Grand prix Ivoir’humour 2020/Ramatoulaye : « La considération pour les humoristes grandit sur le continent »

Ramatoulaye est allé présenter ses 2 trophées à la ministre de la Culture et de la Francophonie. (DR)
Ramatoulaye est allé présenter ses 2 trophées à la ministre de la Culture et de la Francophonie. (DR)
Ramatoulaye est allé présenter ses 2 trophées à la ministre de la Culture et de la Francophonie. (DR)

Grand prix Ivoir’humour 2020/Ramatoulaye : « La considération pour les humoristes grandit sur le continent »

Le 17/09/20 à 00:30
modifié 17/09/20 à 00:30
Que t’inspire ta récente consécration de meilleur humoriste de l’année 2020 ?
C’est la toute première fois que j’obtiens deux prix lors d’une seule et même soirée. Pour moi, cette performance, c’est quelque chose d’exceptionnel. De plus, ce prix est accompagné d’un véhicule neuf de grande valeur. C’est aussi un évènement inédit en Afrique. Je pense que cela traduit une considération grandissante pour les humoristes sur le continent et cela me touche énormément. Je me rappelle, par ailleurs, avoir produit deux spectacles le même jour et dans une même salle au cours de l’année 2019. Ça aussi, c’était une grande première. Je pense que ce sont ces détails, parmi tant d’autres, qui ont milité en faveur de ma consécration comme meilleur humoriste de l’année. J’en suis vraiment ému.
C’est une belle consécration pour quelqu’un qui, il y a peu, était resté bloqué à Paris à cause du Covid-19. Vous aviez même émis des SOS à l’endroit des autorités ivoiriennes.
En effet, d’ailleurs à mon retour, de nombreuses personnes ont redouté que ce sombre scénario ne ternisse mon image. Je leur ai répondu par la négative, puisque le seul but de ma démarche, c’était de rentrer chez moi. Je dois avouer que cela a fait l’objet de moqueries et de railleries de la part de nombreuses personnes. Mais cela n’a en rien impacté mon mental. Je me suis mis au travail. J’avais à cœur de démontrer à l’opinion que je suis un battant. Et je pense que ce prix vient laver cet affront, et de fort belle manière.
L’humour est plus que jamais dans une phase ascendante en Côte d’Ivoire visiblement...

Assurément. L’humour gagne du terrain même à l’échelle continentale. C’est une fierté de savoir que c’est la Côte d’Ivoire qui a amorcé cette ascension, et que c’est encore elle qui est la figure de proue de ce mouvement en Afrique. L’humour a atteint sa vitesse de croisière dans de nombreux pays sur le continent. C’est bien ici qu'il a été valorisé et a pris son envol véritablement sur le continent et nous en sommes véritablement fiers.
Quel doit être l’apport des autorités ivoiriennes pour la promotion de cet art ?
Ils doivent booster le mouvement, encourager les acteurs et créer les conditions de l’expression de cet art. Aujourd’hui, plus aucun rassemblement n’a lieu sans l’apport des humoristes. Les mariages, meetings et autres, aucun évènement ne se déroule aujourd’hui sans la musique, la danse et l’humour. Les artistes dans leur globalité méritent d’être soutenus.
Les humoristes semblent avoir réussi un pari, celui de l’union, la solidarité et l’entraide au sein de leur corporation.
Effectivement, nous sommes parvenus à former une grande famille, un bloc solidaire. Chez nous, il n’y a pas de jalousie. Cela fait notre force, à la différence de certains domaines artistiques fragilisés par la jalousie. Nous avons appris de ces erreurs, et avons mis la solidarité et l’union au cœur de nos rapports. Vous observerez que lorsque l’un des nôtres a un spectacle, c’est toute la famille qui se déplace et qui fait bloc autour de lui.
Lors d’une récente audience, la ministre de la Culture et de la Francophonie a souhaité que les humoristes exportent leur talent, et fassent briller la culture ivoirienne au-delà des frontières nationales.
C’est exact, et nous y travaillons. En ce qui me concerne, j’ai déjà reçu de nombreux prix dans des pays tels que le Niger, le Sénégal, la Tunisie ou encore le Burkina Faso pour ne citer que ces pays-là. Et tout comme moi, c’est toute la famille des humoristes qui travaille à faire briller le pays à l’extérieur. Nous ne relâcherons pas cet élan et ne reculerons devant rien pour poursuivre cette marche en avant.
Combien de prix Ramatoulaye a-t-il reçu à ce jour ?
J’ai obtenu une quinzaine de prix à travers l’Afrique. Mais aucun en Europe. J’espère que cela arrivera assez vite. (Rires)
Quels sont les projets artistiques de Ramatoulaye ?

J’envisage de créer une école de formation à l’humour. Une académie qui va aider les humoristes à se perfectionner. Je caresse aussi le secret espoir d’offrir une école chez mon père à Soubré, et un centre de santé dans le village de ma mère à Toumodi.

Le 17/09/20 à 00:30
modifié 17/09/20 à 00:30