Présidentielle 2020/Lutte contre les discours de haine: De la responsabilité des journalistes au centre d’un atelier

Les participants ont posé pour la photo de famille après l'atelier sur les discours de la haine. (DR)
Les participants ont posé pour la photo de famille après l'atelier sur les discours de la haine. (DR)
Les participants ont posé pour la photo de famille après l'atelier sur les discours de la haine. (DR)

Présidentielle 2020/Lutte contre les discours de haine: De la responsabilité des journalistes au centre d’un atelier

Le 07/10/20 à 22:47
modifié 07/10/20 à 22:47
Une journée, celle du 6 octobre, a permis à des patrons de média de s’instruire sur leurs responsabilités devant les discours haineux et violents en période électorale.
Au cours d’un atelier de formation organisé à l’hôtel Pullman, au Plateau, par l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci), en collaboration avec la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), une cinquantaine de journalistes et patrons de presse ont pu s’interroger sur la conduite à tenir, en tant que relayeurs de l’information devant les discours de haine et de violence proférés par les politiques en période électorale.

C’est à propos, puisque dans quelques jours, l’élection présidentielle aura lieu. « La présidentielle 2020 est un rendez-vous crucial pour notre pays... et les journalistes ont leur rôle à jouer pour éviter à notre pays une autre guerre », explique en substance le président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci), Jean-Claude Coulibaly.

Pareil constat que fait le représentant résident de KAS, Florian Karner, qui s’est préoccupé des “signaux inquiétants”, à l’approche de l’élection présidentielle. Il se souvient surtout des accusations dont les médias ont fait l’objet pendant la grave crise post-électorale en 2011. En effet, les médias ont été taxés de relayeurs de discours violents, et par conséquent responsables de la déflagration sociale. « Votre responsabilité citoyenne et républicaine est plus que grande », a-t-il dit aux journalistes avant de les inviter à pratiquer un journalisme de construction et de consolidation de l’État de droit.

Le choix du thème de cette session traduit bien cet objectif : "La lutte contre les discours de haine et la violence en période électorale”. Une initiative fort bien appréciée par la tutelle, à en croire le directeur de cabinet, Martial Adou, qui a représenté le ministre de la Communication et des Médias, Sidi Touré, à l’ouverture de cette session.

Saluant donc l’initiative de l’Unjci, Martial Adou a jugé judicieux le choix de ce thème qui, dans le contexte actuel de la Côte d’Ivoire, est important pour les journalistes qui doivent être des acteurs de paix. C’est pourquoi, il a invité les participants à refuser « d’être des courroies de transmission de la haine et de la fracture sociale, mais plutôt des acteurs de renforcement de la cohésion sociale ».

Le président de l’Unjci a saisi la balle au bond pour appeler les patrons de presse à être des pédagogues, en invitant leurs collaborateurs à éviter d’être des « bombes » en cette période sensible.

Trois communications ont alimenté cette session. « Liberté de la presse et discours de haine : standards internationaux et manifestations en Côte d’Ivoire » est le premier thème développé par Zio Moussa, président du comité de direction de l’Observatoire de la liberté de la presse. Puis, ont suivi les frères Youant, David et Yves, qui ont entretenu les participants sur « La lutte contre les discours de haine et les fausses informations sur les réseaux sociaux ». Ils ont invité les participants à éviter la manipulation des écrits, des vidéos, des images et même des éléments audio pour ne pas tomber dans les fake news. Il ont exhorté les journalistes à vérifier les faits (fact-checking), les informations avant de les diffuser.

Un ancien commissaire de la Cei, l’abbé Martial Boni, a, quant à lui, mis l’accent sur « les techniques de communication non violente pour des élections apaisées ». Il a conseillé d’éviter les discours identitaires. Observer sans parti pris, ne retenir que les faits, avoir la capacité d’analyser ses besoins, initier des actions à valeur démocratique, opter pour la tolérance politique (accepter de respecter les droits fondamentaux et les libertés, par exemple), sont autant de conseils qu’il a prodigués aux hommes des médias.

En définitive, les journalistes étant des citoyens vivant dans une société qui a ses règles, ses joies et peines, n’ont pas intérêt à ce que cette société s’embrase. C’est pourquoi, la Fondation Konrad Adenauer a fait du renforcement des capacités des journalistes son cheval de bataille, comme l’a bien rappelé, à la cérémonie de clôture, Théodore Golli, chargé de programme à cette fondation.


Le 07/10/20 à 22:47
modifié 07/10/20 à 22:47