuelle ne permet pas d’aller au Qatar au Koweit, en Chine et dans d’autres pays mais nous avons tous les moyens à la Fif pour suivre les joueurs au quotidien. Aujourd’hui, j’ai choisi 26 joueurs parce qu’on ne peut pas les prendre tous. Des joueurs ont eu des pauses au niveau de leur championnat et ce n’est pas évident de reprendre du rythme. Ceux qui ne sont pas là, je continue de les suivre.

Comment avez-vous convaincu Sébastien Haller, et que pouvez-vous dire par rapport à l’absence de Juma Saeed dans votre groupe ?

Sébastien Haller a été l’un des deux premiers joueurs que je suis allé voir quand j’ai pris fonction. En mars, il n’était pas encore décidé sur le choix de sa nationalité sportive. Durant tous ces mois, nous avons échangé. Je lui ai dit que le choix de la nationalité sportive doit venir du cœur comme je l’ai répété à tous les binationaux que j’ai rencontrés. Quand on force un joueur à jouer pour l’équipe nationale, on n’en tire jamais rien. Ça doit venir du cœur. Sébastien Haller est revenu vers moi en septembre. Et nous avons finalisé le dossier grâce à l’appui du manager général. Je suis donc très heureux d’accueillir dans le groupe Willy Boly et Sébastien Haller qui vont apporter du sang neuf par leur envie de venir. Concernant Juma Saeed, je ne suis pas déçu de lui mais il fallait faire des choix. J’ai attendu quelques jours après le match du Japon pour l’appeler parce que le premier déçu d’être sorti c’est lui. C’est quelqu’un que j’apprécie et je le suis. Il a raté son match mais cela arrive à tout joueur. J’espère le revoir très prochainement. Il n’y a pas assez de temps pour travailler plus profondément. Il n’est pas définitivement sorti de l’équipe. Il a raté son match mais j’ai vu des choses intéressantes à l’entraînement.

Avez-vous une pression particulière pour ce match face à Madagascar?

Je suis heureux de pouvoir jouer notre premier match en Côte d’Ivoire et à Ebimpé depuis la dernière rencontre contre le Niger dans le mois d’octobre 2019. Les joueurs également sont heureux. La pression, nous en avons besoin dans notre métier, que ce soient les joueurs, le staff et les entraîneurs. Nous sommes habitués. Personnellement, je suis impatient de jouer cette rencontre.

Que savez-vous de cette équipe malgache ?

C’est une équipe que l’on suit depuis quelques années. Le coach en place et le groupe sont ensemble depuis quelques années et ont fait une très belle Can 2019. C’est un groupe de copains qui a un état d’esprit avant tout. C’est aussi une équipe qui a de la qualité, qui est solidaire et qui s’étoffe semaine après semaine avec des binationaux. C’est un groupe solide et en pleine confiance qu’il va falloir respecter et qu’il faut aborder dans de meilleures conditions. On doit profiter de ce premier match à Abidjan pour imposer notre style. Sur le papier, nous avons une équipe magnifique; il va falloir le traduire sur le terrain.

Après vos deux premiers matches, on a constaté l’absence d’un meneur de jeu et d’un avant-centre axial dans votre groupe. Comment l’expliquez-vous ?

Le plus important pour moi, c’était de créer un état d’esprit. En trois jours, on ne peut pas tout voir. On a vu un état d’esprit naître et je suis satisfait. Il y a du travail partout et non seulement sur la question de meneur de jeu, mais dans tous les domaines. Une équipe de football est toujours en mouvement. J’espère pouvoir travailler dans de meilleures conditions avec ce groupe étoffé.

Comment définissez-vous votre méthode de travail ?

Donner la confiance aux joueurs, donner à cette équipe une direction, un cadre. Leur enlever le poids de la pression pour qu’ils puissent se lâcher. L’équipe a fière allure mais il faut le montrer sur le terrain. On a une équipe capable de jouer contre n’importe qui sur le papier; mais il faut le prouver sur le terrain.

A voir votre système de jeu, on a l’impression que vous voulez reproduire ce qu’a fait Hervé Renard en 2015. Pensez-vous avoir le groupe et le langage pour ?

Le système de jeu de 2014-2015 a été évolutif. On est parti d’un 4-4-3 et on a, durant cette Can 2015, changé et ça a été un système gagnant. Mais ce n’est pas un système figé. Vous journalistes, vous regardez le système de jeu. Moi, je regarde l’animation. C’est l’animation qui est importante et non le système de jeu. En cours de match contre le Japon, nous avons changé l’animation, vers la 30e minute. Parfois, il faut s’adapter à l’adversaire et d’autres fois, l’adversaire doit s’adapter à nous. Je ne suis pas figé. Je ne veux pas faire du Hervé Renard malgré tout le respect que j’ai pour lui. Nous avons travaillé plus de 10 ans ensemble et ce n’est pas rien. Mais je veux faire du Patrice Beaumelle, c’est ce que je peux mieux faire. S’inspirer de ce qui est bon est prenable. Je m’inspire de beaucoup de personnes. Je ne peux que m’inspirer de mon ressenti.

Avez-vous les mêmes inquiétudes que votre collègue de Madagascar concernant la présence effective des joueurs convoqués à cause de la Covid et sur l’aspect sécuritaire ?

Dans ma pré-liste, j’avais présélectionné une soixantaine de joueurs parce qu’avec cette pandémie, on ne sait jamais ce qui peut se passer. J’ai demandé à la fédération de pouvoir appeler 25 ou 26 joueurs, ce qui a été fait. Je me dois de préparer ces deux matches comme s’il n’y avait pas de pandémie, comme si c’était une situation normale. Concernant les inquiétudes des Malgaches, c’est tout à fait normal, j’ai les mêmes interrogations de savoir comment nous allons être accueillis à Madagascar en sachant que les aéroports sont fermés. C’est très difficile de voyager dans le monde entier et non seulement à Madagascar. Sur nos derniers matches, certains joueurs n’ont pas pu venir. C’est le cas de Jean Evrard Kouassi de Chine. Ma responsabilité, c’est d’avoir un groupe prêt. J’espère que tous mes joueurs pourront voyager et en bonne santé. Sur le plan sécuritaire, je me sens en sécurité à Abidjan et je ne comprends pas pourquoi on ne jouerais pas à Abidjan. Je souhaite qu’on joue ces matches pour avancer.


Le 07/11/20 à 18:13
modifié 07/11/20 à 18:13