Éléphants : La question du meneur de jeu fait débat

L’équipe de Côte d’Ivoire est toujours à la recherche d’un grand meneur de jeu. (Dr)
L’équipe de Côte d’Ivoire est toujours à la recherche d’un grand meneur de jeu. (Dr)
L’équipe de Côte d’Ivoire est toujours à la recherche d’un grand meneur de jeu. (Dr)

Éléphants : La question du meneur de jeu fait débat

Le 24/10/20 à 10:56
modifié 24/10/20 à 10:56
Les dernières prestations des Pachydermes ivoiriens continuent de susciter des commentaires dans le milieu sportif ivoirien.
Les deux matches amicaux livrés par les Éléphants contre la Belgique (1-1) et le Japon (0-1), lors de la période internationale, ont remis au goût du jour l’épineuse question du meneur de jeu dans la sélection nationale. Une difficulté qui n’est pas nouvelle et le groupe conduit par Patrice Beaumelle n’y échappe. Ces deux rencontres amicales, comme lors de la Can 2019, ont mis en lumière des lacunes telles que l’absence de liant entre le milieu de terrain et l’attaque qui, pourtant, regorge de joueurs de talent.

Un avis partagé par Rigo Gervais, l’ancien entraîneur du Séwé Sports de San Pedro, qui estime que depuis le départ de Yaya Touré, la Côte d’Ivoire est toujours à la recherche de ce joueur capable d’être une véritable courroie entre le milieu de terrain et l’attaque. Le technicien ivoirien a d’ailleurs fait des propositions de joueurs que l’entraîneur des Éléphants gagnerait à lancer dans le grand bain.

« Dans l’équipe Espoir, c’est Hamed Traoré qui jouait ce rôle. On avait à l’Africa un maître à jouer du nom de Guiagon Parfait qui est un bon 10 aussi. Même s’ils sont jeunes comme Camavinga et Mbappé, il faut les lancer dès maintenant parce que ces joueurs sont rares. Aujourd’hui Kessié, Maiga ou Serey Dié se débattent au milieu. Ils jouent un rôle herculéen. En étant parfois que deux dans ce rôle, ils abattent un travail de trois personnes. A chaque fois, ils sont obligés de se surpasser et quand le match s’achève, ce sont eux qui prennent les pots cassés et qui sont le plus l’objet de critiques », a-t-il déclaré.

Moh Emmanuel, l’ancien milieu de terrain des Éléphants et de l’Africa, lui, est catégorique. « Il ne peut pas exister de grande équipe sans un bon meneur de jeu. Ce n’est pas possible parce qu’un meneur de jeu, c’est quelqu’un qui a une vision panoramique du jeu et qui impulse tout mouvement dans l’équipe », affirme l’ancienne gloire du football ivoirien. Il reconnaît toutefois que contrairement à une certaine époque, cette race de joueurs se fait rare. « A notre époque, c’était le football spectacle et il y avait des meneurs à foison ».

Il est cependant moins exigeant et souhaite qu’on ne blâme pas cette jeune génération, mais qu’on encourage plutôt les dirigeants ivoiriens à toujours poursuivre la prospection pour dénicher des joueurs capables de résoudre le problème dans l’entrejeu ivoirien. « C’est dommage qu’on ait laissé filer Serge Gnabry, le milieu de terrain du Bayern qui, à mon avis, aurait pu beaucoup apporter à l’équipe dans ce secteur », a-t-il ajouté.Diabaté Bassiriki, l’entraîneur du Racing club d’Abidjan, le champion de Côte d’Ivoire en titre, ne partage pas totalement l’avis de certains sportifs ivoiriens.

Pour lui, le débat du meneur de jeu n’est pas la question fondamentale chez les Éléphants de Côte d’Ivoire, le problème se trouve ailleurs. « Tout dépend du projet de jeu que l’entraîneur met en place ou de ce que la Fédération décide. C’est en fonction du style de jeu qu’on choisit les joueurs qu’il faut. Pour le style produit régulièrement par la Côte d’Ivoire, on n’a pas forcément besoin d’un meneur de jeu ou d’un n°10. Le plus gros souci de la sélection, c’est un problème de concentration. Quand on prend le dernier match contre le Japon, nous avons perdu par manque de concentration. Un match de football dure 90 mn, il faut rester concentré jusqu’à la fin », a indiqué le technicien ivoirien.

Il est ensuite revenu sur le style de jeu de l’équipe et les choix qui sont opérés aux différents postes. « Est-ce que le style des attaquants que nous avons correspond au style de jeu ? Voilà le véritable nœud du problème. On peut avoir des attaquants de surface et ne pas avoir des joueurs qui effectuent des centres. Quand on a des attaquants de surface, il faut que le ballon arrive dans la surface de réparation. Quand on a des attaquants qui jouent en pivot, il faut un autre style. Ce qui compte, c’est de voir quel style de jeu on veut produire et quel style d’attaquants va avec. Aujourd’hui, ce que nous constatons, c’est que notre jeu est tourné vers des raids solitaires de Nicolas Pépé ou des déboulés de Gervinho. Il y a plusieurs sélections aujourd’hui qui évoluent avec trois milieux défensifs. Mais elles arrivent à tenir le ballon, à se créer de occasions et à s’imposer. La question fondamentale donc est de savoir si les attaquants que nous avons correspondent au style de jeu. Si on répond à cette question, on verra alors après le problème du numéro 10 », a-t-il expliqué.

Enfin, l’ancien sélectionneur des Éléphants de Côte d’Ivoire, Lama Bamba, lui, estime que face à la difficulté de trouver cette espèce rare de joueurs de nos jours, il faut privilégier le collectif. « A l’époque, on avait de grands joueurs et de grands meneurs de jeu. Mais est-ce qu’aujourd’hui, on peut encore en trouver dans la jeune génération? Après Yaya, il n’y a plus eu de joueurs de ce style. C’est une race qui se fait rare. C’est pratiquement par décennie qu’on arrive à avoir ce genre de joueurs. Il ne faut donc pas trop blâmer l’équipe pour ça. On peut ne pas avoir un très bon meneur de jeu, mais avoir un très bon collectif où tout le monde se complète sur le terrain. Á l’époque, on avait une complémentarité entre tous les joueurs. Il n’y avait pas de meneur véritable, mais un très bon collectif. Si tu as la chance d’avoir un joueur comme Yaya Touré, tu es un entraîneur heureux, mais quand tu n’en as pas, il faut baser le travail sur le collectif ».


Le 24/10/20 à 10:56
modifié 24/10/20 à 10:56